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Concèze 2012 : si ça c’est pas de l’éducation populaire…

Michel Kemper et Hervé Cristiani (à l’arrière-plan, Fabienne Thibeault) à Concèze (photo « En route pixels »)

Toute une semaine, nous avons relaté ici cet étonnant festival DécOuvrir de Concèze, au moins dans sa dimension chanson, car comment relater ici ces poètes qui, chaque soir, venaient y déclamer leur vers… Loin de tout, Concèze est un des oasis de la chanson, presque un mirage, un écrin préservé, savamment entretenu par une étonnante équipe de bénévoles. Ici, même et surtout Monsieur le Maire fait la tambouille et la plonge puis sert chaque soir l’enivrante Jacqueline, alcool pétillant à la framboise. Ici, les artistes restent toute la semaine, s’ils le veulent. Farniente, discussions, piscine… La moindre occasion de boire l’apéro est bonne à prendre, tant que le planning de la journée est calé sur ça, rythmé entre la Jacqueline, la sangria du bar-resto labellisé « bar de pays » et les verres chez Mémé Roche, un café sans âge aux verres de rouge à 70 centimes d’euros. Là, le Jean fait à lui seul spectacle, mémoire d’une chanson qui ne manque pas de cuisses. Du reste, il n’y a pas, ici, dans ce petit village de Concèze, un seul et unique format chanson : il y a LA chanson, dans un grand écart permanent, étonnant, Alain Aurenche et Jean-François Mickaël en étant sans doute les deux extrêmes. Ici tout est possible, même et surtout l’improbable. Il n’y a vraiment que la wifi qu’on cherche : pas facile pour tenter de relater, en léger différé, un tel événement.

A demander à chacun sa provenance, on a parfois l’impression que c’est Paris qui prend ici ses quartiers d’été. Mais chaque soir nous rassure et c’est un public majoritairement corrézien qui vient faire ovation. Dont le premier d’entre eux, président du Conseil général, successeur de François Hollande. Même une vice-présidente de l’Assemblée nationale est coutumière des lieux. On se dit que Monsieur le Maire n’aura pas trop de mal à agrandir encore les murs de sa salle pour accueillir les festivaliers des années futures. Car le nom de Concèze chemine dans les têtes et on ne s’étonnera pas si le public grandit encore. Mais DécOuvrir restera un petit festival, certes grand de talents, mais petit. Non pour une élite, simplement pour la population locale qui, étonnez-vous, est presque imbattable question chanson : à lire les programmations passées, on comprend pourquoi. Concèze est surtout l’exemple de l’éducation du public, de ce que les médias ne font justement pas. Quand on vous propose tous les styles de chanson, de la variété à la « chanson de parole » (comme on dit à Barjac), il ne doit pas être étonnant d’entendre ce public vous parlez ensuite tant de Jacques Bertin que de Bernard Sauvat. Chaque artiste, quel qu’il soit, est ici logé à la même enseigne, pareillement respecté. Ensuite on aime ou pas, c’est autre chose. Toujours est-il que la chanson que promeut chaque jour NosEnchanteurs est ici chose naturelle, non par et pour l’intelligentsia du coin, mais par et pour le public de tous les jours ou peu s’en faut, ce public qui chaque année s’en vient ici simplement DécOuvrir. Le travail de Matthias Vincenot, l’inspiré organisateur de ce festival, est à ce titre exemplaire.

Final du festival sur un « Il est libre Matthias » en hommage à l’organisateur. On reconnaitra Hervé Cristiani, Céline Caussimon, Enzo Enzo, Eric Guilleton, Emilie Marsh, Fabienne Thibeault, Jean Decay (maire de Concèze)… (photo A Tout bout d’Chant)

 

Pas d’article sur l’excellente Jeanne Garraud, sur la scène de Concèze lors de la dernière soirée, difficile qu’il m’est d’encore écrire sur elle. On se rapportera au papier publié lors de son passage en mai dernier au festival Paroles et Musiques de Saint-Etienne. C’est ici.

8 Réponses à Concèze 2012 : si ça c’est pas de l’éducation populaire…

  1. geni 23 août 2012 à 22 h 28 min

    là tout est dit ! le festival de Concéze a 700 km en bout de route pour y … »DécOUVRIR » des poètes de grands talents ! merci Mr Michel Kemper pour cet article et émotion émotion à Hervé Cristiani que je « ReDécouvre » et tous ces amoureux des mots riches de notre langue et chapeau à tout ce petit monde de bénévoles!
    merci !

