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Babx, le moment de grâce

Babx (photo)

Babx, la magie opère et le concert commence… (photo Pierre Muller)

Babx, 17 octobre 2015, Les Bains-douches, Lignières,

 

Bouleversant concert littéraire que ce Cristal automatique#1, initialement créé pour la maison de la Poésie à Paris et diffusé sur les ondes de France Culture en avril 2014. Si Babx n’avait pour idée première d’en faire un disque ni même un spectacle-concert, petit à petit ce fut une rare évidence. Nous pouvons en être ravis.

Après cinq années de passion et de gestation – et désormais, sur son propre Label -, Babx chante les poètes enragés, maudits, ensorcelants, et nous les livre tels des joyaux. Les mots et les sons envoûtent, transcendent, déconnectent. Nous nous envolons vers des planètes merveilleuses aux couleurs d’élixirs, parfumées d’aigre doux, pimentées de désespoir et d’amour amères…

Cet univers fantastique, fait de musiques et de mots tels des cris du cœur, nous arrache à nos quotidiens trop sages. A un Prévert qui affirme, en boucle, « Moi la poésie je ne sais pas ce que c’est », Arthaud clame sans relâche « C’est de la Magie noire »… Ferré répond, d’autres s’en mêlent, et toutes les voix se confondent en des phrases obsédantes et sourdes aux autres. Et là, cette « magie » opère et le concert commence…

Les instruments, peu a peu, un à un, s’accordent et se confondent en un crescendo obsédant couvrant peu à peu les mots des poètes. Puis tout s’emballe comme dans une course effrénée. Un galop infernal rythmé par les baguettes virtuoses d’un tambour affolé, nous entraine dans un voyage littéraire et musical inoubliable.

Dans ce nouveau spectacle Babx met en musique Rimbaud, Aimé Césaire, Jean Genet, Tom Waits, Artaud, Baudelaire, Kerouac et quelques autres. Il y distille son incroyable sensibilité musicale. Ses cris de survie se noient dans des arrangements musicaux au service des textes. Tel Chopin, composant son fameux prélude à Valldemossa, une note devient « goute d’eau » monotone puis tantôt infernale. Le clavier semble frappé par des mains de géants et des bras d’athlète. Le tout est en totale osmose avec ses deux compères, compagnons de routes, magnifiques : Laurent Lefèvre, au violoncelle et à la basse et Frédéric Jean, à la batterie, sont d’une telle sobriété intense que les instruments semblent jouer seuls. Il s’y dégage une force inouïe aux nuances vertigineuses. Aucun artifice ne vient troubler les confidences et les propres excès des « poètes maudits » livrés en pâture à nos oreilles captives.

Enfant, Babx se blottissait sous le piano de sa mère, tout comme George Sand se cachait sous celui de sa grand-mère, puis plus tard sous celui de Litz.

Cela laisse des traces et David Babin, très jeune, su conjuguer musiques et poésie et décliner d’innombrables formes tant musicales que littéraires. C’est ce qui nous frappe dans cette nouvelle œuvre : la diversité des ambiances, des arrangements, des styles. Il en va de même de son interprétation des textes, nuancée et vivante, sans déclamations inutiles, sans emphase. Cette voix parfois chuchotée puis portée par les hurlements des cœurs torturés, nous hypnotise.

Ce moment de grâce, le plus naturellement possible, se termine sur les voix aux monologues absurdes, celles qui ouvrent le spectacle. Lesquelles, en refermant la boucle, nous invitent à ouvrir quelques recueils oubliés ça et là dans nos mémoire où sur des étagères jaunies par le temps.

 

Le site de Babx, c’est ici.

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