CMS

Melissmell : mélisse ou mélasse ?

Melissmell, 3 novembre, Les Oreilles en pointe, salle Dorian à Fraisses,

 

Melissmell (photo d’archive DR)

Pied de biche, pas de loup, elle entre tout en douceur en son concert : « Quand l’amour sème / S’aime pour un soir… » Doucement… et ça ne durera pas. Les fans sont là, en masse, qui connaissent leur Melissmell par cœur. Tant mieux. Car il y a loin de la coupe aux lèvres, loin du disque à la scène. Pour le cas de Melissmell, très loin. A tel point qu’on se demande si c’est la même. La révoltée, Gavroche en chansons, a perdu le combat, déposé les armes et caetera, abdiqué devant l’ingénieur du son. « Allons enfants de la patrie / Le jour de gloire est terminé / Entre nous deux, la tyrannie / Sous l’étendard, sang ! / Est levé / Entendez-vous… » Ben non, on n’entend rien, le son est au maximum et Melissmell se veut chanteuse rock, à fond la caisse. La musique l’emporte et ruine totalement le propos. Ceux qui ont vu en Melissmell la renaissance visible (au sens qu’elle a un relatif accès aux médias) de la chanson engagée en seront pour leur frais : il y a erreur sur l’étiquetage. Elle ne crie pas sa colère, elle vocalise avec ampleur sur des riffs, des arpèges. Et, au nom de l’humour sans doute, transforme ses quatre musicos en boys band pour interpréter avec elle, avec force gestes « Je suis une enfant de la crise / J’ai fait mes armes à ses côtés (…) Ne sens-tu pas dans l’air / J’entends monter les voix / Le monde est à refaire. » Chorégraphie gamine et paroles inaudibles. A quoi ça sert ? Alors on dira, par défaut, que Melissmell est une bête de scène, apprentie star-rock. Qu’elle chante ce qu’elle chante ou autre chose importe peu puisque le message tombe à l’eau, noyé de son, inutile et vain. « Rêvons, rêvons encore ! / Marchons, marchons encore ! » chante-t-elle pourtant.

11 Réponses à Melissmell : mélisse ou mélasse ?

  1. Yves 4 novembre 2011 à 13 h 24 min

    Ecoutée dans un autre contexte Melissmell ne donne pas du tout la même impression. Un vrai engagement, sincère et énergique porté par une musique forte et vivante.

    Réponse : Tout à fait d’accord ! Le disque « Ecoute s’il pleut » est autre chose que ce concert. Je l’ai recommandé ici et ailleurs, je le recommande toujours. MK

    Répondre
  2. Norbert Gabriel 4 novembre 2011 à 13 h 31 min

    Même histoire avec Mademoiselle K aux Muzik’Elles, inaudible !! et pourtant sur la même scène, le même jour, 20 mn avant Carmen Maria Vega aussi tonique et flambloyante était parfaitement audible.
    Et après c’était aussi parfaitement audible … Dommage!

    Répondre
  3. Gilles Liobard 4 novembre 2011 à 14 h 47 min

    Bonjour,
    Vu et, surtout, très bien entendu Melissmell aux Francos en Juillet. Très bon équilibre entre les musiciens et la voix. Bref, encore mieux que le CD !
    Mais je comprends ta déception car, le même jour et dans la même salle, la prestation de Lisa Portelli était inaudible, comme celles de L et d’Elodie Frégé 3 jours plus tard dans la grande salle de la Coursive, toutes couvertes par la basse ou la batterie.
    Il y a donc un vrai problème de choix (j’ose pas dire de compétences) des techniciens son de la salle ! Alors qui peut intervenir : les responsables de la salle ? un directeur artistique ?
    à suivre….

    Répondre
  4. Odile 5 novembre 2011 à 8 h 35 min

    Je crois Michel, que vous nous aviez déjà parlé de ce vrai problème.
    A savoir le son et la musique en concert qui gâchent tout, en occultant complètement la VOIX et les PAROLES.
    C’est vraiment dommage, lorsque vous vous déplacez pour venir découvrir sur scène un artiste que vous avez écouté sur cédé.
    Donc avis aux Ingénieurs du son, techniciens et organisateurs de concert.
    Pensez à l’artiste et à nous aussi….

