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Le bel album d’Albin

 SIMONE Albin de la L'un de nous 2017Connu sans être réellement populaire, apprécié d’un cercle trop restreint, Albin de la Simone a déjà une belle carrière derrière lui. Bien que son premier album date déjà de 2003, ce sont surtout ses qualités d’arrangeur-producteur-réalisateur-musicien surdoué qui lui valent sa réputation. Reconnaissons que son C.V. a de la gueule, puisqu’il aura accompagné à des titres divers une ribambelle d’artistes, tant français (Alain Souchon, Vanessa Paradis, Jeanne Cherhal, Jean-Louis Aubert, Miossec…) qu’internationaux (Emiliana Torrini, Salif Keita ou même Iggy Pop), tout en menant sa propre carrière de chanteur et sans dédaigner l’une ou l’autre performance ou collaboration cinématographique. C’est d’ailleurs probablement cette polyvalence assumée qui lui vaut ce (relatif) déficit de notoriété, les médias ne sachant pas exactement dans quelle case le placer, sa discrétion (sa timidité ?) n’en faisant en outre pas un bon client pour les talk-shows télévisés.

Son cinquième album, dans les bacs depuis le 24 février, changera-t-il la donne ? Disons en tout cas d’emblée que ce ne serait que justice, tant le plaisir pris à son écoute mériterait d’être partagé avec le plus grand nombre.

La pochette est illustrée d’une photo (signée Sophie Calle, excusez du peu !) d’une ménagerie en peluche. Titre de l’album : L’un de nous. De qui est-il question : le tigre, le zèbre, l’ours, le singe ou le renard ? Le mystère ne sera pas levé. C’est grave, Doc : la poésie du contenu a contaminé le contenant !

Car parlons du disque enfin. Douze chansons arrangées au départ d’un simple piano-voix, sur lequel seront venus s’ajouter des cordes somptueuses (jouées principalement par ses deux complices de scène, Anne Gouverneur et Maëva Le Berre), une harpe et une scie musicale, une batterie et autres objets de percussion hétéroclites (casseroles…), une guitare et des chœurs, ainsi que diverses sortes de claviers… Comme la pochette le fait remarquer malicieusement, il n’y a que les instruments à vent qui manquent à l’appel ! On aura compris que la production de l’album est riche et variée et que les amateurs de pop aux allures symphoniques seront aux anges.

Sur ces mélodies en béton, chantées d’une voix douce rappelant son collègue et ami Mathieu Boogaerts, les textes, simples sans être simplistes, nous invitent à parcourir un pays lumineux dont on ressort apaisé et heureux. Dans cette contrée, les idylles se loupent (magnifique Le grand amour qui ouvre le disque), se frôlent avec défiance (A midi on m’a dit) ou atteignent leur apogée (Une femme). La mort y rôde (Embrasse ma femme) et le temps passe (La fleur de l’âge, Pourquoi on pleure), défaisant ce qu’on a aimé hier (poignante Ma barbe pousse, sur le désir d’enfant contrarié), mais poussant aussi à l’espoir de l’avenir (Ado). Rien de neuf ni de révolutionnaire dans les thèmes abordés, mais une lucidité mariée à une élégance à la Souchon/Chamfort rendent ces chansons immédiatement attachantes, pour qui ne craint d’avouer sa fragilité. Emotion et beauté s’entremêlent au plus profond, ensorcelants ingrédients d’un disque en tous points réussi.

Avec L’un de nous, Albin de la Simone a visé le cœur de tous. But atteint sans coup férir. Laissons-nous toucher, la blessure est bénéfique.

 

Albin de la Simone, L’un de nous, Tôt ou tard 2017. Le site d’Albin de la Simone, c’est ici.

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