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Utgé-Royo, à jamais du camp de l’espoir

Si certains s’époumonent, s’égosillent, se ruinent le thorax à chanter, à pousser de la voix, à hurler la révolte, à gueuler la révolution, à faire commun Commune, Utgé-Royo, lui, déroule sa séduisante voix, comme sur un tapis rouge. Rouge coquelicot il va de soi. A tout prendre, c’est bien aussi. Mais qu’on ne se trompe pas : ces airs chatoyants (une presque samba pour chanter « la danse de l’argent / dans le rue du profit »…), cette voix enjôleuse, sont à cent mille lieux du sirupeux, de cette coutumière chanson hypnotique qui fait si bien son office. Celle de Serge Utgé-Royo est secouée de mots indomptés, de colères passées, présentes et à venir : « Permettez que je chante encore pour de beaux lendemains têtus / Des rêves jugés impossibles qu’il faudrait avoir vécus. » Une chanson qui appelle le beau pour mettre en vers l’indignation, pour aller chatouiller d’autres oreilles et y déposer délicatement l’air de la désobéissance, des futures barricades.

Treizième album du tendre anar Utgé-Royo, qui parfois roucoule mais toujours le poing levé, avec des vers qui certes ne vous ferons pas marcher au pas dans les manifs mais, plus que quiconque, seront le baume de vos plaies et le ferment des prochaines. Sans relâche, avec toujours l’espoir, têtu, de participer à améliorer le monde : « Comme un saltimbanque frivole et hors du réel, je reste, presque figé, dans une perspective et un désir d’espoir inéluctable d’une vaste cité des humains fraternelle, libre, solidaire et curieuse des regards de l’autre… »

C’est encore une fois une réussite que cet album-là. Des textes qui, sans être exhaustif catalogue, explorent notre monde et décortiquent l’actualité ; des musiques qui enveloppent chaleureusement les mots, sous la direction inspirée du pianiste Léo Nissim. Et, parmi les dix-huit nouveaux titres, quelques chansons déjà d’anthologie comme ce Nuage espagnol ou ce  J’ai dû être un bon chien… : « Je regardais sans doute, au milieu des clameurs / Des hommes dans la guerre et la brutalité / Je fuyais leurs colères et leur méchante humeur / Courant parmi les sources, vers de calmes contrées / J’ai dû être un bon chien… » Un disque encore une fois précieux, avec des vrais morceaux de fruits dedans (des cerises !), que je ne saurais que trop conseiller à tout amateur de chanson…

Serge Utge-Royo, L’espoir têtu, 2012, Mistiroux/Edito musiques/L’autre distribution. Le site de Serge Utgé-Royo, c’est ici. Serge Utgé-Royo étrennera ce nouvel opus les 18 et 19 novembre à Paris, à L’Européen, avec sa pleine formation de six musiciens. Pas de vidéo sur cet Espoir têtu : en voici une, tirée du premier volet des « Contrechants… de ma mémoire » : http://www.dailymotion.com/video/xrvmk4

 

 

 

 

2 Réponses à Utgé-Royo, à jamais du camp de l’espoir

  1. Danièle 24 septembre 2012 à 10 h 27 min

    Serge Utge Royo, c’est des chansons de mots-cerises à la chair tendre et forte, c’est le soleil rouge de la révolte et de l’espoir à portée d’oreilles …

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  2. Norbert Gabriel 25 septembre 2012 à 0 h 11 min

    C’est toujours une fête, avec de copains qu’on retrouve, ou des copains qu’on ne connait pas encore, c’est chaleureux, amical, et c’est un chant profond toujours debout, hasta siempre, compañero !

    Répondre

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