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Jil Caplan, l’imparfaite du subjectif

cd jil caplanJil Caplan a connu des débuts tonitruants. Sous l’aile du génial touche-à-tout Jay Alanski, elle a publié entre 1986 et 1993 trois albums majeurs de pop française : A peine 21, La charmeuse de serpents et le plus sombre et méconnu Avant qu’il ne soit trop tard. De ces albums sont issues quelques perles connues de tous, comme Oh ! Tous les soirs, Tout c’ qui nous sépare ou Natalie Wood. La séparation d’avec son pygmalion ne l’a pas empêchée de poursuivre sa route puisque quatre autres albums suivront, mais, reconnaissons-le, avec une réussite bien moindre, tant sur le plan artistique que public.

On se félicitera donc de son retour dans les bacs et sur les scènes, avec un nouveau CD (le premier depuis 10 longues années) intitulé Imparfaite. Titre autobiographique ? Chacun jugera, mais en tout cas, disque intime et miroir mûri de son âme.

Projet aux antipodes de son œuvre antérieure pourtant que cette galette-là, puisque la variété-pop qui était sa marque de fabrique laisse ici la place au jazz manouche. Auteure des paroles, Jil Caplan s’est entourée du guitariste Romane, à la composition de la quasi-totalité des morceaux, et du fidèle Jean-Christophe Urbain (la moitié des Innocents) à la réalisation, déjà à l’ouvrage sur l’album Comme elle vient de 2004.

Le résultat est pour le moins surprenant. Pas vraiment novateur dans la forme (après tout, il y a déjà longtemps que Sanseverino est passé par la case Django), l’écoute n’en est pas moins fort agréable. Ça swingue à souhait, les cuivres claquent, les pieds trépignent. Que vouloir de plus ? Le guitariste virtuose omniprésent assure dans sa partie, tandis que la chanteuse se plie sans rompre aux difficultés de chanter sur de telles acrobaties jazzy. Et surtout, la voix de Jil Caplan est là, immédiatement identifiable, d’une sensualité intacte ! La réentendre nous fait réaliser d’un coup combien est regrettable son absence de la scène médiatique.

Pas d’originalité forcenée non plus dans les thèmes abordés et dans l’écriture de la chanteuse, qui manque un peu d’accroche et de punch. Chansons d’amour ou de désamour composent l’essentiel de l’album. Au questionnement (Est-ce que tu m’aimes ?) et à l’acte charnel (joli galop des Chevaux sauvages) répondent le chagrin (Petite larme), la colère (En attendant que tu reviennes) ou le constat du temps qui détruit tout (Le temps qui passe, Amour caravelle). Rien d’extraordinaire, certes, mais la vie l’est-elle si souvent, comme le relève l’artiste (Les gens) ?

Deux vedettes accompagnent Jil Caplan le temps d’un morceau chacun. Benjamin Biolay (avec qui n’a-t-il pas encore chanté ?) et Thomas Dutronc (quand il entend ce style musical, il débarque !) sont en effet venus donner un petit coup de pouce pour deux duos à leur image, mélancolique pour le premier et enlevé pour le second. Pas essentiel mais pas artificiel non plus, qui laisse présumer qu’il existe entre eux une réelle communauté d’esprit artistique, et non qu’il ne s’agit que de simples bonus destinés aux médias.

Une tournée devrait suivre ce nouvel opus. Puissent l’un et l’autre être couronnés de succès. Il sera en tout cas intéressant de découvrir comment ses anciens succès auront été ré-arrangés pour coller à l’esprit de ce disque. Tout c’ qui nous sépare en version manouche ? Je veux entendre ça !

 

Jil Caplan, L’imparfaite, 2017. La page facebook de Jil Caplan, c’est ici. Image de prévisualisation YouTube

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