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Paroles et Musiques 2013 : Fais comme Loizeau

Emily Loizeau (photo d'archives - DR)

Emily Loizeau (photo d’archives prélevée à la toile – DR)

Emily Loizeau, 29 mai, Le Fil à Saint-Etienne.

Etrange, fascinante Loizeau, p’tit piaf à la grande bouche, qui mastique et recrache des chants enchantés, très littéraires tant dans la forme que dans l’inspiration, empreints de liberté. Elle vient nous entretenir de mère, de tigre… Et d’oiseaux, tant elle peuple son répertoire de volatiles : « On dit qu’il y fait toujours beau / C’est là que migrent les oiseaux / On dit ça de l’autre bout du monde », « Vole le chagrin des oiseaux / Vers la ville de Homs et ses lambeaux » : le savez-vous, il ne fait pas toujours beau dans les chansons de Loizeau. Si certaines suintent d’innocence, d’autres captent amèrement les temps présents…

C’est quand même un univers reposé qu’elle nous propose, loin d’autres tumultes. Des oiseaux, un tigre, des ours et des singes et, de manière diffuse, la faune et la flore qui peuplent ses chansons, comme des essences naturelles, comme l’essentiel… : l’artiste, on le sait, est en phase avec l’environnement, elle qui vient tout juste de clore une tournée faite de cet enjeu. Il y a ça, et l’ascendance, et la descendance… Famille. Transmission. Il y a en son actuel répertoire l’apparition et la disparition des êtres, la mort (« J’ai frappé sur les portes closes / Mais personne ne m’a jamais répondu / Une tombe avait pris la place d’un pommier / Juste là, près de la haie de rosiers ») et la naissance. Avec pour témoin ce joli ventre rond qu’elle caresse en chantant, prête qu’elle est à pondre son œuf. Elle est touchante l’Emily, petit visage, grand caractère… et une présence presque démesurée, physique mais pas que, plaisir partagé comme il est rare.

Anouk Aïata, celle qui mange les nuages du ciel Anouk Aïata, pour clore en beauté cette soirée très féminine débutée par Sophie Maurin puis, très haut dans le ciel, par la Loizeau. Faut être polyglotte pour tout saisir d’Aïata. Par défaut, on se concentre souvent sur sa présence, son dynamisme, son charisme. Elle n’en manque pas, celle qui se présente en femme-western et porte un nom en langue maorie, « La femme mangeuse des nuages du ciel. » C’est le genre de prestation idéale pour cabaret enfumé, aux odeurs d’alcools, aux voutes de pierre. Qui s’affranchirait de sono tant l’organe de madame est puissant, illustré d’accents qui sont comme visas sur un passeport. Le timbre est mémorable, le visage remarquable, taillé comme un dessin d’Hugo Pratt, comme une indienne incas. C’est un cas, oui, possible wamp, non par sa tenue mais par une attitude, une posture. Répertoire aux couleurs de l’arc-en-ciel concocté avec son complice violoncelliste, que rejoignent deux autres musiciens : un batteur et un guitariste, tous doués dans leur art. Ça donne forcément un surcroît de musiques salées et sucrées, comme un cocktail qu’on consomme en prenant le temps, prolongeant avec ravissement la soirée, mordant sur la nuit. Une jolie surprise festivalière. MK (photo Mauro Melis www.mauromelis.fr) Le myspace d’Anouk Aïata : http://fr.myspace.com/anoukaiata

Anouk Aïata, celle qui mange les nuages du ciel
Anouk Aïata, pour clore en beauté cette soirée très féminine débutée par Sophie Maurin puis, très haut dans le ciel, par la Loizeau. Faut être polyglotte pour tout saisir d’Aïata. Par défaut, on se concentre souvent sur sa présence, son dynamisme, son charisme. Elle n’en manque pas, celle qui se présente en femme-western et porte un nom en langue maorie, « la femme mangeuse des nuages du ciel. » C’est le genre de prestation idéale pour cabaret enfumé, aux odeurs d’alcools, aux voutes de pierre. Qui s’affranchirait de sono tant l’organe de madame est puissant, illustré d’accents qui sont comme visas sur un passeport. Le timbre est mémorable, le visage remarquable, taillé comme un dessin d’Hugo Pratt, comme une indienne incas. C’est un cas, oui, possible wamp, non par sa tenue mais par une attitude, une posture. Répertoire aux couleurs de l’arc-en-ciel concocté avec son complice violoncelliste, que rejoignent deux autres musiciens : un batteur et un guitariste, tous doués dans leur art. Ça donne forcément un surcroît de musiques salées et sucrées, comme un cocktail qu’on consomme en prenant le temps, prolongeant avec ravissement la soirée, mordant sur la nuit. Une jolie surprise festivalière. MK (photo Mauro Melis www.mauromelis.fr)
Le myspace d’Anouk Aïata : http://fr.myspace.com/anoukaiata

C’est tantôt français, tantôt english, souvent les deux. Double-culture, évidente restitution. Quatre musiciens, des complices, avec qui elle est arrivée au début du concert, prenant le public à revers. Avec qui elle sera, au terme de sa prestation, assise au bord de la scène, comme pour prolonger intimement, hors micros, cette rencontre.

