Léo Ferré « La poésie »
(…)J’ai tant d’azur dans l’âme
Qu’on n’y voit que du bleu
Quand le rouge m’enflamme
C’est moi qui suis le feu
J’ai la blancheur du cygne
À blanchir tout Saint-Cyr
Et sur un de mes signes
On meurt pour le plaisir
Si ça n’ va pas
Tu peux toujours aller la voir
Tu demanderas
La Poésie
On t’ouvrira
Léo Ferré (24 août 1916 — 14 juillet 1993)
Paroles et Musique Léo Ferré. Extrait de l’album « 1916- 19… », 1966
Dans cet album Léo Ferré imagine sa propre mort, ou à tout le moins l’empreinte qu’il laissera sur cette terre, par ce titre étonnant.
On y trouve d’ailleurs, à côté du triste constat de C’est la vie, « Les armes qui sont défendues / Les uniformes de la rue / Les urnes de la connerie / Les plébiscites qui nous plient », la bouleversante La mort, « En mettant du noir sur les yeux / Et du sang frais sur les cailloux / Elle meurt sa mort, la Mort » où pourtant se développe la vie « Avec les rires et les cris / Qui croissent sur toutes ses fosses / On vit sa vie, on vit », mais aussi L’âge d’or « Nous aurons l’amour / Dedans tous nos problèmes / Et tous les discours / Finiront par je t’aime / Vienne vienne alors / Vienne l’âge d’or » et la très pessimiste La grève, soulignant l’impuissance de celui qui n’est rien, à qui on enjoint de toujours travailler. Jusqu’à la prise de conscience « Alors des fois, même en rêve / Tu pourras peut-être faire la grève… »
Le musicien, poète et interprète qui a tant marqué son siècle, par ailleurs révolté, libertaire, cynique, anarchiste, misanthrope et misogyne, mais pourtant doté d’une grande énergie de vie, se moquait bien sans doute des fêtes nationales, et comme Tachan des drapeaux, et même du drapeau noir des Anarchistes qui est encore un drapeau, ou comme Brassens de « la Musique qui marche au pas », et de tous les hymnes. Sa Marseillaise est une fille gironde qui donne un peu de vie à ceux qui vont la donner pour la guerre. Les va-t-en-guerre aux sourcils froncés et aux mâchoires serrées projetées à la face du monde l’auraient fait rire ou pleurer, pourtant le sort a fait qu’il meure un 14 juillet… rejoint en ce jour par un autre personnage mêlant liberté et provocation, Thierry Ardisson.


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