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Avignon Off 2016. Justin Lacroix, la toune du Manitoba

Justin Lacroix à l'Arrache-Coeur (photo DR)

Justin Lacroix à l’Arrache-Coeur (photos DR)

Off Avignon, Théâtre l’Arrache-Cœur, salle Moustaki, L’air frais de l’Ouest canadien, 15 juillet 2016, 12 heures,
 
Né francophone dans une région du Canada majoritairement anglophone, voici Justin, voyageur au long cours, parti à la conquête de… l’Est, la France  sa mère patrie.
Connaissez-vous le Manitoba ? Les Français ne sont pas réputés très bons en géographie. Il est vrai que cette région centrale du Canada, forte d’une petite communauté francophone de 30 000 habitants résistant à l’envahisseur anglophone qui colonisa Winnipeg, tel Astérix et son village d’irréductibles, si vaste soit-elle, entre Saskatchewan  à l’ouest et Ontario à l’est, est avant tout pays de bois et de prairies faiblement densifié. Et pour y faire une tournée il faut remplir deux pleins d’essence entre chaque étape. Il y fait froid l’hiver et chaud l’été, mais Justin a découvert à Avignon une amplitude de température insoupçonnée, entre la première semaine caniculaire et la seconde mistraleuse !
Il ne débarque pas à l’inconnu en France, il a déjà testé l’effet de l’air frais manitobain sur nos oreilles et notre cerveau de résidents du vieux continent. Allure de folkeux voyageur avec sa longue chevelure brune, petite barbe et moustache qui lui donnent un côté mousquetaire, il se présente debout en toute simplicité et ici en solo.
De son papa musicien de soirées il a hérité du goût de la pop, a joué tout petit du violon puis de la guitare, et se reconnaît des influences allant de Cabrel à Hendrix en passant par le Québécois Daniel Bellanger.
Justin Lacroix image spectacle vrai 446 x 531Toujours inquiet de n’être pas compris,  doux poète un peu timide, « insecure » dit-il, il voyage tant dans sa tête que sur la planète où il s’aventure, poussé par la voix de son frère trop tôt disparu dans un accident en Australie. Vêtu d’un joli jean aux marbrures cramoisies, d’un polo blanc, et ayant troqué ses santiags contre des tongs, midi de la France oblige, il nous arrive en force et en douceur, dans non pas un, mais deux spectacles.
Celui de midi, c’est le plus chansonnesque, majoritairement en français, souffle des grands espaces, spectacle plein de rêve, d’amitié offerte, de recherche de beauté, de rencontres,  une utopie réalisée dont nous avons bien besoin treize heures après l’horreur indicible de l’attentat niçois.
Il enchaîne dans la foulée un show rock-folk au restaurant-concert le Meatpacking à 14h15, ambiance roots-rock-blues en français et en anglais où il répond aux choix du public pour se renouveler à chaque concert. Mais ceci est une autre histoire, que je vous laisse découvrir par vous-mêmes.
Dans la coquette  salle Moustaki, il va se raconter avec pudeur, nous parler de son pays méconnu en France, de sa famille, de ses voyages : les Japonais l’ont encouragé avec un « Donne-s-y tout ce que t’es » prétexte à chanson rythmée, les Français l’ont bien accueilli aussi, même si les jolies bordelaises lui paraissent intouchables.
Malgré cette timidité dont il nous parle à plusieurs reprises « Je cherche et je partage », on sent malgré tout qu’il n’en fait qu’à sa tête de coureur des prairies.
Justin est un introspectif qui a Tout dans [sa] tête. Sa voix s’envole, sa guitare tourbillonne, pour nous évoquer cette sensation d’être « Trop petit, trop grand ». Il a dans ses valeurs la conviction  qu’il convient de prendre son temps pour bien vivre : « un pas à la fois, c’est comme ça que je rentrerai chez moi, le gauche et le droit », thème qu’il développera plusieurs fois, jusqu’à la chanson finale La vie est belle qu’il nous donnera en baume pour notre chagrin : « Tu l’verrais bien si tu te laissais le temps, tu n’peux pas l’anéantir (…) Ralentis c’est dans l’instant qu’on sent la vie / Dans ce moment qu’on sent le bon vent ». Il nous parle d’amour: Café noir, « J’aurais voulu tout te boire (…) Tu brûles en moi encore (…) je te vois dans des miroirs (…) Tu valses en moi encore ». Et puis surtout de l’absence de ce frère dont la voix l’incite à partir « Ce goût d’aventure/ Cette soif éternelle/ C’est la chanson de ce voyageur fidèle ».  Dans « J’suis ben dans mes bottes de cow-boy » – Prononcer Kaboï- celles que lui a léguées son frère,  il exorcise sa douleur en rythme et en gaieté.
Sa voix monte dans les hauteurs en s’éraillant, redevient douce et grave pour nous mettre en garde contre « trop de pression », alterne les rythmes, le banjo et la guitare, ponctue d’un trait d’harmonica, introduit  une chanson en anglais (il est parfaitement bilingue) What’s this beauty, fait chanter et claquer des doigts le public sur La folie en quatre…
Merci à ce chansonnier (chanteur, en manitobain) libre et rêveur qui nous montre que le monde est beau malgré ses vicissitudes. Un scoop, il semblerait qu’il soit appelé à poser un instant ses Boulet (marque de santiags canadiennes, NDLR) du côté d’Aix en Provence…

 

Au Théâtre de l’arrache-cœur, salle Moustaki  13 rue du 58 eme RI Porte Limbert (i7 sur le plan d’Avignon) à 12 h, réservations au 04.86.81.76.97, et au restaurant Meatpacking 44 boulevard Saint-Michel (i8) à 14h15, réservations au 04.28.31.74.30,  jusqu’au 30 juillet. Le site de Justin Lacroix, c’est ici ; pour l’écouter c’est là.

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