Cinq immenses projos carrés, tressés, nattés, à la lumière tamisée, pile au-dessus de chacun des cinq protagonistes. Ça procède à l’intimisme de cette rencontre. A chacun sa part de lumière, chacun sa part d’ombre, même si tous jouent tout le temps en même temps. C’est dommage d’ailleurs, on aimerait que ces musiciens se donnent parfois en solo, que les instruments pénètrent crescendo dans les chansons, l’un après l’autre, doucement…

La soirée est en formule particulière. Sophie Maurin l’a précédée, Anouk Aïata suivra, toutes deux dans la salle exigüe d’à côté. Le point d’orgue est sans mal Loizeau. Et c’est difficile d’envisager une autre chanteuse dans le même set : Emily Loizeau frôle tellement (en grande humilité) la perfection que, même bardée de talent, aucune autre ne peut subir la comparaison. C’est dire le moment d’exception, qu’on gardera dans ses souvenirs de scène, précieusement…

Le site d’Emily Loizeau, c’est ici. Et là les précédents articles de NosEnchanteurs sur Emily Loizeau Image de prévisualisation YouTube

6 Réponses à Paroles et Musiques 2013 : Fais comme Loizeau

  1. Norbert Gabriel 30 mai 2013 à 13 h 57 min

    Pour Emily Loizeau et Anouk Aïata, c’est en scène qu’elles prennent toute leur dimension de charme, de charisme, de magnétisme, les albums en restituent une bonne partie, mais pas tout. Emily Loizeau est plus retenue sur les albums, alors qu’elle peut vous faire en scène un blues à la Johnny (vocalement) et en mieux. Pour Anouk Aîata, le charme opère à la première écoute, j’ai été immédiatement séduit, mais le plus de la scène, c’est de voir aussi l’indispensable Amos Mâh, beaucoup plus qu’un accompagnateur. Suivez ces dames…

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  2. Danièle 30 mai 2013 à 16 h 04 min

    Oh oui ! je veux bien suivre ces dames , faire swinguer mes rêves sur le piano de Sophie , et « Far away », m’envoler avec Emily vers les merveilleux nuages d’Anouk, au son envoûtant du violoncelle d’Amos , et déguster lentement ce cocktail fabuleux de tam-tam de soleil et d’horizons arcs-en-ciel . Mais voilà , comme dit si bien Sophie : » Je ne sais pas si je vais y aller -Dans ma tête ou avec mes pieds » !

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  3. Soleille 30 mai 2013 à 16 h 22 min

    Moi qui suis en PACA, mais qui viens d’Auvergne, cela m’énerve un peu tous ces festivals, cabarets et petits théâtres qui accueillent la bonne chanson dans toute la France, y compris dans des campagnes reculées, alors que je n’ai pu trouver jusqu’à présent ici que le Festival Avec le Temps à Marseille, et le Festival de la chanson française à Aix, et bien peu de lieux d’accueils en dehors des grandes salles pour « stars » reconnues…

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    • Michel Kemper 30 mai 2013 à 16 h 39 min

      Allez, Soleille, pour vous consolez de cette région piètre en chanson (artistes comme manifestations), on vous les fait vivre un peu par procuration. Prochains festivals : TaParole à Montreuil et Tadoussac au Québec. Occasion de rappeler aux festivals désireux d’avoir un suivi au jour le jour comme seul sait le faire NosEchanteurs qu’il suffit de nous contacter : nous en discuterons ensemble…

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    • Norbert Gabriel 30 mai 2013 à 17 h 09 min

      Pour Aix, c’est en Octobre, vous aurez la chance de pouvoir applaudir une artiste de scène qui a fait beaucoup de petites salles parisiennes, mais aussi l’Esprit Frappeur à Lutry cette année -qui la réinvite pour 3 jours l’an prochain- Valérie Mischler, et si ça ne tenait qu’à elle, elle serait sur les routes plus souvent, mais ça va venir… Et elle n’est pas la seule dans ce cas. Je retiens quil y a en PACA des zones à évangéliser en chanson…

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  4. juliette 2 juin 2013 à 8 h 56 min

    emily loizeau ,un enchantement..un envol..et son petit ventre ne l’empechait pas de sauter!!legere ,aerienne..portee par la musique..quels musiciens.ou plutot
    .quels magiciens! j’ai adore..

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