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Prix Sacem 2013 : je ris, Volver (puis je tire !)

Francis Lemarque, dont le nom est souillé par la Sacem (photo DR)

Francis Lemarque, dont le nom est souillé par la Sacem (photo DR)

 

revolver_S_W_22NosEnchanteurs ne peut faire relation de tous les prix de la chanson tant il y en a. Nous vous avons parlé la semaine passée de la remise des 66e Grands prix de l’Académie du disque Charles-Cros, presque en catimini dans les locaux de Radio-France. Quelques jours plus tard, sous les ors de l’Olympia se déroulait la remise des Grands prix de la Sacem, la société des auteurs compositeurs et éditeurs de musique. Comme pour le Charles-Cros, nous ne nous attarderons que sur les prix relatifs à la chanson (voir sur site les résultats complets).

Le Grand prix de la Chanson française « créateur/interprète » revient à Etienne Daho. Gageons que les membres du jury ont été sensibles au visuel pour le moins dénudé de son nouveau cédé ainsi qu’à Pascale Clark qui, sur France-Inter, avait annoncé que l’automne serait Daho (est-ce pour cela que nous sommes passés directement de l’été à l’hiver ?). Pour les seuls « créateur », ce Grand prix est revenu à Charles Dumont, un revenant, tant qu’on se demande ce qu’il a pu faire pour la chanson cette année. Le Prix spécial est adjugé à Serge Lama ; le Grand prix du répertoire revient à Zaz (deux albums, est-ce déjà un répertoire ? elle a dû rapporter beaucoup de sous à la Sacem…), la chanson de l’année est pour le Formidable Stromaé et le Grand prix des musiques du monde revient au brésilien Gilberto Gil. Rien d’original donc, que du convenu, ça ne sent pas beaucoup le souffle de la création, du renouveau. Le tenancier Sacem ne récompense que ses bons gagneurs comme un mac ses bonnes putes.

Non, l’originalité de cette remise de prix est pour le lauréat du Prix Francis-Lemarque : c’est Rover qui se l’adjuge. Rover ? Oui, Rover est le nom de scène et le projet solo du chanteur français Timothée Régnier. Un français qui ne chante qu’en anglais, faut-il ici préciser.

J’aime bien Francis Lemarque. Je souffre pour lui de le savoir se retourner dans sa tombe. Il faut être tombé bien bas (je parle de la Sacem) pour récompenser un groupe français qui ne s’exprime qu’en anglais du nom de ce formidable auteur et interprète français qu’est Lemarque. Qui ça ? Lemarque. J’espère que Rover s’est renseigné, au moins pour ne pas passer pour un con, sur la marque de son prix. On lira utilement la bio de Wikipédia sur Francis Lemarque.

Lemarque c’est le Front populaire, c’est Montand, c’est Prévert, c’est Marjolaine, Quand un soldat, plus de 400 chansons qu’on risque de perdre car on ne sait entretenir correctement la mémoire de la chanson, ce fameux répertoire que d’autres arts savent si bien mettre en valeur (théâtre, peinture, cinéma…). Lemarque c’est aussi la résistance. Quand on a été dans le maquis à risquer sa vie jour après jour pour libérer son pays du joug nazi, va-t-on donner son nom à un prix qui s’offre à l’envahisseur anglo-saxon, qui récompense la trahison de jeunes français yaourtant en english, qui encourage la disparition de notre langue au profit de l’anglais du bizness ? Non ! Mesdames, Messieurs de la Sacem, vous avez fait mauvaise pioche en agissant ainsi. Vous déméritez de votre fonction. Ne salissez pas, ne salissez plus le nom de Francis Lemarque ! Ayez au moins le respect qu’on doit à un grand, un très grand artiste français.

 

En vidéo, Quand un soldat, chanson de Lemarque, ici interprétée par Chanson plus bifluorée. Ainsi que Marjolaine… chantée par Monsieur Lemarque. Désolé, on n’a pas de Volver en stock. Image de prévisualisation YouTube 
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21 Réponses à Prix Sacem 2013 : je ris, Volver (puis je tire !)

