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La grande (Rue de la) Muette

Papier d’archives, d’il y a quelques mois seulement. C’était au festival des Oreilles en pointes 2008, dans une petite salle de Saint-Genest-Lerpt, dans l’agglomération stéphanoise. Avec ce soir-là, en pleine lumière, Rue de la Muette.

Il a la tenue circassienne, rouge et or, d’un montreur d’ours, d’un dompteur de rêves. Le crâne nu, à la Teddy Salavas. Et la voix grave, majestueuse et tragique à la fois. Dès son entrée en scène, il est là. En nous. D’une force étonnante, envoûtante, énigmatique. Lui est ses cinq compagnons musiciens, sur cette scène-piste où se joue la vie, dans sa beauté comme dans ses horreurs, sa logique du pognon-roi et, malgré tout, sa part de poésie. Patrick Ochs (prononcez Ox) n’a pas le physique du jeune premier, du sirupeux chanteur de variétés. Du reste, ça n’est pas son commerce. Il n’est que flaque d’eau par laquelle se mire une existence parfois glauque, toujours simple, qui jamais ne triche, jamais ne joue. Ou alors le jeu est « je », qui tire du lointain d’autres morceaux de vies, plus impliqués encore, presque embués. La prise est directe entre lui et nous. Pas de chichis et une voix non belle mais bouleversante qui vous tire des larmes sincères : ne chante pas Drancy (ce camp de la Muette, comme par hasard) et les rafles qui veut : « Que l’été était beau, que la vie était chouette / Qui nous a dénoncés, qui nous a embarqués Cité de la Muette / Dans le camps de Drancy, barbelé vert de gris ». A croire qu’il y a plusieurs vies en ce sage, qu’il en est le creuset et la mémoire, des vies qu’il relate comme on le ferait lors d’une veillée. Avec ses bras qui se tendent, ses mains qui parlent d’abondance. Et cette voix, toujours… Qu’il confronte parfois aux paroles d’autrui, Jean-Roger Caussimon ou Jacques Brel. Le rauque de sa gorge tiraille le velours des mots, les malmène, les charrie, les fait parler plus encore. L’émotion est à son paroxysme, palpable comme rarement, comme jamais. Cette Muette si causante, cette Rue, ce boulevard, était encore l’heure d’avant quasi inconnue d’un public venu sur l’image d’un festival, l’idée d’une possible découverte. C’est bien plus que ça et ce sera ruée sur les piles de disques. Et des gens qui s’ont vont gorgés d’émotion, à tenter d’y poser à son tour des mots. 

2 Réponses à La grande (Rue de la) Muette

  1. patrick ochs 16 octobre 2009 à 8 h 20 min

    merci beaucoup
    patrick ochs/rue de la muette

    Répondre

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