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Julien Clerc, le temps, le talent…

Longtemps j’ai chroniqué des concerts « en live », que les lecteurs d’un quotidien retrouvaient dès le lendemain à l’heure du café. J’aime cette idée de photographier l’émotion par des mots. Aucun gros bras ne saura empêcher ces clichés-là. Inédit, ce papier sur Julien Clerc date de plus de trois ans. C’était en mars 2006 au Palais des spectacles de Saint-Étienne. J’ai depuis revu Julien Clerc en concert, toujours avec la même satisfaction.

Archive. C’est une foule dont le cœur volcan ne sera jamais vieux. Et qui bat follement la chamade. Julien Clerc est là. Et, avec lui, quarante ans de passion intacte.

Tic, tic, tic… « Qu’est qu’on pourra bien dire de moi ./ Quand je m’en irais les pieds devant ? » Le temps passe. Au-dessus de l’artiste au piano, un judicieux dispositif de lumières, en cercle, se la joue horloge. Tic, tic… Comme si le temps pouvait avoir prise sur Julien Clerc, trente ans depuis pas loin de trente. Si jeune, si beau, si idéal… Je vous dis ça, mais ses cohortes de fans, de femmes vous le hurleraient à ma place, se trémoussant comme pas deux, comme dix mille. Voici Juju, dans la foulée d’un album très réussi, Double enfance, dans le chagrin de Roda-Gil, l’ami disparu, auquel il dédie toute sa tournée… Et dans le pactole d’une montagne de succès dont il nous fait, ce soir, la plus belle compilation qui soit. C’est Julien Clerc et c’est toutes ces chansons, toutes ou peut s’en faut, qui ont balisé son fol itinéraire : La Cavalerie, Si on chantait, Danse s’y, This melody, Ma préférence, Jaloux de tout, La Petite sorcière malade, Femmes… je vous aime… Toutes, même et surtout Le Patineur. Même, à la faveur d’un medley, Cœur de rocker et Mélissa, tirées de l’époque où lui et le bizness voulurent rajeunir l’auditoire du chanteur, s’assurer plus large palette commerciale. La foule d’hier nous renseignait plus sûrement sur le public de la star : inconditionnel et vieillissant, féminin et amoureux. Juju est le chanteur d’une vie : ce concert charriait pas moins de presque quarante ans de carrière, de Hair à Double enfance.
Le temps a bien conservé le chanteur, juste réfréné ses ardeurs d’antan, sa folie scénique, ses ruades. Là, l’est bien calme le Julien, s’amusant visiblement d’être cette vedette adulée, mesurant avec malice et joie son infatigable succès.
Six musiciens avec lui, une formation sans grande originalité d’ailleurs, qui ne bouleverse pas la donne, mais sert honorablement un répertoire qui vise à l’intemporalité, à l’institutionnalisation. Ni trop ni trop peu. S’il fallait exercer – faisons-le – son droit critique, il conviendrait quand même de dire le peu de courage d’un tel récital où, hors les titres utiles d’une compilation sans aucune surprise et ceux tout aussi nécessaire du dernier album en promotion, aucun autre titre n’émarge, si ce n’est une adaptation, par Le Forestier, d’un standard américain du début de l’autre siècle : Avant qu’on aille au fond des choses.
Qu’importe. Disons les merveilles de lumières qui sculptent en live le firmament de cette vaste scène et créent toutes sortes de bien belles images. Disons surtout le bonheur d’un concert convenu mais sans défaut, d’un artiste archi-connu mais qui nous surprendra toujours par sa présence, par son charisme, par un je ne sais quoi surnuméraire qu’il dégage… Si c’est pas d’l’amour, ça…

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