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Pascal Mathieu : faut-il motiver le plaisir ?

3341348559179_1_75Retour aux affaires pour le bisontin Pascal Mathieu, passé du punk à la chanson, disparu des bacs depuis début 2008 et ses (superbes) Routines aventurières, lui-même distant de treize ans d’avec le précédent – et premier – album. C’est dire la rareté du bonhomme dont la réputation est inversement proportionnelle avec son taux d’occupation sur les étals des disquaires. Nuance, tout de même : Mathieu prête parfois sa plume à plus connus que lui : des Romain Didier (ils sont tous deux coupables du fameux « Pinocchio court toujours ») ou Florent Marchet, Jean Guidoni, Enzo Enzo et quelques autres encore…

Donc, Mathieu nous revient, il était temps (juste Désir moins le quart). Toujours avec des mots qui s’entrechoquent, se font des politesses, parfois des coups fourrés, qui aiment à cultiver l’autodérision et photographier, fidèles, l’absurdité du monde présent. Et font foire et fête aux sentiments qui ne sauraient attendre (désir moins le quart, vous dis-je…) et vite s’oublient (« Notre amour a trop tôt / Fini dans le décor / Et autour du couteau / La plaie s’agite encore »).

Il y a beaucoup de mouvement en ce disque. On se ballade, on se véhicule, On transpire en commun, on se suit à la lettre, on se donne rendez-vous. Ici on s’aime, là on copule : du coup on fait les deux car « S’aimer d’amour est un pléonasme. » On meurt aussi, y’a pas d’raison. Le vocale est aussi classieux que léger, mots raffinés sur papier avion qui s’agencent à merveille. Un univers poétique dans lequel s’incruste, qui l’eut cru, des rondeurs, des verdeurs, des crudités qui mettent en appétit.

Sauf Florent Marchet qui en compose deux, c’est à Claude Mairet, ancien complice, compositeur et guitariste de Thiéfaine, du Jura voisin, que revient le privilège de mettre des noires et des blanches, des clefs, des croches sans anicroches. Des notes semblablement légères aux vers. D’un auteur interprète devenu culte qui nous revient après longue absence, on peut toujours craindre un album grave, limite pesant. Celui-ci est d’une réelle onctuosité : tout y est délicieux, allégé, plaisant. Faut-il motiver plus que ça cet opus si bizarrement nommé, si ce n’est qu’il met en lumière une des plus belles chansons du lot ?

Pascal Mathieu, Sans motif apparent, Trollsprod/Socadisc (2013). Le myspace de Pascal Mathieu, c’est iciImage de prévisualisation YouTube

Une réponse à Pascal Mathieu : faut-il motiver le plaisir ?

  1. Norbert Gabriel 13 mai 2013 à 23 h 51 min

    Un vrai bonheur de retrouver Pascal Mathieu… On peut rappeler que quelques années avant la déferlante du swing rock manouche, il avait fait un album très imprégné de swing fin et élégant façon Django, avec l’excellent guitariste Bernard Montrichard, mais je crois que je l’ai déjà dit ici: http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2013/01/28/pascal-mathieu-dans-lattente-du-15-mars/

    Répondre

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