  1. Danièle Sala 29 novembre 2013 à 21 h 42 min

    Oui , je comprends ce coup de gueule , et pourtant Rover n’est pas le pire des chanteurs français chantant en anglais . Je l’avais découvert dans une émission de Sylvie Chapelle sur France Inter , et l’anglais , il l’a appris à New-York où il a passé une bonne partie de sa vie . En tout cas merci pour ces deux chansons de Francis Lemarque . Pour le reste, je suis d’accord …On est passé de l’été à l’hiver …

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  2. Norbert Gabriel 30 novembre 2013 à 3 h 26 min

    Leader price !
    Frankie The Mark is very proud to say you : the Price Sacem 2013 , Sociéty Authors, Editors, Composers of Music is decerned to mister Rover, (it’s not a car’s factory, but a french singer) .
    Rabelais, Malherbe, Châteaubriand (it’s not a steack, but an old writer) Victor Hugo are enjoyed and delighted of this good new.

    Pour les has been qui n’ont pas fréquenté Shakespeare ou The Beatles dans leur scolarité, monsieur google translateur vous offre gratuitement la version du patois en usage entre Paris et Biarritz, ou Dunkerque et Vintimille, je ne vous garantis pas que le sens est fidèle, mais c’est rigolo…

    « Frankie Mark est très fier de vous dire : le Prix Sacem 2013, Sociéty des Auteurs, Editors, les Compositeurs de Musique est decerned à monsieur Rover, (ce n’est pas l’usine d’une voiture, mais un chanteur français).
    Rabelais, Malherbe, Châteaubriand (ce n’est pas un steack, mais un vieil auteur) on aime (jouit de) Victor Hugo et enchanté de ce bon nouveau
     »

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  3. Odile 30 novembre 2013 à 11 h 22 min

    Oui je suis d’accord avec vous Mr Kemper, je me demande bien ce que vient faire Rover dans le Prix Francis Lemarque.
    Merci pour les deux vidéos de ce chanteur oublié, pas pour tout le monde j’espère.
    Je ne connaissais pas la version de « Quand un Soldat » par Chanson plus Bifluorée, magnifiquement interprétée !

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  4. Pierre Yves Medina 30 novembre 2013 à 13 h 35 min

    Moi, c’que j’en dis, c’est qu’un Kemper, c’est beau énervé, ou c’est pas. Michel, patron national, tu viens de gagner une bouteille, dont je prélèverai, en hommage au milieu, 50%, en ta compagnie, il va de soi, afin que l’objectivité préside à la répartition des recettes. Gueule, mon Michel – tu permets que je t’appelle Michel ? – Tu me reposes. Tu es un mâle nécessaire.

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  5. Philippe Poncet 30 novembre 2013 à 13 h 44 min

    PYM était probablement explosé lorsqu’il a rédigé ce commentaire, moyennement éloquent. Espérons que Michel l’a calmé, depuis.
    Le sujet était: pourquoi les « chanteurs/chanteuses » doivent chanter en yankee, pardon en anglais ? Génération de merde.

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  6. Bangril Bourguet 30 novembre 2013 à 13 h 46 min

    C’est triste à pleurer. Dans une chanson dédiée au combat des kabyles pour protéger leur langue j’ai écrit il y a quelques années: « méfie toi de ceux qui veulent te couper la langue, qui perd sa langue renie sa mère ! méfie toi de ceux qui veulent te couper la langue, elle est ton bouclier contre les ennemis de la liberté! » extrait de ma chanson « Kaïna ».

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  7. Nicole Dussault 30 novembre 2013 à 13 h 57 min

    Quelle tristesse de lire que le prix est alloué à un Français qui ne chante qu’en anglais! Pourtant, notre langue  »’est une langue belle à qui sait la défendre
    Elle offre les trésors de richesses infinies
    Les mots qui nous manquaient pour pouvoir nous comprendre
    Et la force qu´il faut pour vivre en harmonie… » Yves Duteil

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  8. Georges Fleury 30 novembre 2013 à 14 h 00 min

    « L’exception culturelle », si difficile à obtenir et à maintenir, n’est-elle destinée qu’à favoriser des films grand public qui n’en ont nullement besoin ? Et les organismes publics ne devraient-ils pas être réellement tenus de diffuser prioritairement de la chanson française, adapter le vocabulaire anglo-sax(c)on comme le font les Québecquois et les Africains francophones… Ce joyeux effort, souvent très imagé, poétique… mais aussi très terre à terre, emmène le langage dans la réalité actuelle sans renier le passé !
    A propos de petits ruisseaux et des fleuves, la métaphore avec l’impérialisme interprétée par Julos Beaucarne « Si la Garonne Elle avait voulu ». A écouter et regarder sur Youtube.

