Barjac 2025. Bruno Ruiz, l’indicible bonheur d’être là
Sauvé dans Anne-Marie Panigada, En scène, Festivals
Tags: Barjac 2025, Bruno Ruiz, Nouvelles
Bruno Ruiz à Barjac (photos Anne-Marie Panigada)
31 juillet 2025, salle Trintignant, Barjac m’en chante,
L’écrin qu’est cette salle Trintignant n’est pas bien vaste mais se prête idéalement, plus que tout autre lieu de ce festival, à ce genre de récital précieux, intimiste, apaisé. Devant nous, Bruno Ruiz, « poète qui chante ce qu’il écrit », et son pianiste non voyant Alain Breheret, pour une heure de son Poète de variété. Un spectacle baigné de noir, un seul et modeste projecteur sur l’artiste lui même vêtu de sombre, qui contraste avec un contenu lumineux, émouvant et drôle, où se suivent des poèmes qui parfois frisent le sketches, des courts, des pas bien grands et des plus amples, des qui presque font vocalises, avec cette voix à l’accent du sud qui est ici comme le réceptacle de toute la gamme des sentiments.

C’est fait de clins d’œil, de malices, de pépites de pure poésie, de fulgurances aussi. « Me voici près de vous / Je me suis tant cherché / Tant montré trop masqué / Chanté même un peu faux / Pleuré / Je vous aurai aimés / Sûrement un peu mal / Le passé / Ressassé… » Nous entrons comme rarement dans l’intimité d’un homme, un artiste, qu’il se mette lui-même en vers ou fasse naître à notre attention toute ouïe des personnages, souvenirs en culotte courte et situations parfois insolites.
Bruno Ruiz est tant un chanteur qu’un conteur. Un complice, ou c’est nous qui le sommes, lui et nous parfait équipage pour singulière traversée de mots et d’émois. Sauf à avoir déjà vu ce spectacle, dans la ville rose sans doute, ce ne sont que surprises à la pelle : car c’est tout sauf un récital comme on peut attendre d’un chanteur. Simplement une heure passée en compagnie du Toulousain où il se laisse aller à des digressions, des fantaisies, des séquences plus personnelles aussi, amoureuses : « Tu es / Celle / Qui mêle / Son sel / A l’airain / De ma vie / Cette ombre / Belle / Qui erre / Aux margelles / Des puits… »
Hier, tout à l’heure, ce soir encore, nous allons vibrer à d’autres sources de la chansons, toutes réjouissantes, fraîches, toujours régénérées. Mais là, dans la calme d’une salle d’où ne s’expriment que rires et sincères applaudissements, nous sommes comme étrangement privilégiés, en face d’un de ces magiciens du verbe, un modeste géant, et nous buvons l’indicible bonheur d’être là.
Le site de Bruno Ruiz, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a dit de lui, c’est là.



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