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Manu Galure, toute la pluie tombe sur lui

Oh, ce disque ! Aussi étrange, qui vous fout aussi mal à l'aise que cette photo mi tondue de la pochette, comme si l'eau qui tombe sur Galure était une pluie acide. Mal à l'aise, oui. Et pis, dans le même temps, irrésistiblement attiré par ce qui peut apparaître comme fruit défendu, comme truc malsain. Rien n'est simple, tout est bizarre, étrange, cruel parfois : « Quand je fais des bétises / Papa / prend son marteau-piqueur / et écrabouille mes doigts... » Ici, y'a pas que la pluie qui tombe drue. Y'a comme décomposition, putréfaction. On a envie de quitter l'écoute, se réfugier en d'autres disques, bien propres, formatés, aseptisés. Ou, plus sûrement, dans le silence. Et on poursuit quand même, avec vaillance, mais pas sans hésitation. Enigmatique, envoûtant. Folie que ce disque, que cette chanson. Dans son article, Claude Fèvre parle d'univers surréaliste mais ça me semble bien plus que ça : ici, c'est Vol au dessous d'un nid de gadoue (cause à la pluie, vous me suivez ?). Fuir ? « Ramène-moi à la maison » dit-il... Que de la pluie est sans doute l'opus le plus abouti de Galure : c'est manifestement le plus barge. Il a d'l'allure ce Galure, c'est sûr. C'est même pas du Boum, Trenet (qu'il requinque plus encore) ou non, c'est de la TNT ! Ça vous pête dans l'oreille. Une fois entendu, vous ne pourrez plus l'oublier ! MK

Oh, ce disque ! Si étrange, qui vous fout aussi mal à l’aise que cette photo mi tondue de la pochette, comme si l’eau qui tombe sur Galure était une pluie acide qui le ravage, le mine. Mal à l’aise, oui. Et puis, dans le même temps, irrésistiblement attiré par ce qui peut apparaître comme fruit défendu, comme art incongru, poisseux. Rien n’est simple, tout est bizarre, cruel parfois : « Quand je fais des bêtises / Papa / prend son marteau-piqueur / et écrabouille mes doigts… » Ici, il n’y a pas que la pluie qui tombe drue. Il y a comme décomposition, putréfaction. On a envie de quitter l’écoute, se réfugier en d’autres disques, bien propres, formatés, aseptisés. Ou, plus sûrement, dans le silence. Et on poursuit quand même, avec vaillance, mais pas sans hésitation. Enigmatique, envoûtant… Folie que ce disque, que cette chanson. Dans son article, Claude Fèvre parle d’univers surréaliste à son propos mais ça me semble bien plus que ça : ici, c’est Vol au dessous d’un nid de gadoue (cause à la pluie, vous me suivez ?). Fuir ? « Ramène-moi à la maison » chante-t’il… Dans ce disque, il y a, pas si enfouis que ça, toutes les douleurs et cruautés de l’enfance qui remontent à la surface…
Que de la pluie est sans doute l’opus le plus abouti de Manu  Galure : c’est manifestement le plus barge. Il a d’l'allure ce Galure, c’est sûr. C’est même pas du Boum, Trenet (qu’il requinque plus encore) ou non, c’est du TNT ! Ça vous pète dans l’oreille. Une fois entendu, vous ne pourrez plus l’oublier !
MK

Après le printemps et la sortie de l’EP 4 titres, voici l’automne et l’album dans son bel emballage ! A l’ère de la dématériali- sation de l’objet culturel, c’est un plaisir haut de gamme de découvrir cette pochette et son contenu. C’est d’abord une photo, celle d’un Manu Galure au bord des larmes à moins que ce ne soit simplement la pluie qui ruisselle sur son visage. Son crâne est partagé en deux, entre chevelure frisée et crâne rasé. De quelle coupure, fracture, cassure, de quelle déchirure, césure nous parle cette image de l’artiste dont on connaît la folie créatrice ?

Ouvrons : une photographie partagée entre ciel et terre s’étale sur trois volets, dans des tons sombres. Manu, en très jeune homme, petite casquette sur la tête, brin d’herbe à la bouche, silhouette presque enfantine, perché sur une falaise, tient une longue baguette qui lui sert de canne à pêche… Au bout du fil, un oiseau… « Sur l’hameçon de ma canne à pêche/ J’accroche doucement de tout petits oiseaux / Pour attraper des autruches et des avions » (Maman).

