Ce Kiosque fermé pour cause d’enterrement
Les amateurs de chanson le connaissaient, au moins pour lire ses infos chansonnesques publiées sur son kiosque, le fameux Kiosque d’Hervé. Le rideau du kiosque est désormais baissé, la boutique vient de fermer, encore un rendez-vous en moins, une balise, un repère disparu pour la chanson : Hervé Boulais est décédé. La chanson à nouveau perd un de ses plus fidèles militants et, par lui, un peu de sa nécessaire visibilité. Il n’en était certes qu’un maillon, un petit maillon mais, dans le combat pour la survie de la chanson, chaque maillon compte. Et à ce titre, Boulais était indispensable, modestement gigantesque. Le slogan de son site était « Écoutez la bonne chanson française, ici ! » Je ne sais pas ce qu’est « la bonne chanson » mais visiblement nous avions quasi la même approche, une sensibilité frangine. Et le même impérieux auto-devoir de le faire savoir, sans repos ni répit. Sa dernière communication fut pour le nouveau CD de Gwen Soli et Monsieur G. Il n’en en aura pas d’autres et déjà ça nous manque. C’est une boussole en moins.
Allez, on ne résiste pas à relire cette définition du Kiosque d’Hervé : « Ode à la chanson discrète, à ceux qui l’honorent. Il existe un lieu sans enseigne, sans tapage, où la chanson se glisse comme une confidence. Un lieu de veille et de lumière : Le Kiosque d’Hervé. Ce site est un jardin de voix oubliées, un refuge pour les mots qui ne passent pas à la radio, mais qui passent dans les cœurs.
Hervé est un chercheur d’âmes sonores, un archéologue des beaux textes, un fouineur bienveillant, un passeur de beauté. Il explore les marges, les silences, les refrains que l’industrie ignore, et il nous les offre avec la délicatesse d’un collectionneur amoureux. Grâce à lui, des auteurs compositeurs interprètes quasi invisibles deviennent des présences, des révélations. Mais le kiosque ne s’arrête pas au virtuel. Avec Marylise, sa complice de vie et d’écoute, ils ouvrent leur maison à Challans, transformée en salon de musique, en scène intime où les artistes viennent chanter, devant un public choisi, attentif, ému. Ces récitals sont des instants suspendus, où la chanson reprend son souffle, où l’on entend ce qu’on n’entend nulle part ailleurs. Le Kiosque d’Hervé, c’est une œuvre de résistance douce, contre l’oubli, contre le bruit tapageur, contre l’uniformité, contre la médiocrité. C’est un hommage permanent à la diversité des voix, à la poésie des instants, à la fidélité des gestes simples. »
Depuis plus de seize ans que NosEnchanteurs existe, nous avons vu se réduire dangereusement la voilure médiatique de la chanson : c’est bien simple, elle est quasi plus rien. Des supports imprimés ont disparu (récemment ce fut, dans un ahurissant silence, la revue Je Chante ! depuis toujours concoctée par Raoul Bellaïche, lui-même en fâcheux ennuis de santé), ceux qui restent sont en équilibre si précaire tant que leur survie tient du constant équilibrisme (Hexagone, FrancoFans). Même les supports sur le net, pourtant moins coûteux en frais d’impression, ont disparus. Les médiateurs de la chanson s’usent à s’escrimer, vieillissent et meurent, sans relève. Je rage quand, chez mon marchand de journaux, je compte le nombre de revues quadrichromie, sur la pêche, la chasse, le golf, le… Et que dalle sur la chanson ! La chanson, du moins ce qu’il en reste ou ce que se fait passer pour telle en radios et télés, est tellement dévitalisée, banalisée, affadie, que ce n’est plus un sujet. C’est comme l’eau du robinet : existe-il des magazines sur l’eau, qu’elle soit froide, chaude ou tiède ?
Les supports médiatiques tombent les uns après les autres, les salles ferment, les festivals s’arrêtent ou parfois s’offrent tels les bourgeois de Calais à une chanson plus commerciale, les disques se raréfient (mais existent toujours !), les artistes se réfugient dans le salon des particuliers. Ils sont fous ceux qui y croient encore, ceux qui s’obstinent à chanter. Nous n’en sommes plus à appeler à un sursaut, juste à maintenir les acquis. Mais, tel Hervé Boulais et son Kiosque…

Merci de ce bel hommage à mon frangin ! Et que vive la chanson, celle défendue par Hervé… et d’autres !
Un bel hommage pour cet homme véritablement humain, passionnément engagé pour la chanson et les artistes, tous les artistes.
Très ému que la dernière communication d Hervé soit au sujet de notre CD….mais surtout très triste de voir partir un humain comme il nous en manque tant……Nous avons passé 3 jours chez Marylise et Hervé et nous nous sommes quittés comme si nous nous connaissions depuis 20 ans….
Merci pour ce très bel hommage.
Vive la chanson, ses silences, ses mots, ses convictions, ses émotions.
On n’oubliera pas Hervé et son amour pour la chanson.
MERCI Michel Kemper pour cet hommage chaleureux et tres justes a propos de l’ami Hervé Boulais et son Kiosque.
Hervé passeur de chansons et de poésies et qui savait ouvrir sa porte et par ricochets les portes des maisons de ses ami-e-s et complices pour ces merveilleuses soirées de spectacles à domicile ( a St Jean de Monts chez Claudine et Michel Sansier, ou a Sallertaine chez Jocelyne)
Des soirées de qualités sous le regard attentif et bienveillant de Marilyse, son épouse. Un public fidèle toujours présent et curieux de découvrir des artistes qui le plus souvent officient dans la marge.
Mais pour Hervé les annotations dans la marge ont toujours présenté plus
d’intérêt que ce que contenait la pleine page
Bon vent à toi Hervé de l’autre côté du monde.
Je te dis : je « T’aime » car te concernant, il n’est pas question pour moi , de mettre ce verbe à l’imparfait.
N.B.G
Merci Michel pour cet hommage. J’ai bien connu Hervé, il m’a vu plusieurs fois en concerts et il a toujours relayé mes sorties d’albums et de clip. Il aimé beaucoup celui de « Vasco l’enfant soldat ». Une personne très humaine et vrai que nous serons nombreux à regretter.
Merci Michel pour ces mots en hommage à ce cher Hervé et à son kiosque. Très triste … Et soyons fous d’y croire encore
Merci Michel pour ce bel hommage mérité et dont j’ai entendu parlé hier, lors de la cérémonie.
Il était un ami dans la vie comme en chanson et laisse un grand vide.
Il se battait avec une force incroyable pour organiser des concerts à domicile et entrainait avec lui d’autres amis à agrandir ce cercle de diffusion. Il était la joie, la passion, l’énergie transformant ces moments de partage et d’échange en un événement qui reste encré en nous pour toujours.