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Le retour de Malicorne

Malicorne, formation 1979, disque "Le Bestiaire" (photo Sergio Gaudenti)

…et Malicorne aujourd'hui, un instant reconstitué, peu avant son entrée en scène à La Rochelle (photo Xavier Léoty, Sud-Ouest)

L’événement est de taille pour tous les amateurs (je n’ose dire les fans) du groupe folk Malicorne. A l’occasion de son concert aux prochaines Francofolies de La Rochelle, Gabriel Yacoub, son fondateur et chanteur, invitera de nombreux artistes à « rendre hommage à la musique de Malicorne. » En présence, faut-il préciser, des membres du groupe original : Marie Sauvet (ex Marie Yacoub), Laurent Vercambre, Hughes de Courson et Olivier Zdrzalik-Kowalski : à savoir l’exacte formation jusqu’aux disques L’Extraordinaire tour de France… et En public à Montréal (Zdrzalik avait rejoint le groupe en 1977, sur le disque Nous sommes chanteurs de sornettes.) Certes, près de trente ans après, le nom de Malicorne n’évoquera certainement pas grand’ chose aux jeunes. Encore que. Le parental coffre à vinyles est un trésor que certains, plus curieux que d’autres, ont pu visiter, y extirpant de vraies pépites discographiques. De Pierre de Grenoble (sous le nom de Gabriel et Marie Yacoub, en 1973) à Balançoire en feu (1981), la bande à Yacoub nous a ravit de superbes ballades en parties tirées d’un autre temps, constante lutte entre des sonorités peu coutumières les unes aux autres. Malicorne était manifestement le phare du folk français, souvent copié, jamais égalé. Sans doute parce que le travail de Malicorne ne se résumait pas à exhumer le « folklore de nos beaux pays de France » mais de travailler un matériau paradoxalement neuf pour en tirer des perles de poésies d’essence populaire. Le dernier disque, Balançoire en feu est le seul qui ne soit pas tiré de la tradition. Commandé à Étienne Roda-Gil, il s’organise autour du thème du travail. Musicalement encore plus audacieux, annexant d’autres territoires qu’un folk alors trop réducteur, il n’en signera pas moins la fin de l’aventure Malicorne. En 1986 sortira néanmoins Les Cathédrales de l’industrie, autre 33 tours griffé Malicorne. Non le disque de trop (je le tiens pour l’un des meilleurs qui soient) mais usurpé : c’est en effet l’œuvre de Yacoub, en son nom propre, qui monte en puissance. Et la stupide condition d’un producteur de ne sortir cet album que s’il porte le nom du groupe mythique… Histoire sans suite : Malicorne est bel et bien à conjuguer au passé. Se rendre à La Rochelle ne sera pas forcément aller en pèlerinage. Simplement retrouver la force et l’originalité, l’évident talent, d’un des seuls groupes folk de l’époque dont le nom s’inscrit d’évidence dans l’histoire de la chanson française. En lettres capitales.

Yacoub invite Malicorne, jeudi 15 juillet 2010 aux Francofolies de La Rochelle.

Le site de Gabriel Yacoub.

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4 Réponses à Le retour de Malicorne

  1. Cécile BACH 10 juin 2010 à 18 h 24 min

    Ouiiii ! Je suis jeune et je connais Malicorne, je dirais même que j’en suis fan depuis mes 10 ans, je crois qu’ils font partie des ces personnes qui m’ont fait aimer et chanter le répertoire des musiques traditionnelles !
    Un grand merci à ce groupe mythique, je ferais tout pour être à ce concert dont je rêve depuis trop longtemps !

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  2. Alain WARNIER (Wallonie) 8 juillet 2010 à 11 h 04 min

    Oui, le nom de Malicorne doit s’écrire en capitales dans l’histoire de la chanson française. C’est en 1976 (il y a 34 ans !) que mes oreilles alors nourries du psychédélisme finissant ont découvert avec émerveillement les harmonies vocales et les timbres étranges et recherchés de Malicorne. Leur vraie trouvaille musicale fut de faire du folk-rock (terme un peu passé de mode…) sans batterie et de composer des arrangements + linéaires (+ polyphoniques en somme) tout en préservant le rythme des mélodies. Cela les a immédiatement distingués de leur collègues et précurseur anglo-saxons. C’est également pour cela que bon nombre de leurs créations sont encore audibles en 2010 et elles le resteront longtemps. Dommage que l’expérience passionnante de « Balancoire en feu » n’ait pas rencontré le succès qu’elle méritait, car elle ouvrait un nouvelle porte dans la création à partir de la tradition populaire. Elle faisait le lien avec la poésie et la musique contemporaine (structures de chansons atypiques/arrangements flirtant avec la musique contemporaine) C’était probablement trop pour le public de l’époque. Malicorne a également été un des premiers groupes du « folk-revival français » (encore un terme passé de mode) à comprendre que la recherche sur le timbre (les couleurs sonores des voix et leur mariage aux instruments populaires anciens) était incontournables pour restituer l’esprit des musiques populaires anciennes.

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  3. keloghlanian 25 septembre 2010 à 16 h 30 min

    C’est toute ma jeunesse. Maintenant j’ai 57 ans. Continuez, vous me faites rêver. Marie, toi aussi tu m’a fait « planer » pendant tout ce temps par ta beauté et ta voix ainsi que les musiciens et ton frère… PAT

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  4. keloghlanian PATRICK 25 septembre 2010 à 16 h 46 min

    A quand Malicorne à Lyon et, qui sait, à la téloche. Oui, tous ces groupes super qui racontaient la « France » le Canada Europe Quoi ! Gabriel et Marie continuez !

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