CMS

Les Pâtisseries Mécaniques de Pierre Mac Orlan et Bernard Ascal

Bernard Ascal (photo Ville de Bezons)

Bernard Ascal (photo Ville de Bezons)

Les chansons et poèmes de Pierre Mac Orlan ont été chantés jadis et naguère par de nombreux interprètes (voir NosEnchanteurs). Mais chanter la prose de Mac Orlan demeurait jusqu’alors un défi, relevé aujourd’hui par Bernard Ascal.

Ce n’est pas forcément le vers qui fait la musique. Il y a certes un rythme dans les textes de Mac Orlan qu’un habile musicien sait déceler et Bernard Ascal a su dégager de cette prose la musique qui parvient à convaincre les émotions les plus ténues. La facilité aurait été de faire une sorte de slam, mais l’humour et la légèreté apparente de ces poèmes en prose aurait souffert d’un rythme scandé trop répétitif. Il fallait de la vigueur avec de la nuance comme seul le jazz sait les conduire, même avec une pointe de latino. L’album présente une belle unité dans ce registre, grâce aux arrangements d’Yves Morel et au concours d’une dizaine de musiciens et de belles couleurs musicales, mais qui s’en étonnera ? Bernard Ascal est aussi un peintre reconnu et apprécié. A l’écoute de cet album, on sait qu’il est aussi un interprète délicat, nous laissant savourer le texte et la musique dans toute leur essence, sans cri ni chuchotement, avec une belle diction et un phrasé adapté au rythme jazzy.

bernard-ascal-mac-orlan-patisseries-mecaniques-bernard-ascalLe sous-titre l’indique, il s’agit de 19 chansons inattendues de Pierre Mac Orlan. C’est en effet une facette moins connue du personnage au béret à pompon que Bernard Ascal a choisi de nous révéler. Nous ne sommes plus dans le Quai des Brumes, mais plutôt dans la dérive onirique d’une fête foraine pleine de surprises.

Des personnages familiers ou improbables, l’un n’empêchant pas l’autre, multiplient les réflexions percutantes, les postures provocantes, nous interpellant sans cesse pour casser le convenu et l’habituel. Tout cela dans un cadre populaire, vivant, émaillé de références insolites à la mémoire collective, comme celle-ci :

« Le Pont du Nord est un pont circulaire tout doré et couvert de tapis rouges.
Les filles les plus candides y perdent leur ceinture et les vaches leur latin ».

Je n’en dirai pas davantage pour ne pas déflorer les trésors de ces Pâtisseries Mécaniques !

 

Bernard Ascal, Pâtisseries mécaniques, 19 chansons de Pierre Mac Orlan, EPM, 2017. Le site de Bernard Ascal, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

A lire aussi : Bernard Ascal, Sortie de Piste, Editions du Petit Véhicule, 2015, biographie, extraits de poèmes, tableaux et documents divers, à commander ici.

 

Les AfriqueS de Bernard Ascal

500x500Grande mais finalement coutumière actualité éditoriale pour Bernard Ascal. Dont le nom, pour nos fidèles lecteurs, n’est pas tiré de nulle part. Ce à plusieurs titres : peintre, il est aussi auteur (de poèmes, de proses brèves, de nouvelles et de chansons), compositeur et interprète. Et dirige les collections de CD-audio liés à la poésie chez EPM.

Par son oratorio Cahier d’un retour au pays natal, il restituait, en 2008, l’intégralité du poème éponyme d’Aimé Césaire. En 2010, il mettait en musique et chantait 44 poèmes de Poètes de la négritude, double album distingué d’un Grand prix mérité de l’Académie du disque Charles-Cros,. Aux Léon Gontran Damas, David Diop, Aimé Césaire (…) déjà abordés et de nouveau présents, il nous gratifie cette fois de nouvelles écritures. Non forcément de grands classiques de la négritude, mais de jeunes auteurs en pleine création tels qu’Habiba Djahnine, Jean-Luc Raharimanana, Alain Mabanckou, Ketty Nivyabandi et Gabriel Okoundji. Des noms qui sans doute ne nous disent pas grand’chose, et c’est tout l’intérêt de ce double album où chanson et poésie font lit commun (des textes dits – enregistrements récents -, d’autres mis en musique et chantés – captations courant de 1997 à 2009), à la manière d’une anthologie en temps réel de la poésie africaine, de Tananarive à Port-au-Prince. En tout 60 textes, pour 24 auteur(e)s, d’Algérie ou du Congo, d’Haïti, du Burundi, de Maurice et de Martinique, d’Egypte, de Côté d’Ivoire et de Madagascar, du Sénégal : une somme impressionnante pour tout francophone épris de poésie, de cette poésie qui allie la jeunesse de l’écriture au dynamisme littéraire d’un continent. L’oreille est ici à la fête comme rarement. MICHEL KEMPER

Bernard Ascal, Afrique(s) de Tananarive à Port-au-Prince, double album, EPM 2017.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives