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FestiFaï 2012 : C’est le temps de Lamour

Duo improbable mais vrai : Fred Radix siffle et Noémie Lamour violonne (photos Lucas Garcia)

FestiFaï, 25 juillet 2012. Le Faï, c’est la montagne, vertigineuse, qui accueillera samedi, en point d’orgue, sa création végétalo-industrielle concoctée en cousu mains par Lacouture. Auparavant, tous les artistes conviés à cette création font le beau le soir et étalent leur talent. Hier c’était Fred Radix, dans un one-man-show chaud, un peu compile de ses formules scéniques actuelles comme passées, presque retour à la chanson pour ce bonimenteur acteur et chanteur qui tâte de tous les aspects de son art. Et puis Néomie, un amour de chanteuse dont l’audace hantera longtemps cette salle du Café du peuple de Veynes, haut-lieu du Fourmidiable bien nommé…

Ah ! Lamour ! Noémie Lamour and the Tatanos Cesters (Lydie Lefebvre et son érotique violoncelle, Cécile Wouters et son fougueux piano, même pas à queue) c’est un peu les Pieds Nickelées de la chanson au féminin, avec l’aura d’un très grand classique : y’a en elles du Filochard, Croquignol et Ribouldingue, un peu dingues il est vrai. Classique, oui, c’est leur base, leur filiation, leur ancrage. Elles font dans la chanson, certes (il n’y a pas de sot métier), mais dans la chanson « musicale », à portée de la grande musique qu’elles revendiquent pour oriflamme, Schubert et Cie. Classique jusqu’au bout des ongles, des pieds, de pied en cap, tenues en rouge et noir, très Stendhal, pas sandales, très standing, tatanes baroques avec pour Lamour des hauts talons étroits (du 40 tout de même) couleur abricot, avec de délicieux et tendres nœuds (comme c’est charmant…). L’ambiance est tout aussi noire, tacheté de rouge, celui des lèvres et des ongles, celui du sang aussi. Exquis cadavres au détour des vers… Le répertoire est sans concession, si ce n’est celle d’après trépas : glauque, criminel, militaire même… Les perversions y font perfection : le sexe et la coco y caracolent : « Une bonne pipe au bois de Boulogne, c’est le paradis ! » fait-elle reprendre en chœur au public massé serré au Café du peuple, populaire et populeux. Diable que c’est chaud ! Quant à la coco, chère coco, trop sans doute, elle lui substitue d’autres produits ! « Moi, j’ai fumé de l’eucalyptus », ça et l’eau de javel, et la naphtaline : « des boules entières dans les narines. » C’est un récital à l’odeur d’avant-guerre, on ne sait laquelle du reste, portraits de naguère, daguerréotypés, couleur sépia, qu’elle rehausse de son vernis si particulier. Lamour c’est un peu beaucoup comme Juliette Noureddine, question de volume vocal ans doute, d’amplitude de pur talent, mais une Juliette qu’aurait bouffé son Roméo, avalé sa semence, à presque la roter sur scène. Une audace chic, maniérée, provoc racée sous des augures kitch, néo-expressionnistes de bon goût. Qui ose tout, même reprendre Britney Spears dans une traduction approximative, accro, barjo et toxico : « Qu’est-ce que j’ai fait de ma vertu ? Je sens ton obus. » Ça et tant d’autres textes qu’elle emprunte aux classiques, Vian, Gainsbourg, Les Frères Jacques, Germaine Montéro, Barbare et Cie, un peu à la manière d’Entre 2 Caisses, qu’elle passe à la cire d’antiquaire, cire un peu grumeleuse toutefois. C’est irrésistible, indispensable, barjo et joli, barjoli donc, déjanté à un point…. Faut la voir, faut les voir ! De toutes façons, y’a pas de disque, pas pour l’heure. Et aucun support technologique se saurait correctement mettre en boîte un tel moment, un tel monument ! Lamour est la partouze du verbe ; ça se vit en live !

Le site de Noémie Lamour, c’est là.

 

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