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  2. Marc 24 août 2012 à 0 h 06 min

    Chuuut Michel !! Ne dis pas trop que ce festival est bien, qu’il est différent, qu’il y a piscine la journée !! Il ne faudrait pas que cela devienne les francophobies ni les vieilles charnues !

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  3. Michel TRIHOREAU 24 août 2012 à 6 h 53 min

    Il aura fallu ce blog, dont l’utilité est chaque jour plus que prouvée, pour que je découvre l’existence du festival de Concèze. J’en suis encore tout marri ! Si mon ami Michel Kemper n’a pas pris ses rêves pour des réalités, voilà bien un festival qui correspond en tout points à mes conceptions en matière de chanson de proximité et d’éducation populaire, qui vont de paire à mon sens.
    Il me faut prendre date pour la version 2013, en attendant la programmation.

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  4. Walter 24 août 2012 à 8 h 45 min

    je crois qu’il va y avoir du monde en 2013, oh que oui…

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  5. Norbert Gabriel 24 août 2012 à 9 h 29 min

    Il y a , à travers ce carnet de notes de festival, un parfum des Francos des premières années, avant que ce ne soit une (trop) grosse machine, quand on pouvait retrouver artistes et festivaliers dans les rues, les bars, sur la place, au gré du hasard ce maître de l’art des rencontres… pour partager un verre, une chanson, quand les after étaient des après concerts duos improvisés entre festivaliers et artistes disponibles… (Guidoni et Christine de Rennes, Leprest, Phillippe Léotard, Jacques Yvart et Eddy Shaaf, ou Julie Zenatti à 12 ans chantant Piaf…) Et les premières de Richard Desjardins, de Bïa, les formidables soirées des Cnanson Plus Bifluorée…) L’an prochain à Concèze … Prenons note.

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  6. Norbert Gabriel 24 août 2012 à 10 h 25 min

    Pardon m’sieur Eddy, c’est Eddy SCHAAF, un formidable musicien, que j’ai découvert avec Jacques Yvart, et puis avec Nadine Rossello. Il avait aussi travaillé avec Danièle Messia.

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  7. LEFRANC 24 août 2012 à 12 h 30 min

    Deux petits bémols néanmoins, qui ne font que refléter des réflexions de spectateurs entendus à la fin de certains concerts. Il apparaît évident aux yeux de beaucoup qu’au moins deux artistes n’avaient pas leur place dans ce festival : l’ex « chanteur à minettes » Jean-François MICKAEL qui, bien que très sympathique au demeurant, n’a fait que nous resservir ses anciens tubes aux textes plus que pauvres (contrairement à un Hervé CRISTIANI qui, lui, a su très bien évoluer et a constitué la bonne surprise du festival) et puis l’ineffable Fabienne THIBEAULT qui compense désormais la perte de sa voix par d’interminables tirades sur sa vie privée afin de mieux vendre son livre. Grosse erreur de casting Matthias !
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  8. Nath 19 septembre 2012 à 19 h 55 min

    J’ai assisté à trois soirées de ce Festival en 2010, me trouvant en vacances à proximité, par un heureux hasard. Si l’ambiance est franchement sympa et festivalière, l’organisation est parfois un peu approximative, mais tout se règle avec le sourire. La qualité d’écoute n’est pas toujours au top, avec beaucoup de déplacement et de bruit, et parfois un manque de respect pour les artistes sur scène.
    Pour la programmation je rejoins les bémols de l’intervenant précédent. Si c’est un Festival pour découvrir la chanson poétique et la poésie je trouve que la présence de Bernard Sauvat (très sympathique) ou Jean-Pierre Kalfon (plus distant) relève d’une erreur de casting. Ceci dit, il faut reconnaitre que les tenants de la chanson poétique étaient parfois bien décevants. Anne Vanderlove n’a plus la voix de sa jeunesse et elle est très mal accompagnée sur scène, avec des textes parfois banaux. La charmante Marie Espinosa lui a volé la vedette et fut une vraie belle découverte pour moi. Et la grande Hélène Martin, que je me faisais un plaisir de revoir, n’était pas dans un grand soir, dans un récital mal ficelé et sans rythme. Faut dire que ce n’est pas facile derrière Jean Pierre Réginal, aux chansons pleines de charme et d’humour, très efficace et très pro.
    J’ai aussi découvert un groupe plein de punch avec des chansons de qualité, Les Jetés de L’Encre et je regrette d’avoir manqué Isabelle Mayereau, dont les chansons sont pour moi une vraie gourmandise.
    Mais je retournerai à Concèze volontiers, si mes vacances prochaines me rapprochent de la Corrèze.

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