Inspiré par cette image énigmatique, feuilletons le livret, papier glacé, lettres noires sur fond blanc. Mathias Chomel, graphiste, a eu bien de l’inspiration avec ces polices différentes pour chaque titre de chanson, avec cette fantaisie débridée dans la mise en espace, mise en scène du texte, jusqu’à vous contraindre à lire une moitié d’une chanson dans un miroir… Quant aux textes, ils sont à l’avenant : il s’agit bien de dérouter, déranger, d’étonner, surprendre, amuser aussi, dans un univers surréaliste. La poésie est à chaque page, jamais bien loin de l’enfance, celle qui flirte avec le rêve comme avec le cauchemar : « Maman veut pas que je mâchouille / Les enjoliveurs de la voiture à papa / Maman veut pas que j’écrabouille / Tous les gens/ Alors on ne sort pas. » C’est là le début de la première chanson.

Écoutons, avec ces arrangements auxquels le précédent album Vacarme et les concerts de Manu Galure nous ont habitués, toute cette folie de sons, de bruitages, autour du piano, de synthés, des platines. Écoutons Que de la pluie, que le rythme enjoué ne dispense pas de quelques piques bien senties à l’adresse de notre monde où « le fric et l’argent sale coulent vers le haut », des chansons d’amour, la supplique tendre et mélancolique de Ramène-moi à la maison, Flamant Rose, en écho à une autre si émouvante, « je serais perdu, si tu ne me trouvais pas comme il faut », Trois petits Cochons, où les cochons ne sont pas ceux que l’on croit, le clin d’œil appuyé à Charles Trenet, le maître (?) avec la reprise de Boum, pour finir avec trois chansons qui brutalement nous ramènent à cette vie de peurs dans lesquelles nous nous complaisons (Les épouvantails), « tout qui fout’camp, tout qui déraille », et le poète qui s’évade de ce monde dérangé comme il peut, Dragster ou Canapé : « Je deviendrai un nuage / Je me laisserai pleuvoir / Vous me réveillerez quand il sera trop tard. »

Manu Galure, Que de la pluie, Bacchanales/L’Autre distribution 2014. Sortie publique le 10 novembre. Le site de Manu Galure c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit c’est là. En concert solo piano voix à Ivry le 22 novembre, puis en quartet à partir de janvier : 28 janvier au Bikini à Toulouse et 9 février au Pan Piper, Paris 11.

Bien qu’en passe d’être dans les bacs, ce disque est encore en souscription. On peut y participer (c’est même encouragé) ici.

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6 Réponses à Manu Galure, toute la pluie tombe sur lui

  1. Patrick Engel 21 octobre 2014 à 10 h 40 min

    Galure fidèle, fidèle, il est resté fidèle à lui-même, tel qu’on l’aime, quoi… Pour avoir eu la chance d’en découvrir quelques titres cet été sur une charmante petite route corrézienne, j’attends avec toute l’impatience requise de pouvoir glisser cet album dans ma chaîne et de le faire découvrir comme il se doit tout autour de moi.

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  2. Nicolas BACCHUS 21 octobre 2014 à 11 h 29 min

    Oh, bravo, bel article !
    Pertinent, donnant bien à voir les différentes facettes du disque…
    Le producteur doit être content ! :D
    Une seule remarque : je pense que ça a plus de chance d’exploser comme « du » TNT que de passer sur « la » TNT ! :p (mais faut toujours que je chipote, hein…)
    En tout cas, pour tout ça, merci et chapeau bas !

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    • Michel Kemper 21 octobre 2014 à 11 h 35 min

      Bon, et si la TNT m’explose, moi ? !

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    • Norbert Gabriel 21 octobre 2014 à 12 h 14 min

      Certes certes, nous ne choyons pas assez les producteurs, surtout les producteurs bacchiques… et chics…

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  3. Nicolas BACCHUS 21 octobre 2014 à 11 h 48 min

    L’un ET l’autre, ce serait super, remarque !

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  4. Patrick Engel 21 octobre 2014 à 11 h 53 min

    Toutes les perversions sont dans la nature, ça se respecte..!

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