    Répondre
  5. Isabelle 5 novembre 2011 à 10 h 01 min

    Je l’ai vu récemment sur scène et l’ingénieur du son n’a rien à voir avec cette dérive. C’est vrai qu’entre le disque et ce qu’elle en fait sur scène c’est tout un monde. On peut parler de trahison effectivement. C’est dommage.
    Je viens de découvrir ce blog, sur les conseils d’une amie. J’y reviendrai souvent je crois. Dans le vide des écrits sur la chanson (je suis une ancienne lectrice de Chorus), c’est un oasis.

    Répondre
  6. andré 5 novembre 2011 à 13 h 40 min

    J’ai vu Melissmell sur scène il y a un peu plus d’un an dans une petite salle lyonnaise. Ce fut un moment magique, de très grande émotion.
    Il faut dire qu’elle n’était accompagnée que de son guitariste…

    Dans le contexte actuel il est clair que je ne retournerai pas la voir.
    Je ne m’inquiète pas pour son avenir artistique (à condition qu’elle ne tire pas trop sur la corde…vocale) car elle aura toujours des spectateurs, simplement, ce ne sera pas le même public.

    Ce qui fait qu’effectivement on peut se demander si c’est bien la peine de se « fatiguer » à faire de la chanson « signifiante » face à des gens plus prompts à réagir devant un poingt levé ou quelques décibels de plus.

    Pour le coup, je préfère entendre de la variété, française ou anglaise d’ailleurs, je suis sûr,au moins, de ne pas être frustré !

    Ce qui est vrai pour Melissmell l’est aussi pour d’autres, Karimouche par exemple et pour beaucoup de groupes (j’ai en souvenir une soirée avec, entre autres, « La mine de rien » où on proposait à l’entrée des bouchons pour les oreilles… A quand la visite de musées avec des lunettes de soudure ??)

    Répondre
  7. Daniel 5 novembre 2011 à 14 h 07 min

    Ah, là je m’inscris en faux avec ce « flinguage en règle » de Melissmell… Vu il y a deux semaines Salle des Rancy à Lyon, bonheur total ! Merde alors !

    Répondre
  8. Antonin 5 novembre 2011 à 22 h 58 min

    A Daniel : Oui sans aucun doute, sauf que c’était à Lyon et que, d’une date à une autre, souvent rien ne se ressemble…

    Répondre
  9. Dominique B. 7 novembre 2011 à 4 h 57 min

    Melissmell était invitée sous les étoiles exactement chez Serge le Vaillant. Elle se plaignait de ne pas pouvoir parler? ne pas avoir le droit de dire ce qu’elle voulait. Le Vaillant a longuement essayé de l’aider en lui proposant de s’exprimer… Finalement, j’ai un peu eu le sentiment qu’elle n’avait rien à dire.

    Répondre
  10. anticon 7 novembre 2011 à 6 h 52 min

    J’ai pu entendre Mel il y a 3 ans sur une toute petite scène et j’en ai pleuré tellement sa rage de combattante et la mélancolie sonnante m’ont atteinte, mais j’ai été déçu par l’album et le coté nian_nian des arrangements, j’espère qu’elle sait toujours pourquoi elle le fait…

    Répondre
  11. Marie-Ange 8 novembre 2011 à 16 h 55 min

    Si à propos de certains artistes (Olivier Trévidy, Benoit Dorémus, Alexis HK, Renan Luce, Agnes Bihl… pour ne citer qu’eux) que j’ai eu la chance de voir en concert en Belgique, je partage votre avis,
    en revanche, en ce qui concerne Melissmell, je tiens à dire que j’ai beaucoup apprécié son passage au Brussel Summer Festival : j’ai été séduite par ses textes engagés chantés avec force et conviction, d’autres poétiques suscitant l’émotion et j’avoue quelques larmes !

    Et puis cette voix qui vous chamboule !

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives