Les Fils de ta mère se jouent de Barbara
Sauvé dans Claude Fèvre, En scène, L'Équipe
Tags: Barbara, Chouf, Les Fils de ta mère, Manu Galure, Nouvelles
Chouf, Florent Gourault, Manu Galure, Marion Josserand, 9 novembre 2014, café associatif Chez ta Mère, Toulouse.
Nous les avions entendus dans le triptyque Brel, Brassens, Ferré… alors qu’atten- daient-ils pour s’en prendre à Barbara ? Voilà, c’est fait !
L’idée même de ce rendez-vous ne manquait pas de nous intriguer, de nous surprendre, voire de nous inquiéter. Connaissant les prestations de ce collectif sans foi ni loi (entendons-nous bien, c’est précisément ce que nous aimons chez eux) qu’allait-il faire du répertoire de Barbara ?
En ce troisième soir, le café est plein à craquer et le syndrome Barbara n’y est pas pour rien, réunissant là toutes les générations, avec, notons-le, une majorité de « jeunes ».
Le bar ferme à 20h30 et c’est accompagnée de sifflets d’oiseaux, au cœur même de la salle, que s’ouvre une joyeuse échappée dans l’univers de la chanteuse dont le quartet de ce soir entonne Au bois de Saint-Amant. Manu Galure s’installe au piano pour notre plus grand plaisir, en même temps qu’il prend place en monsieur Loyal, prêt, comme il se doit, à toutes les « galurades », mot lâché par Florent. Sur le registre de l’ironie, le ton est donné, en s’amusant avec justesse de ce qui a tant dérangé Barbara. Non, répétait-elle, elle n’était pas une grande dame de la chanson ni une tulipe noire, ni poète, ni oiseau de proie… elle n’était pas désespérée du matin au soir. Et c’est donc lui rendre justice que d’éviter la solennité, la componction. Humour et joie ont donc emporté le public ce soir, ce qui n’a pas exclu, loin s’en faut, l’émotion.
Ce fut un réel plaisir que d’entendre le piano jazzy de Manu, soutenu par la guitare électrique de Chouf dans Gare de Lyon ou L’homme en habit rouge, dans Marienbad qui ne déparerait pas dans leur répertoire respectif. Ce fut irrésistible aussi d’entendre Chouf chantant Göttingen en allemand et essayant en vain de suivre le piano de Manu, emporté dans un jeu échevelé, de plus en plus rapide. Ce fut savoureux et au final particulièrement émouvant, de suivre Dis quand reviendras-tu ?, sur un rythme très ralenti. Pour perdre du temps, avait prétexté Manu en introduction, faute d’un nombre suffisant de morceaux…
On oubliera vite quelques moments plus faibles, accompagnés à la guitare acoustique, comme L’aigle noir, ou la version française de Göttingen car ce soir nous a offert une délicieuse découverte, celle de Marion Josserand, l’invitée inattendue. Quand elle s’est mise au piano pour interpréter Le bel âge, elle qui fêtait la veille ses vingt ans (!) et ses premières apparitions en scène, on s’est pris à penser que l’on assistait peut-être là à un grand moment de l’histoire de la chanson toulousaine… Belle et délicate jeune fille brune, étudiante en musicologie, violoniste, elle a prêté à Barbara sa voix avec justesse et émotion.
20 ans, le bel âge !
La page facebook des Fils de ta mère, c’est ici ; leur mère, c’est là.
Mais pourquoi diable « de la chanson toulousaine »..?!? Et après ça, on va venir nous taxer, pauvres de nous, de « parisianistes » !!!
Cela dit, voilà un petit papier qui donne bien des regrets de n’avoir point été dans la salle… Il n’y a vraiment de la chance que pour la province !
Oui, pourquoi diable ?
« Est-ce la main de Dieu,
Est-ce la main de Diable,
Qui a tissé le ciel, De ce beau matin-là,
Lui plantant dans le coeur,
Un morceau de soleil,
Qui se brise sur l’eau,
En mille éclats vermeils ? ‘…) »
(Chapeau bas)