CMS

Les 1001 vies de Nilda Fernández

Nilda Fernández (photo DR)

Nilda Fernández (photo DR)

On n’écrit pas un livre comme on écrit une chanson. Mais Nilda Fernández est remarqua- blement doué dans les deux cas. Le fait est assez rare pour être souligné. Dans ces Contes de mes 1001 vies, les mots sonnent juste, le style est vif et coloré, c’est un régal pour le lecteur.

Un régal multiple, car au-delà du plaisir qu’on éprouve à la beauté des phrases, on se promène dans les mondes souvent mal connus que l’on découvre sous un angle peu banal, du glacial au torride, du grouillant au désertique, du plus naturel au plus technique.

Des contes ? Sans doute, mais au sens de ce qui est conté, computare en latin, c’est-à-dire dénombré. Tout aussi fantastique ou merveilleux que paraisse le récit, il n’y a que de l’authentique ; du vécu, fait de rencontres insolites ; du relationnel naturel, presque animal. Nilda ne se bâtit pas une légende exotique sculptée dans des Brésils teintants ni un passé de guerrier prolétaire, il raconte des anecdotes colorées sans artifice, des tranches de vie à déguster comme elles sont, à la fois simples et riches d’humanité. Il nous fait part de ses coups de cœur pour la beauté des choses et des gens avec quelques saines indignations qui sont aussi souvent les nôtres.

NildaUn récit autobiographique ? Evidemment, il parle de son enfance, de sa famille, de sa jeunesse, de l’Espagne de Franco à la France. Cette maturation de Daniel à Nilda est le fil conducteur du livre, mais chaque idée est prétexte à une diversion vers les instantanés de ses multiples vies par le monde. Un sous-marin figé au Kamchatka, une brasserie de Buenos Aires, les fondamente de Venise, un wigwam au Québec, une scène de théâtre au Turkménistan, une maison sous les cocotiers à La Havane, des bars au bout du monde, des coulisses insolites, des hôtels luxueux ou approximatifs… Ce kaléidoscope est celui d’une vie d’artiste où l’on croise Léo Ferré, Mercedes Sosa, Moustaki, Nougaro, où planent les fantômes de Peter Gabriel, de Charlie Parker, d’Ibrahim Ferrer. Federico Garcia Lorca n’est jamais bien loin.

S’il fallait retenir une impression globale, une sensation dominante, ce serait une formidable liberté. L’espace terrestre ouvert avec joie et ses embûches, la culture protéiforme des rencontres incontournables ou hasardeuses, la respiration paisible ou haletante des parfums naturels ou embrumés de vodka ou de fumées vagues, tout contribue à l’évasion dans ce livre écrit en trois dimensions. Nilda a su forcer sa chance pour s’emparer de sa vie et en faire un festin qu’il partage dans ce livre. On n’est pas obligé de prendre le menu entier. Les chipoteurs liront un chapitre au hasard, ici ou là. Chaque épisode tient debout tout seul. On peut ainsi les assembler comme bon nous semble ou suivre page à page en se laissant porter.

Nilda nous offre un peu de cette liberté qu’il a forgée au fil du temps, dans le beau et dans le vrai, et qu’il est bon de retrouver en nous-mêmes à la lecture de ce récit.

 

Nilda Fernández, Contes de mes 1001 vies, L’Archipel 2017. 384 pages – 20 €. Le site de Nilda Fernández, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Outre ses albums CD, Nilda Fernández est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages : Sinfanaï Retu, avec Helen Ross Revutsky (Zampanos, 2015), Les Chants du Monde (Presse de la Renaissance, 2007) et Ça repart pour un soliloque (Stock, 1995). Sortie du livre le 1er février 2017. Nilda Fernández sera en concert le 9 mars à Paris, au Divan du Monde.

Image de prévisualisation YouTube

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives