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Saint-Gély-du-Fesc 2025 : Bernard Joyet et la pianiste qu’il accompagne

 

Bernard Joyet (photos Sébastien Cholier)

Bernard Joyet (photos Sébastien Cholier)

9 novembre 2025, festival Rendez-Vous avec Brassens, Saint-Gély-du-Fesc,

 

Il y a des jours qui comptent plus que les autres : celui où l’on voyage seul(e) pour la première fois ; celui où l’on rencontre une personne qui va compter pour vous. Dans la vie de chroniqueur(se), c’est la même chose. Parfois on assiste à un spectacle d’un auteur-compositeur-interprète que l’on ne connaissait pas. On se rend compte de son immense talent et qu’on a vécu jusqu’ici sans le savoir. On se demande comment c’est possible, justement, de n’avoir pas croisé son chemin plus tôt. C’est ce qui m’est arrivé avec Bernard Joyet.

Lors de cette dernière soirée du festival, Bernard Joyet, accompagné au piano par Clélia Bressat-Blum, a présenté un récital qu’il est difficile de qualifier tant il a été intense, fourni, rempli (mes mots semblent imparfaits pour rendre compte de la totalité de ce que j’ai vu, entendu, ressenti). Bernard Joyet a, bien sûr, interprété une vingtaine de ses titres, mais a également parlé de sa vie, des nôtres, de la politique, des ados et de plein d’autres thèmes que je ne pensais jamais voir inclus dans une chanson telle l’absence de dents sur les peintures des musées (« De Veronèse à Jéricho, on n’expose pas les chicots »), « les inventions », l’horizon, les multinationales qui gouvernent tout, qui payent pour ceux qui cassent et qui ensuite payent pour réparer (« Je vends tout »). Le tour de chant est remarquablement bien construit : en parlant de lui, de nous, Bernard nous livre ses réflexions, puis embraye sur une chanson et poursuit ses digressions. Sont-ce les digressions qui agrémentent les chansons ? Sont-ce les chansons qui enrichissent les digressions ? BERNARD JOYET , St Gely du Fesc, 2025, crédit photo Sebastien CHOLIEREst-ce le spectacle d’un chanteur, le « seul en scène » d’un acteur de théâtre, la conférence d’un homme de lettres ou plutôt d’un homme de « mots » ? Il y a un peu de tout cela dans un tour de chant de Bernard Joyet. Un peu de tout cela mais bien plus encore. J’ai l’impression d’avoir devant moi un jeune homme qui bouge et occupe tout l’espace, qui chante et vit ses chansons intensément, qui ne « sera jamais vieux » (« On s’ra intrépides / Espiègles, perfides /Irrévérencieux (…) C’est pas quelques rides qui nous feront la peau »). Bernard Joyet n’a rien d’un « sachant » (« ceux qui ne connaissent rien du tout » mais qui « ont un avis sur tout »). On lui a donné des tas de conseils qu’il n’a pas suivis. On lui a dit qu’il y avait trop de mots, trop de notes dans ses chansons (n’est-ce pas un reproche que l’on adressait aussi à Mozart en son temps ?). Il a suivi son « chemin de petit bonhomme », il n’a pas quitté l’école mais « c’est l’école qui très tôt l’a quitté ». Il joue avec les mots avec une incroyable agilité. Et moi, je n’ai pas assez d’un spectacle pour le découvrir, il me faudra retourner l’écouter pour savourer toutes les subtilités de ses chansons, toutes les références glissées çà et là : Léo Ferré (« Rien s’en va »), Jacques Brel (« Tu ne me quitteras plus »)… En contrepoids de cette chanson sur deux personnes qui ne se sont finalement pas quittées, Joyet oppose « vingt ans » « d’amour au long cours » (« Voilà vingt ans que je frissonne / À l’idée qu’on va s’effleurer / Voilà vingt ans que je m’étonne /De tant d’esquives savourées »)

Ultime rappel du concert de Marie d'Epizon, un duo avec Bernard Joyet : un moment d'anthologie comme on s'en doute.

Ultime rappel du concert de Marie d’Epizon, un duo avec Bernard Joyet : un moment d’anthologie comme on s’en doute.

Je pourrais parler de ce récital des pages durant mais ne le ferai pas. Je resterai avec cette image d’un immense auteur-compositeur-interprète dont je vais m’empresser de parcourir le répertoire. En cette fin de festival, Bernard Joyet rend hommage aux « bénéloves », au « village gaulois » (ces 98 % d’artistes qui ne sont pas médiatisés et qui résistent). Il remercie enfin avec chaleur Clélia Bressat-Blum (« la pianiste que j’accompagne ») et dont on ne soulignera jamais assez le talent et la dextérité (leur synchronisation pendant le spectacle est tellement bien rodée qu’elle en devient presque invisible). Et il quitte la scène en s’éclipsant par le fond, laissant Clélia seule sous les applaudissements du public.

 

Le site de Bernard Joyet, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

(pour souscrire au DVD cliquez sur l'image)

(pour souscrire au DVD cliquez sur l’image)

 

« Les Mots » : Image de prévisualisation YouTube

« Les Dents » : Image de prévisualisation YouTube

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