Jamait : préceptes, principes et Maxime(s)
Yves Jamait (photo Franck Loriou)
Au chapitre des regrets, il y a bien sûr ces artistes que Jamait a déjà repris en des spectacles complets (et on ne peut plus enthousias- mants), Henri Tachan et Jean Guidoni, mais n’ont pas eut le bonheur d’être précédés ou suivis d’un album… A celui du bonheur, voici Maxime (et moi), à Le Forestier dédié, ce référent dont, depuis plus d’un demi-siècle, la sève nourrit la chanson : il faudrait être fou pour s’en dispenser.
Ici, la seule et toute relative difficulté est de se déshabituer de la douce voix de Maxime Le Forestier, objectivement une des plus belles de la chanson, pour cette autre, plus rugueuse mais pas moins chaleureuse, d’Yves Jamait.
Si, à la manière d’une marionnette, Jamait était sous la coupe du biznesse, si ce dernier en avait établi la track-list, ce disque ne serait qu’un empilement de tubes, le meilleur de, le tout venant, le tout chantant : un disque d’évidence. Tellement qu’il en serait inutile. Ce ne serait que partiellement Le Forestier, un peu l’arbre qui cache la forêt. Le Maxime de Jamait est tout autre, bien plus proche de celui que nous estimons. Bien sûr on y trouve Mon frère, qui plus est en tête de liste pour la promo : c’est la chanson-étalon de Le Forestier, celle par qui tout a débuté. Mais il y a plus et mieux. Trois titres du premier album (Mon frère, Comme un arbre, Je ne sais rien faire), deux du quatrième (Mentir, Nous serons vieux), deux du cinquième (Antipodes, Les Feuilles), un du sixième (Le Silence), deux du septième (L’Homme à tête de loup, La Petite vieille de Saint-Pétersbourg), deux du suivant (La Salle des pas perdus, Les Jours meilleurs) et un tiré du onzième (Raymonde), voilà pour le contenu de cet album. Bien sûr chacun, moi le premier, regrettera l’absence de tel ou tel titre qui, dans la voix de Jamait, aurait si bien résonné : des Là où, La Ballade des marguerites, Caricature, La Poupée, Le Fil, Ma ville est morte, Frisson d’avril, Bille de verre et j’en passe. Peux-être – nous le verrons bientôt – que le récital de Jamait, Maxime et moi, contiendra plus de titres encore, que tout se jouera aux rappels.
Toujours est-il que le choix d’Yves Jamait est judicieux : il travaille sa mémoire et la nôtre et, le cas échéant, rattrape de fâcheux oublis, de ces albums oubliés de l’époque où Le Forestier était tombé comme en disgrâce, où le public d’alors n’a pas suivi, délaissant, dédaignant des merveilles, comme le Dans ces histoires de 1981 ou le Les Jours meilleurs de 1983 : le public des débuts de Maxime Le Forestier n’avait pas apprécié son changement de cap, son abandon de chansons soixante-huitardes au profit de textes et de musiques sans doute plus subtils, plus audacieux, plus électroniques pour l’album de 1983 aussi, mais pas moins intéressants. Ainsi, L’Homme à tête de loup est une des chansons majeures de Le Forestier mais qui l’a connaît ? Je crois qu’on ne peut apprécier un artiste si on ne le connaît que partiellement, si on n’a pas tous ses disques. Se limiter à San Francisco, La Rouille et L’Éducation sentimentale ce n’est pas connaître Le Forestier. Et les compiles de ce dernier excluent trop de chansons certes moins connues mais tout aussi importantes sinon plus. En cela, ce Maxime (et moi) de Jamait est d’une exemplaire utilité. Qui plus est avec de tels compagnons de musique : Jérôme Broyer et Michel Haumont aux guitares, Samuel Garcia au bandonéon et Aymeric Descharrières au sax soprano. Mais ne vous dispense pas pour autant d’acquérir l’intégrale de Le Forestier.
Yves Jamait, Maxime (et moi), Verycords 2025. Le site de Jamait, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

Nous reviendrons sur la première biographie consacrée à Yves Jamait, livre signé Alain Poulanges. Que vous ne trouverez pas en librairies : elle est autoproduite, cause à ce que ce genre d’artistes n’intéresse que peu, voire pas du tout, des éditeurs qui à présent ne prennent plus aucun risque : qu’importe, qu’ils éditent des albums à colorier pour les fans d’Aya Nakamura ! Vous la trouverez par contre sur Amazon ou lors des concerts d’Yves Jamait. Juré, on vous en reparle prochainement.





Commentaires récents