Nino Ferrer « Vivent les moules »

Les cris des oiseaux pétrifiés
A base de cristaux liquides
Sur une dalle de béton vibré
Me font perdre l’équilibre
Et j’avance comme un somnambule
Parmi les vertes tentacules
Et les crissements des tarentules
Qui pullulent entre mes doigts de pied
Cette planète inhospitalière
Avec son futur délabré
Et ma fusée qui s’est détruite
Et je ne peux pas rentrer à pied

Nino Ferrer  (15 août 1934 – 13 août 1998)

Paroles et Musique Nino Ferrer. Extrait de l’album « Rock n’ Roll Cow-Boy » (1983)

Il s’agit d’un album provoc plutôt mal accueilli par les médias et le public (qu’il y critiquait vivement dans la chanson titre, satire de la musique commerciale « Ils sont assis comme des veaux parmi les papiers gras / Ils sont remplis de merguez, de frites et de coca / Ils écoutent la musique comme on regarde passer les trains »).
La couverture est de Franck Margerin.

Cette chanson qui commence par un chanté parlé sur fond bruitiste hésite entre la fantaisie qui fit le succès des débuts de Nino, et la satire provocatrice de la société, avec des sons électro imitant le gloussement des poules (Vivent les moules / Vivent les poules). Hymne à la solitude et à la différence, déjà désabusé, Nino Ferrer y fait un pied-de-nez à la société, que l’on trouvera génial ou insignifiant selon l’humeur… Loin de tous, en colère contre le monde, Nino nous l’affirme « je voudrais être une moule / Bien incrustée sur son rocher ». Et Ulysse, à cet égard est prémonitoire :  « Alors il regarda son visage dans les yeux / Et vit qu’il était vieux, et tout seul, et tout nu / Et se mit à rêver à tous ces jours perdus (…) Tout est dérisoire  ». Seule Diane de Montrouge trouve grâce à ses yeux, par son allure comme par ses préoccupations « Elle étudie la faune de la planète Terre / Elle explore sa flore et découvre la vie / Et j’ai le cœur qui fond comme du beurre au soleil ». Vive l’amour !