Musicales de Flamarens 2014 : Vive la reprise !

Julie, de Santas n’the little girl (photo Claude Fèvre)

6 août 2014, dans la cour du château,

Il sera dit que nous ne quitterons pas de sitôt la question de la reprise ! Juré, pas de stratégie de la part de NosEnchanteurs ! Et pourtant ce soir, impossible de ne pas vous parler de ce très jeune trio invité en première partie. Un nom de groupe improbable « Santas n’the little girl » (!!) annonce la reprise des « grands » B… Sur scène une contrebasse, une guitare, un cajun et des cymbales. C’est un gage de dépouillement et c’est bien.

Après l’introduction de la contrebasse, la jeune chanteuse apparait, chevelure blonde ébouriffée (un petit air de Buridane), lunettes cerclées de noir, une plastique de rêve que soulignent un collant noir, et le raffinement d’une blouse légère, ivoire surlignée de noir. Non, il ne s’agit pas là de détails insignifiants ; en scène, les premières secondes sont capitales, nous le savons bien. Quand elle se met à dire le texte des Mots de Claude Nougaro pour enchaîner sur le Jazz et la Java, je sais déjà qu’elle a gagné mon écoute curieuse et attentive.

S’enchaînent alors Le Fossoyeur, la Mauvaise Herbe, La complainte des filles de joie, dans une surprenante et délicieuse re-création, des arrangements où les percussions mettent des touches légères aux scansions de la contrebasse. C’est un régal assurément d’entendre cette belle voix, assurée et nuancée s’emparer ainsi de nos classiques. Quant elle ose Brel avec Au Suivant, elle bouscule tous nos codes et, à cette heure d’obscurantisme sexué, on voudrait crier notre enthousiasme.

Le trio parsème ce set de courtes échappées en terres anglo-saxonnes, et leurs voix réunies offrent par instants encore d’autres possibles.

Le punk-rock de Fais-moi mal finit de me convaincre que cette chanteuse-là a de quoi trouver sa place au soleil de la Chanson, pour peu qu’elle fasse les bonnes rencontres et gagne en confiance. Elle se débarrassera alors de son pupitre qu’elle consulte sans cesse de peur de perdre le fil de ses maîtres et le seul accompagnement d’une basse lui suffira, tant elle a de qualités pour devenir une grande interprète à l’instar de celle qui lui a tracé la route. Car il est temps de dire qu’elle est tombée dans la potion en quittant le sein de sa mère, Karin Wullscheleger, oui, la Rouquiquinante ! Encore elle, mais à Flamarens, sur ce jeune festival, elle est la grande prêtresse de la Chanson ; avec sa fille Julie (tiens, le même prénom que Buridane !) elle lui fait une sacrée offrande !

Alors si les puristes peuvent s’offenser de ces reprises-là, nous savons depuis longtemps que « les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux » et la jeunesse s’en fout bien. Et c’est très précisément ce que nous espérons d’elle !