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Murray, symphonie d’émotions

Christopher Murray, 30 mars 2010, A Thou bout d’Chant à Lyon.

Le Christopher Murray trio (photo d'archive, Niko Rodamel)

« De l’autre côté de la mer / Il y a mon autre pays… » Depuis toujours, le patronyme de Christopher Murray trahit ses origines, même s’il se dit stéphanois. Ce qu’il est. Artiste et de deux cultures : ne le dénoncez pas à monsieur Besson… C’est néanmoins en des effluves celtes que le chanteur débute un récital passionnant, qui passera sans ambages de l’humour à la pure émotion, set d’une incroyable densité, à fleur de peau, au cœur des mots. Avec deux musiciens tout aussi étonnants que lui. Bruno Teruel, grand gars ceint d’un accordéon russe, à vous tirer de ces sons, à vous tisser de ces ambiances… Et Marion Grange, elle et ce violoncelle qui lui sert aussi bien de contrebasse ou de guitare. Elle traverserait le Gange qu’elle s’en ferait joyeusement pagaie. On croise facilement les regards et postures, parfois coquines, de cette instrumentiste douée à l’envi, qui souvent ferait le spectacle à elle seule s’il n’y avait Murray.
Le trio transpire d’une rare et belle complicité. Hors quelques virées de Murray au piano, c’est un trio soudé, classique en plein de sens, presque baroque dans la posture : ils seraient poudrés et perruqués qu’ils ne produiraient pas autrement. Car il y a vrai beauté en ce groupe.
Et du monde chez Christopher, pour vous raconter des histoires, faire fonctionner la machine à frissons, parfois celle à rire. Murray himself certes mais aussi Jean Andersson, l’écrivain Jean-Claude Mourlevat, les chanteurs et collègues Gil Chovet et Allain Leprest. Des fables drôles et bien foutues, des souvenirs d’adolescences, des blessures de la vie aussi, involontaires mais efficaces tire-larmes. Et de l’amour… « Je te prends, tu me prends, nous reprenons ensemble / Nos corps rongés de sel, de griffes et de chardons / Jusqu’à l’épuisement de nos lèvres qui tremblent… »
Gillette Duroure, collègue journaliste que j’estime, a un jour écrit à propos de ce Murray-là « Le quotidien prenait des claques, mais avec style. C’est cela, Christopher Murray, une symphonie d‘émotions jouées façon musique de chambre. » Et je ne vois toujours pas quoi ajouter à un compliment si intelligemment dit. Si ce n’est, pure incantation je le sais, qu’il serait temps que les programmateurs se déplacent au chevet de tels artistes et retrouvent l’insolent courage d’enfin programmer.

Le site de Christopher Murray, c’est ici.

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