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  9. Douton Jean-Pierre 30 novembre 2013 à 14 h 06 min

    Je ne suis qu’un amateur de chansons principalement françaises, très éloigné des guildes et boutiques académiques parisiennes. Il est vrai que j’ai toujours acheté, par goût personnel, la plupart des œuvres primées par l’Académie Charles-Cros. Et, vu de ma campagne, Sacem rime avec fric et pensions de retraite. Alors, tout simplement, le problème ne viendrait-il pas de là ?
    Heureux de constater que ma réflexion de Candide (« Sacem rime avec fric ») n’est pas si idiote lorsque je lis sous la plume d’un connaisseur comme Michel Kemper : « Le tenancier Sacem ne récompense que ses bons gagneurs comme un mac ses bonnes putes. »

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  10. Christian Camerlynck 30 novembre 2013 à 14 h 15 min

    Il y a un bon bout de temps que je dis que nous devons nous installer en résistance. Je ne sais pas comment encore, mais les chanteurs doivent prendre leur destin en main, arrêter de se battre sur le même terrain que les Pascal Nègre et consort. Je pense aussi qu’il nous faut chroniquer d’une autre façon la chanson. Bon, tout ça ce sont des idées que j’ai… pour moi si je ne paie pas pour chanter je ne chante plus… en Amérique Latine si… Quand je vois que j’ai encore des CD Camerlynck Chante Debronckart que des grands amoureux de la chanson copient, qu’il est sur le net en vente, que je l’ai produit de mes deniers, que je ne touche pas un sou alors que je sais qu’il se vend parce qu’on me le dit, je constate qu’il y aura une révolution à faire ou nous disparaitrons. Mais je continue quand même à chanter in French y en Espanol fuera de mi païs.
    Les artistes français devraient se retirer immédiatement de la SACEM s’ils en avaient le courage.
    La colère ce n’est pas la désespérance… ce n’est pas non plus la violence. Brel, Léo Ferré, Claude Nougaro se mettaient en colère. Quand Nougaro vend tout et part pour New-York il revient avec de bien belles créations. Quand il crie « Assez Assez ! » c’est de la colère. Aujourd’hui on s’attaque aussi à ceux qui sont régulièrement sur le terrain, dans la proximité. les Assedics ne veulent plus considérer le Théâtre Forum comme du Spectacle et de la Création, les stages et ateliers de formation que nous animons depuis (pour ce qui me concerne) plus de trente ans ne peuvent être pris en compte comme cachets d’artistes. L’émission de Serge Le Vaillant est remplacée par quoi ? Oui je persiste et signe : il y a des colères à exprimer. Comme l’ont fait les québécois.

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  11. japima 30 novembre 2013 à 17 h 01 min

    Merci pour cette colère qui m’a permis de re-entendre ces deux très belles chansons ; Francis Lemarque était quelqu’un que j’aimais beaucoup. Et que je continue à écouter… mais je suis bien certaine que personne parmi les jeunes chanteurs « à la mode » qu’on entend à longueur de journée sur les antennes ne connaissent seulement son nom ! Je suis bien triste en pensant à tous ces chanteurs que nous aimons et qui restent confinés aux petites salles et mériteraient tellement une audience plus large ; je me souviens de Michel Corringe qui, un jour, chez nous, s’élevait déjà il y a presque trente ans contre cette ignominie… Et ça avait été une formidable discussion entre lui, Julos Beaucarne et quelques autres pour savoir que faire… hélas on n’a pas trouvé !!
    Bien amicalement à vous et donnez-nous encore à entendre de la belle chanson !

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    • Norbert Gabriel 30 novembre 2013 à 18 h 53 min

      Romain Didier a été un des fidèles, il a été un des artisans du dernier album public de Francis Lemarque enregistré à Sarrebrück, où la radio animée par Susanne Wachs et Gerd Heger fait beaucoup pour la chanson française, en organisant des concerts par exemple… et en les enregistrant.
      C’était en Sept Octobre 1997, avec 15 musiciens classiques et 5 musiciens polyvalents, Hervé Legeay, David Venitucci, Stéphane Gremaud, Benoit Nicolas et Romain Didier, bien sûr…
      7

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  12. Odile 30 novembre 2013 à 20 h 13 min

    Merci Norbert pour cette précision concernant Francis Lemarque.
    Décidément Romain Didier a vraiment plus « d’une touche à son piano »
    C’est un Homme talentueux qui adore partager sa musique et celle des autres.
    Artisan, un nom qui lui va bien !

