Le Qu’Art de Siècle de L’Esprit Frappeur, couteau suisse de la chanson
Le visuel de l’événement
Rien que pour cette salle, on aurait envie d’adapter la fameuse chanson créée jadis par Berthe Sylva, en en ajoutant cinq, histoire de faire le compte juste : « On n’a pas tous les jours vingt-cinq ans / Ça n’arrive qu’une fois seul’ment ». Car un quart de siècle, ça s’arrose, ça se célèbre, c’est un sacré jalon du temps, où on se remémore les années passées, en espérant et imaginant les vingt-cinq suivants.
C’est tellement pas commun qu’on n’a pas vraiment compté les années. Ça fait un quart de siècle que le sous-sol de la Villa Mégroz, à Lutry, sur la rive nord du lac Léman, abrite L’Esprit Frappeur, folle idée de l’acteur-chanteur Alain Nitchaeff, idée qui tient en une résolution : « promouvoir la chanson francophone de qualité ». Ce, on s’en doute, contre vents et marées, dans une Suisse romande qui elle aussi bataille pour faire vivre cet art, plus même, pour que cette chanson plus poétique, moins artificielle, que celle qui squatte les ondes des grandes radios, se fasse un chemin et touche le cœur des gens.
Alain Nitchaeff (photo Lauren Pasche)
Catherine Petit (photo non créditée)
Valérie Mischler (photo Philippe Daurios)
Si L’Esprit Frappeur, dont l’entrée s’orne d’un portrait géant d’Allain Leprest, a désormais un palmarès édifiant (peu de salles peuvent se flatter d’un tel générique : Graeme Allwright, Gilbert Laffaille, Anne Sylvestre, Michel Bühler, Romain Didier, Angélique Ionatos, etc.), n’allez pas croire que le combat fut simple chaque jour. Il fut au contraire de tous les instants pour Alain Nitchaeff et son équipe de bénévoles – une addition, je vous jure, de talents, des vidéastes aux cuisiniers -. En vieux renard, Nitchaeff sut imaginer les stratégies nécessaires, accueillant même depuis quelques années d’autres types de spectacles, humoristiques pour la plupart, pour attirer un nouveau public et équilibrer les comptes.
Il y eut aussi ces créations, grandes et belles nées dans cet épicentre pourtant petit, d’aspect confidentiel. La dernière en date, nos lecteurs s’en souviennent, fut cet hommage au belge Julos Beaucarne par Pascal Rinaldi, Alain Nitchaeff et Vincent Zanetti. Un spectacle qui tourne désormais, certes pas assez.
Diffusion, créations, formations, audio-visuel, chaîne youtube (déjà mille abonnés pour 230 vidéos d’une qualité remarquable), L’Esprit Frappeur est comme un couteau suisse (forcément) au service de la chanson. Qui ne pourrait s’intéresser qu’à la chanson « régionale » mais qui, en réalité, est d’une vocation francophone affirmée, résolue. Nitchaeff est d’ailleurs natif de Bruxelles, ce qui explique sans doute cela.
Voici donc l’anniversaire. Paradoxalement, ce n’est pas dans cette salle mythique qu’il sera célébré, mais dans un lieu plus vaste, la salle du Grand-Pont, alors transformée en Esprit Frappeur bis, le style et l’ambiance du lieu d’origine, mais revisités par un monsieur plus : plus de volume, jauge plus grande et bien plus d’artistes il va de soi. Tout comme à la Villa Mégroz, il sera possible de se restaurer grâce à quelques petits « en-quarts », mais également un plat du soir, le tout concocté par Xavier Noverraz, une figure marquante de la restauration de la région de Lutry et environ.
Laurent Viel (photoFranck Boucourt)
Enzo Enzo (photo Matthieu Camille Co)
Pascal Rinaldi (photo Denis Albert)
Cette célébration est multiple mais tient d’abord et avant tout en un spectacle, Qu’art de siècle, « une traversée poétique et festive de la mémoire collective d’un lieu devenu incontournable ainsi qu’une déclaration d’amour à la chanson vivante », création exclusive au générique épatant. Qu’on en juge : Sylvie Bourban, Maria de la Paz, Enzo Enzo, Valérie Mischler, Pascal Rinaldi, Laurent Viel, Alexandre Cellier, Romain Didier, Marine Le Mouël, Catherine Petit, Germain Umdenstock et Vincent Zanetti. Avec Alain Nitchaeff en Père Fondateur, Margarita Sanchez en Esprit Frappeur, Pierre-Alain Gschwend en Président et Laurence Bisang en Radionaute. Cette création sera présentée à la Salle du Grand-Pont de Lutry du 16 au 19 octobre 2025. Après le spectacle, le public pourra se rendre jusqu’à minuit à L’Esprit Frappeur, afin de terminer la soirée dans des afters endiablées en compagnie des artistes du spectacle et, pourquoi pas, se produire sur la scène ouverte du café-théâtre.
Théâtre, chansons, exposition (expo photo de Didier Dériaz et d’Anne Colliard pour découvrir les vingt-cinq ans d’histoire de la salle), gastronomie, la mémoire du lieu et son présent seront célébrés. Par des documentaires aussi, nous permettant de retrouver des amis de chanson. Sur Julos Beaucarne (vendredi 17 à 17 h 30), Henri Tachan (samedi 18 à 14 h 30), Angélique Ionatos (samedi 18 à 16 h), Michel Bühler (samedi 18 à 18 h), Allain Leprest (dimanche 19 à 13 h) et Anne Sylvestre (dimanche 19 à 15 h).
Tous les renseignements sont ici, sur le site de l’Esprit Frappeur. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit du lieu, c’est là.


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