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Retour Aubercail : Sarah Olivier / Paris Combo

Sarah Olivier (photo d'archives Athos99)

Sarah Olivier (photo d’archives Athos99)

De retour donc sous le chaleureux chapiteau du Magic Mirrors pour une soirée féminine jusqu’au bout des ongles, mais pas que… Quelle belle programmation à nouveau. Et que cet écrin de bois et de miroirs sied à merveille à ces deux chanteuses hautes en couleurs !

Épaulée par une solide formule guitare électrique/contrebasse/batterie,la tornade Sarah Olivier déboule sur scène toutes dentelles dehors, flamboyante et généreuse comme à son habitude. Après une douce intro en solo à la guimbarde vaporeuse, elle se lance dans un « Pink Gallina » déchainé, avec au fond de la voix une belle et suave sauvagerie. A ses côtés, le flegmatique Stephen Harrison, dandy punk en costume trois pièces, se lâche d’emblée et fait virevolter sa contrebasse comme un vulgaire ukulélé. 

Au bout de quelques titres, aidée d’une camériste dévouée, la diva se débarrasse de sa longue et stricte robe victorienne et de son translucide boléro d’organdi, pour mieux revenir en justaucorps et mini-jupe de cuir noir, toute en jambes gainées de rouge et bottines noires, telle une moderne Nina Hagen stendhalienne, bombe anatomique exacerbant la sensualité de nos sens alités… Derrière elle, rigoureusement impassible, la batteuse en tailleur blanc post-thatchérien martyrise méthodiquement à la baguette la peau tendue de ses futs sonores. Au fil des mots jetés en pâture à un public sidéré et ravi, les styles se mélangent et s’imbriquent, pop-rock, punk, rockabilly, baroque, tout y passe et trépasse pour mieux renaitre par la grâce cette voix de divine diva excentrique, barrée et poétique.

Annonçant un tango, elle envoie un blues effréné à l’harmonica (et jamais le «ruine-babines » n’aura aussi bien mérité son nom…) avant de se lâcher en anglais, parce que le blues en français, c’est de la merde ! Un grand moment musical, entre bagou et bayou… De moins en moins flegmatique, Harrison en profite pour nous livrer son grand morceau de bravoure, la contrebasse brandie à bout de bras au dessus de la tête, claquant les cordes avec les dents tel un Hendrix cravaté sous acides substances prohibées… Punkette d’opérette, succulente succube, Sarah Olivier ne rate pas une occasion de se jeter au sol, de s’y rouler en mogulant ses textes à qui mieux-mieux (j’invente des mots si je veux !), moitié Higelin au féminin, moitié Chrissie Hynde, troisième moitié encore Screamin’Jay Hawkins, parce qu’elle le vaut bien.

A l’occasion d’un fabuleux tour de magie, elle disparait derrière la contrebasse pour mieux revenir dans une incroyable robe verte parsemée de baisers rouges. Impeccablement fleuri, sur la tête crânement perché, un ravissant petit bibi fricotant avec ses mèches folles, elles aussi.

Et puis, l’émotion, lorsque après avoir fait l’imbécile avec sa bouteille d’eau, elle se retrouve trempée, le rimmel dégoulinant sur ses joues telle une tragédienne de la Grèce antique. Une grande dame !

 

Paris-Combo (photo d'archives DR)

Paris-Combo (photo d’archives DR)

Pause bien méritée et petite collation plus tard (avec une pensée pour les nombreux bénévoles du bar et d’ailleurs), et c’est Paris Combo au grand complet qui débarque sur scène avec ses imparables mélodies jazzy et sensuelles, emporté par la charismatique et mutine Belle du Berry, petit haut vaporeux et pantalon de cuir noir. Il faut oser attaquer un concert avec Je suis sourde (je vis au pays des esgourdes), mais le ton est donné, celui d’un bain de fraicheur, d’émotion et de légèreté. Une véritable cure d’optimisme en musique, plus que bienvenue dans un monde un peu trop ponctué en ce moment par les mélodies saccadées des kachalni…, des kalanish…, des klachinov…,  ah merde, saloperie de djihadistes !

Entourant la belle, les musiciens du combo rivalisent de maitrise et de groove. A la guitare, Potzi et ses doigts d’or, à la batterie et aux chœurs François Jeannin dit François-François, à la contrebasse le monolithique Emmanuel Mana Chabbey, sans oublier bien sûr l’incontournable et talentueux David Lewis aux claviers et à la trompette, parfois même simultanément (si, si). Moment d’anthologie toujours très attendu sur le morceau Sous la lune, son solo de trompette aquatique plongée dans un seau à champagne nous emporte dans un lent tourbillon de notes en bulles noctambules semblant remontées tout droit de l’épave du Titanic pour venir éclore à la surface d’un océan de mercure liquide…  

Les titres suivants se font plus sautillants, plus dansants aussi et l’on peut regretter à ce propos la configuration assise d’une salle bien sage hier soir, malgré le déploiement d’énergie offert sur scène par Belle et ses comparses, laquelle déplorera même à un moment avoir l’impression de jouer après une rave à 10h du matin… Glorieuse incertitude du spectacle vivant, il est des fois où, contrairement à la formule célèbre de Louis Jouvet, le public n’a pas de talent ! Quoi qu’il en soit, petit à petit, les spectateurs se laissent gagner par l’ambiance et se mettent à dansouiller gentiment sur les côtés de la salle, avant, tout de même, de se laisser aller à l’euphorie de fin de concert et d’envahir pour de bon l’espace devant la scène. Merde, Paris Combo, quand même !!!

Notons que vous pourrez très prochainement les voir tout près de chez vous, puisque cette date à Aubervilliers est la première d’une longue tournée qui les verra très bientôt jouer à Sidney, Melbourne, Glasgow, Boston, Chicago, New-York, Saint Pierre-et-Miquelon, Montréal et Toronto.  Pas d’excuses, donc.

Mais demain est un autre jour.

Le site de Sarah Olivier, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Le site de Paris-Combo c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.

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