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L’émoi Lemay au mois d’avril

C’était en avril 2002, dans un Palais des Spectacles stéphanois plein et aux anges devant Lynda Lemay, sa vie, son pieu et les soins qu’elle prodigue à ceux qui ont le mal de mère… Je ne regrette pas ce papier, loin s’en faut, même si, disque après disque (pas loin d’un par an), Lynda semble se répéter, un peu bégayer, à toujours ouvrir à la même page le même livre de recettes.

Archive. Un an après, même lieu, même pieu. Même collec’ de doudous, mêmes coussins sur la couette, même femme chanteuse. Et nous qui venons quand même constater si les mots de la dame, réputés pour soigner les nôtres (nos maux), sont toujours les mêmes, si ce docteur de l’âme vend encore ses mêmes et jaunes cachous, ses identiques pastilles roses, ses pareils Souliers verts.
C’est Lynda Lemay et sa pharmacopée utile, ses euphorisants bienvenus pour «les frustrées du monde entier». On va à Lemay comme on va à confesse, pour y avouer ce qu’on ne dit pas. Ou alors pas souvent. D’ailleurs on ne dit rien : c’est elle qui tient le micro et chante nos vies. Et la vie par elle, on s’y reconnaît forcément (bien qu’il est entendu que tous les hommes ne ronflent pas forcément…), on frissonne de fièvre et d’émoi, on applaudit. On y va pour toucher l’émotion, côtoyer la tendresse, être touché(e) y compris et surtout dans ses propres blessures, là où ça saigne, où c’est gravé «play» et que le disque tourne.
Au risque de la faire rire (son québécois de rire est plus beau encore que tous nos applaudissements), osons la fonction : Lynda Lemay est l’assistante sociale de la chanson, un peu Lalanne dans ses sujets pleurés, un peu Mannick dans ses côtés cathos, Berthe Sylva dans son côté pathos, un peu beaucoup Sylvestre dans sa provoc’ qui est tout sauf cul bénit.
Quête de sens et temps qui passe, enfantement, incompétence, jalousie, l’amour dû au père, celui dû à la mère, solitude… Lemay est un catalogue, non de solutions, non d’un quelconque engagement, non… Disons de situations, inventaire dont elle nourrit récital, dont elle fait carrière, rente de situation si vous voulez. Quinze chansons y sont nouvellement référencées, avec en bonus un cours de québécois qui nous laisse coi. De fait ça fait nouveauté dans un récital déjà vu. Qu’importe d’ailleurs. On aime Lemay. Qui a du tempérament comme on dit, une persuasion peu commune et une voix frottée de chaleur, l’accent de chez elle qui cousine avec le pâle notre et le bon sens qui fait de chacune de ses chansons comme une évidence, comme une idée de soi, une préoccupation intime, une intuition du moment, une obsession de toujours. Dit comme ça, Lynda Lemay est unique et indispensable. C’est presque ça. Vous qui ne pensiez la chanson que futile, jetez vos disques des aut’ québécoises dupliquées à l’infini. Et réservez de suite vos places pour le prochain tour de Lemay.

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