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L’amour sur l’appelouse

Les deux papiers qui suivent ont presque dix ans et c’est pas demain la veille que la date de péremption sera atteinte. C’est de l’Higelin qui fait le Jacques. Ça se passait au Cinéma-théâtre Le Majestic à Firminy, dans la Loire. C’est toujours magique je crois. Précision toutefois : les habitants de Firminy sont les Appelous, leurs dames les Appelouses…

 

L’amour sur l’appelouse

C’est le Jacques, rêveur invétéré, qui surfe sur la vie et nous emmène loin dans ses pérégrinations d’homme libre, dans un absolu lyrisme.

Étonnant bonhomme et grand chanteur que cet Higelin qui s’est produit hier, en petite et élégante formation, sur la scène d’un Majestic magnifié par la présence d’un maître de cérémonie facétieux et franchement ludique. Higelin au long piano, Higelin servi par un violoncelle, un violon et des percus, c’est une autre approche de l’œuvre du chanteur, avec une simplicité qui nous le rend plus proche encore et nous permet de revisiter avec lui un univers magique, frondeur et vertement coquin. Ah les propos malicieux du chanteur qui fait le Jacques devant une salle peuplée d’appelouses sur lesquelles il se rêve lové… Ambiance bon enfant, on savait dès l’entrée en scène de ce clown aux baskets légères que ce serait trois heures de fête et de délire. Trois heures dans le monde d’un artiste hors du temps qui, malgré un ton primesautier, se permet quelques savoureuses griffes sur le monde en général (Seattle et l’OMC à portée de tirs) et notre condition en particulier. Higelin revisitant son œuvre, d’Amoureux d’une cigarette à Mona Lisa klaxon, dans une débauche de gestes, une verve intarissable et des airs qui nous accompagnent longtemps… Bravo Monsieur Higelin et Champagne ! A la bonne vôtre…

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C’est comme ça, c’est la vie !

Retour sur Higelin en scène, jeudi dernier au Majestic. Ou plutôt sur l’après-spectacle quand le rappel attendu, espéré, rêvé, est devenu un nouveau et autre concert, un truc précieux pour amoureux de la vie.

«La nuit promet d’être belle / Car voici qu’au fond du ciel / Apparaît la lune rousse…». C’est sur une gigantesque coupe de Champagne, entre vipères écarlates et vampires éblouis, que Jacques Higelin tire sa révérence après plus de deux heures de spectacle dans un Majestic finalement bien sage, trop sage. Deux heures durant, l’artiste vient d’alterner moments de tendresse et pures provocations, bonne humeur et franches gaillardises. Il a lancé aux fans ses mouchoirs pleins de morve, accompagné du regard deux possibles amoureux en partance, supputé leur suite horizontale, s’est réjoui à la lecture du «Firminy-Matin» du lendemain, a déliré sur des mots, sur des sons, a rêvé de posséder toutes les appelouses… sur la pelouse. Il nous a déjà forcément chanté les plus belles chansons du monde. «Je ne vis pas ma vie / Je la rêve» et nous vivons et nous rêvons avec lui, par lui. La scène est désormais nue, les instruments orphelins. Écume des heures, écume des vieux. Une partie des spectateurs quitte les lieux, sans attendre. Des anciens surtout, public d’abonnement venu sans doute par légitime curiosité, parce qu’Higelin est un grand chanteur et que ça se sait. Mais que deux heures de lui c’est déjà beaucoup. Dans ce Majestic transformé en navire ivre d’Higelin, reste la grande majorité. Debout. Délesté de son trop-plein, la salle devient soudain autre chose que ce splendide lieu de cinéma : elle devient salle de concert aux travées électrisées, à l’énergie communicante. Ça y est, ça bouge ! Et Higelin reviendra. Et le voici. Voici le deuxième concert en un, la partie d’après le départ, un rappel de près d’une heure, la folie cette fois commune entre scène et salle. La communion vraiment. On avait quitté Higelin sur Parc Montsouris et Champagne, le voici seul en Accordéon désaccordé. Il n’a pas envie de quitter cette scène qu’il semble affectionner particulièrement. Du reste, un grand panneau scotché sur la porte annonçait que le spectacle durerait trois heures. «Ce qui est dit doit être fait / Ce qui est fait était écrit / C’est comme ça / C’est la vie !». Higelin swinguera encore longtemps pour nous, rien que pour nous, pour cette salle aimée, aimante et amante, pour ce cadeau qu’il nous donne et celui qu’il reçoit, lui l’éternel amoureux, en échange. La nuit fut effectivement des plus belles.

 

Une réponse à L’amour sur l’appelouse

  1. jean-philippe 5 juillet 2010 à 12 h 39 min

    Un grand monsieur ! Éternel funambule, humaniste et « bon client télé ». Un grand nom de la chanson française que l’on entend fort peu à mon goût !
    Merci pour ce billet chaleureux consacré à l’inoubliable auteur de « Pars » et de « Champagne » !

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