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  13. Odile 30 novembre 2013 à 20 h 50 min

    Mr Camerlynck, je suis en colère avec vous, pour tout ce que vous avez écrit plus haut.
    Et en ce qui vous concerne, je ne comprend pas, car votre CD Camerlynck chante Debronckart devrait être épuisé !
    Celui que nous vous avons commandé il y a quelque temps déjà, tourne souvent très souvent… c’est une merveille, on ne s’en lasse pas, ainsi que Camerlynck Roseau Duos.
    Tout deux commandés directement chez vous !
    Merci !

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  14. Pierre M. Lavallée 30 novembre 2013 à 21 h 10 min

    C’est la même crise d’identité qui fait que l’on ne peut écouter, au Québec, aucun long métrage français qui ne soit accompagné d’une chanson en anglais (pendant et après le générique)…

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  15. Frédo Bégnon 30 novembre 2013 à 21 h 13 min

    La sacem ne défend pas la chanson française mais le porte-feuille des rentiers.
    J’ai un album qui doit sortir mais qui est bloqué depuis 3 mois par ces ronds de cuir. Mon éditeur et moi sommes dégoûtés.

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  16. LAUGIER CATHERINE 30 novembre 2013 à 22 h 05 min

    J’avais été atterrée en voyant ce palmarès (et le silence sur les prix Charles-Cros). Bémol quand même, j’aime beaucoup Stromae malgré son succès, j’espère seulement qu’il ne prenne pas la grosse tête, j’aime assez le dernier CD de Daho, alors que je ne l’apprécie pas d’habitude, et j’aime bien la voix de Rover. Mais on ne voit guère le rapport avec Francis Lemarque, et avec tous les auteurs-compositeurs de talent que l’on a… en français de plus… seulement il leur manque la partie « édition ». Indépendants, pas assez bankable (MDR Norbert, pour dire comme les djeunes !) Bon je vais écouter la fin de Livemedo (!), il y a Beaupin et de la Simone qui y passent…

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  17. François Bonneau 1 décembre 2013 à 10 h 39 min

    Un jour, l’idée de créer une société des auteurs compositeurs qui ne travaillent qu’en français va germer et je serai volontaire pour y adhérer…

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  18. Catherine Laugier 10 avril 2023 à 19 h 25 min

    Ça ne s’arrange pas avec le temps (tout s’en va…).
    En 2022 le Grand Prix de la chanson française (Création interprétation) c’est Clara Luciani. Passons, elle écrit des chansons en français et les interprète d’une façon qui peut plaire.
    Le Grand Prix de la chanson française (Création) c’est Skread. Un compositeur et un producteur. De …chanson française ? Non, c’est bien en français mais pas très chanson, essentiellement du rap, Orelsan, Nekfeu, Gims, Stromae (le plus chanson), et en 2022 encore Orelsan (lui-même récompensé du Grand Prix des Musiques urbaines – Basique !).
    Le Prix spécial de la Sacem c’est Yves Simon. Spécialement pour les droits d’auteur qu’il engrange, sans doute, étant donné qu’à part un disque en 2007, il n’a rien écrit ni chanté au XXIeme siècle. Sinon on l’a beaucoup aimé, Simon.
    Le prix Rolf-Marbot de la chanson de l’année c’est ‘Dernier jour du disco’ de Juliette Armanet. Choix audacieux.
    Le Prix Francis-Lemarque de la révélation c’est November Ultra. Qui a une jolie voix et ne chante qu’en anglais.
    Voilà. Comme ils disent. Après tout la Sacem gère des droits d’auteur, on ne peut pas lui demander autre chose.

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    • Michel Kemper 12 avril 2023 à 10 h 38 min

      La Sacem ne s’intéresse que peu à la qualité ; seule la quantité compte et ses récompenses ont la délicate et suave odeur des bilans comptables.

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  19. SCHWALL 13 avril 2023 à 18 h 10 min

    Comme l’écrit Christian, « Les artistes français devraient se retirer immédiatement de la SACEM s’ils en avaient le courage ». Pour ce qui concerne « Les Jetés de l’Encre » Gilles Maire notre auteur compositeur interprète, a opté pour la licence « Creative Commons » avec la vente des 3 disques sur le site internet. Il faut bien avouer que les ventes de CD sont de moins en moins d’actualité et qu’il faut accepter les évolutions technologiques. Les autoradios réclamment des clés USB et il est possible de vendre facilement la musique par l’intermédiaire des QR codes permettant de télécharger les chansons ou les albums sur les ordinateurs et smartphones. Toutefois, rien ne vaut la musique vivante en espérant vous rencontrer à l’occasion de nos concerts qui seront nombreux au cours de la première quinzaine de juin. En tous cas A bon entendeur salut.

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