Spa 2017. Big Flo & Oli, du plaisir à l’état pur

Bigflo & Oli (photos François Evrard/Francofolies de Spa)

22 juillet 2017, Francofolies de Spa,

Big Flo & Oli, vous connaissez ? Si vous avez moins de 20 ans, la question ne se pose pas. Si vous êtes belge, non plus, les deux gaillards s’étant offert une vitrine médiatique par leur participation à The Voice. En tant que coach, je précise pour nos lecteurs français ! Chez nous, on fait confiance à la jeunesse et on peut devenir prof télévisuel même si on est plus jeune que les élèves (un peu comme dans les vraies écoles…) ! Mais tous les autres, ça vous dit quelque chose ?

Alors je situe. Big Flo et Oli nous viennent de Toulouse. Ils sont frérots. Ils sont encore très jeunes (24 ans pour l’aîné Big Flo, 21 ans le cadet Oli) mais ont déjà deux albums à leur actif : Dans la cour des grands (paru en 2015) et La vraie vie, sorti il y a un mois. Des albums qu’ils ont vendus par camions. Une popularité réelle. Pour se rendre compte du phénomène, il n’y avait qu’à voir comme leurs nouvelles chansons étaient déjà connues par cœur du public, alors que le disque est toujours estampillé « peinture fraîche ».

Vous l’ai-je dit ? C’est dans le rap qu’ils officient. Oui, je sais, pas forcément la tasse de thé des lecteurs de Nos Enchanteurs. Ni la mienne d’ailleurs. Mais pour ces deux-là, je fais une exception !

Je les avais découverts à ces mêmes Francos, édition 2014. Totalement inconnus à l’époque. Pas encore de disque dans leur besace. Oli n’avait même pas 18 ans… Mais un talent évident, qui mettait tout le monde à genoux. L’illustration de l’adage «La valeur n’attend pas le nombre d’années »… Voici ce que j’avais écrit à l’époque, sur ma page FB, à l’intention de mes 10 lecteurs : « C’est un tout jeune groupe de rap français, un duo de frangins qui ne doivent pas avoir 40 ans à eux deux, nommé Bigflo & Oli. Accompagnés d’un DJ derrière ses platines et d’un inattendu violoncelliste, ils nous ont offert des chansons pleines d’humour et de distanciation, avec toute la fougue de leur jeunesse et leur enthousiasme de débutants. Et en plus, on comprenait tout ! Un bien chouette moment, sans conteste ».

Je les ai revus en 2015, toujours aux Francos (qui les avaient déjà remis à l’affiche, tant ils avaient été impressionnants) et ma première bonne impression avait été totalement confirmée. Dieu que ces deux petits gars sont sympathiques et totalement sincères dans leur art.

MAIS AVANT…
L’après-midi nous avait déjà donné l’occasion d’apprécier du rap (mais pas que !). Le groupe se nomme Berywam. Il rassemble quatre beatboxers français, champions de France dans diverses catégories (car oui, il existe des championnats de beatbox), aux pseudos évocateurs de Beatness, Wawad, Rythmind et MB14. Des Frères Jacques version 2.0
Que dire de leur concert, si ce n’est qu’il a laissé ébahie l’assistance qui les découvrait (c’était leur première venue en Belgique). Quatre virtuoses du son, capables de tout reproduire avec leur bouche (cela va des pulsations des boîtes à rythme au frottement des violons, en passant par la musique japonaise et l’imitation de quelques vedettes). C’est drôle, c’est rythmé, c’est varié – on navigue entre le hip-hop, le reggae, le disco, le funk, l’électro et même la musique classique) – , c’est terriblement impressionnant de maestria (quel beau travail sur les harmonies !). Triomphe final bien mérité. A voir et à revoir.

Les revoici donc en 2017. Leur statut de vedettes leur a ouvert les portes vers de plus gros moyens techniques (décor, son ample et puissant, pyrotechnie finale…). Mais heureusement, certaines choses n’ont guère changé. Ainsi, c’est toujours le même accompagnement (platines + violoncelle). Et surtout, les brothers ont gardé ce sens de la fête et cette folie qui font de leurs concerts une joyeuse expérience collective. Car tenez-le vous pour dit : participer pleinement à leur prestation demande une certaine condition physique ! Que vous le vouliez ou non, vous serez entraînés par le mouvement et vous vous retrouverez à sauter (jumper, pour être précis), battre des bras, vous accroupir, courir à gauche ou à droite, crier et chanter… Et vous savez quoi ? Vous y prendrez un plaisir fou !

Entre deux exercices physiques, on appréciera le sel de leur texte, qu’il s’agisse de décrire avec humour leur vie de rappeur français, bien loin du mythe américain des flingues et des colliers en or  (leur tube Gangsta), d’énumérer tout ce que l’amitié peut nous pousser à faire (Pour un pote), de tirer leur premier bilan de carrière (Une nouvelle vie), d’évoquer une disparition (Alors alors) ou de dresser un portrait incisif de la France plurielle (Je suis). 

Big Flo & Oli, une tranche de plaisir et d’intelligence. Convient pour toute la famille. Ne passez pas à côté.

Le site de Bigflo & Oli, c’est là ; le facebook de Berywam, c’est là.

Big Flo et Oli « Personne »

Berywam « Shape of you »