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Barjac 2016 : Onze-onze, la chanson dans tous ses états…

Roxane Joseph, Michel Kemper et Hélène Hazera (photos Catherine Cour)

Roxane Joseph, Michel Kemper et Hélène Hazera (photos Catherine Cour)

C’est presque du Boby Lapointe : de onze heures onze à midi onze, tous les jours à la salle de cinéma du village (salle Regain), une rencontre était organisée entre festivaliers et quelques personnalités différentes chaque jour, pour y parler… évidemment chanson ! C’était une nouveauté du festival et ce fut un succès : les 90 places disponibles étaient occupées tous les jours par un public avide de partager et de connaître….

D’abord partager avec la vedette de la veille. Ainsi Michèle Bernard a pu communiquer à la fois son plaisir d’avoir été ovationnée par le public malgré l’inconfort de la salle, et sa frustration de n’avoir pas fait son spectacle sur la grande scène mythique de la cour du château inondée. De même Chloé Lacan a expliqué comment le changement de dimension de l’espace et du temps disponibles, entre Avignon et Barjac, a permis de nourrir le concert en chansons nouvelles, en énergie décuplée. Romain Didier a retracé la genèse de son Piano tout noir, comment, au lieu de parler entre les chansons, il a eu l’idée de jouer comme transitions des thèmes utiles au propos ; il a justifié le recentrage sur ses propres chansons par ce sentiment de raconter les autres à travers lui. Et Liz Van Deuq, nullement impressionnée a explicité le sens de sa démarche qui avait été très applaudie. Enfin, Wally et Vincent Roca ont, au milieu de nombreux bons mots, raconté la construction de leur spectacle et l’assemblage de leurs deux personnalités pour le meilleur et pour le rire, mais pas que ! Le jeu des questions de l’animateur (-trice) donnait du contenu à l’échange et la proximité avec le public le rendait très sympathique… De bien beaux moments !

Michèle Bernard, Michel Kemper et Pierre Grosz

François Derquenne, Michèle Bernard, Michel Kemper et Pierre Grosz

En outre, chaque jour, un ou une autre invité(e) prolongeait le propos en parlant de tous les aspects de la chanson, celle qui est honorée et défendue à Barjac. Cécile Prévost-Thomas, maître de conférences à Paris-Sorbonne, sociologue de la chanson francophone, a ouvert le champ du sujet et montré toutes les pistes d’analyse possibles (musicologie, sociologie, diffusion, etc.) et toutes leurs ramifications ; elle a présenté les ateliers mensuels ouverts à tous qu’elle anime. Impressionnant ! Hélène Hazera pour sa part a distingué la chanson du réseau dans lequel on trouve Barjac, et celle fabriquée par les médias sur mesure et qui est source de désillusions, voire de suicides. La vraie chanson est quotidiennement méprisée (et de plus en plus !), mais lorsqu’on entre en guerre, c’est elle qui est censurée en premier, ce qui montre son importance. Ainsi quand on se bat pour la chanson, on ne se bat pas pour rien. Elle a aussi relaté les débuts du rap et du slam, et prêché, avec Roxane Joseph, pour l’ouverture à la diversité, ce à quoi Jean-Claude Barens a adhéré. On aurait aimé l’entendre sur la politique de Radio-France en matière de chanson, mais sans doute préférait-elle parler d’autre chose ! Matthias Vincenot a aussi exposé comment il pratiquait le mélange de la poésie et de toutes les formes de chansons dans son Festival DécOuvrir de Concèze au programme alléchant. Avec Alain Dau, Wally et Vincent Roca, c’est autour de la diffusion des spectacles, du réseau parallèle et des difficultés de trouver suffisamment de dates pour permettre de vivre que la discussion avec la salle s’est engagée : les artistes mobilisent bien trop de temps et d’énergie à cette partie de leur activité ! François Derquenne, l’auteur de l’exposition Jean des Encres – Jean des Sources en a raconté la  réalisation, et a parlé de la politique d’éducation populaire à Douchy-les-Mines, destinée aussi à amener un nouveau public à la chanson. Enfin, Pierre Grosz a introduit les auditeurs dans ses aventures d’écriture avec divers artistes et a conclu : « C’est le public qui investit de sens les chansons qu’il reçoit« . Passionnant !

Pierre Grosz et Jean-Claude Barens (photo Pierre Bureau)

Pierre Grosz et Jean-Claude Barens (photo Pierre Bureau)

Que le lecteur pardonne cette énumération peut-être un peu fastidieuse : elle n’est là que pour montrer la richesse et la diversité de toutes ces contributions. Au-delà du programme des divers concerts, le « onze-onze » enracinait le festival dans l’immense champ de la chanson, créait une ouverture, un prolongement, une réflexion bienvenue qui lui donnait du sens. En cela ce fut une vraie réussite et il est à souhaiter que la formule soit reconduite dans les années à venir, avec peut-être un peu plus de temps, commencer à onze heures moins onze donnerait vingt deux minutes de plus ! J’oubliais : les animateurs (aussi chargés du respect impératif des horaires) étaient selon les jours Isabelle Fardoux-Jouve et Michel Kemper !

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