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Barjac 2017. La Mal coiffée ne décoiffe pas

La Mal coiffée (photo Pierre Bureau)

La Mal coiffée (photo Pierre Bureau)

Ah, l’Occitanie ! Que je sache, chanter occitan, c’est aussi chanter français. A ce titre, La Mal coiffée et ses polyphonies ont toute leur place à Barjac m’en chante. On pouvait même se délecter à l’avance d’une telle programmation qui, là encore, ouvre d’autres et intéressantes perspectives, s’élargit à d’autres esthétiques de la chanson et travaille utilement le patrimoine. Tout juste peut-on chipoter le choix de la grande scène du château pour l’accueillir, encore que. Offrir aux festivaliers un « produit régional » est chose respectable : faut-il encore que le cadeau soit compréhensible et force est de considérer que ce n’est pas la très succincte explication du début, par les chanteuses elles-mêmes, qui puisse nous tenir lieu de livret. La Mal coiffée nous chante E los leons, l’épopée d’une jeune fille dont les lointains ancêtres sont des lions, et qui ne peut ignorer les sauvages pulsions qui battent en elle… Mais c’est interprété comme si toutes les chansons étaient les mêmes, certes belles mais vite monotones car sur la même tonalité, et sans traduction aucune : sauf à privilégier un entre-soi élitiste et régionaliste, fermé aux autres, aux étrangers, un tel spectacle se devrait d’être sous-titré ou traduit. Il ne l’est pas et c’en est ennuyeux. Si nombre de spectateurs ont quitté en cours de représentation l’enceinte du château, il faut sans doute y voir ce reproche, d’autant plus que les artistes en scène ne font pas beaucoup d’efforts pour communiquer avec le public, repliées qu’elles sont sur elles-mêmes, en demi-cercle, prises dans leur épique récit, sourdes à l’extérieur.

C’est beau, magnifique sans doute. Mais stérile à qui n’a pas fait Occitan en seconde langue (il devait y avoir bien peu de locuteurs natifs de l’occitan ce soir-là dans la cours du château) : moi j’ai besoin qu’on retienne mon attention, qu’on la stimule, qu’on me fasse vivre ces « sauvages pulsions » en v.f. sans quoi je perds pieds, sans quoi cette langue de France m’est définitivement étrangère.

L’ironie du sort (en fait, pas tant que ça) a voulu que, le lendemain, lors des quotidiennes Rencontres de 11 heures moins 11, je reçoive Christophe Pomez, nouveau directeur de l’Institut culturel français de Marrakech après cinq années passées, sur un poste identique, en Roumanie. Pour travailler au mieux la langue française, les concerts et autres spectacles qu’il accueillait étaient sous-titrés, en roumain certes mais aussi en français. En Roumanie donc, La Mal coiffée se serait fait recoiffer, avec son accord, d’une traduction simultanée en roumain, en français, en langue d’Oc peut-être. Ce serait utile qu’elle se surpasse en ce sens et se surtitre. Car à Barjac, elle n’était hélas que Mal comprise.

 

Le site de La Mal coiffée, c’est ici. Image de prévisualisation YouTube

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