Fête de l’Huma 2017 [2/4] Les soviets épongent

Un air de famille : l’étonnante addition des Hurlements d’Léo et des Ogres de Barback (photo d’archives Sud-Ouest)

Oui, je sais, il n’y a pas de quoi être bien fier du titre ci-dessus, mais que voulez-vous, la nuit à été bien courte et ce ne sont pas ces quelques gouttes de pluie au réveil qui vont doucher notre enthousiasme (Et pour que tu ne t’effarouches / vois, je ne prends que ta douche…).

Après le rituel petit déjeuner tardif et roboratif à base d’huîtres et de tripes à la mode de Caen (miam !), il est temps pour nous de retrouver sur la (pas si) Petite Scène la volcanique Melismell. Après des balances quelque peu hardcore, elle se présente fièrement à nous en formule plutôt musclée guitare/basse/batterie/claviers. Nous avons le plaisir de retrouver à ses côtés, à la guitare électrique, le flamboyant Yann Féry, lequel officia longtemps entre autres aux côtés de Charlotte Etc. L’occasion de glisser ici que cette attachante artiste manque de bien des façons à la scène hexagonale… Bref.

Mélissmell (photo Vincent Capraro)

Melismell en scène, c’est une tornade à l’œil de velours, une virée moite et chaude dans l’œil du cyclone alors même que la pluie redouble d’intensité sur un public qui n’en a cure.  De son étonnante voix rauque’n’roll, elle se lance sans garde-fous sur les rails éraillés d’une chanson sans concessions, avec l’abattage phénoménal qu’on lui connait. Quelques titres forts émergent du lot notamment Madame ou Les Rivières. A l’issue du concert, elle adressera un petit clin d’œil aux Enchanteurs, que vous pourrez retrouver ci-contre.

La course reprend à travers les stands de l’Huma pour arriver à temps devant la Grande Scène qui accueille nos amis des Ogres de Barback et les Hurlements de Léo, rassemblés pour l’occasion, et comme ils le font régulièrement, sous le nom d’Un air deux familles. Ils sont plus d’une douzaine  en scène, et déboulent tous pavillons dehors (trompette, saxophone, flûte, trombone…). C’est toujours un réel grand plaisir, et ce depuis plus de 20 ans déjà, de retrouver ces titres emblématiques, bande-son des bons et des moins bons moments : Jojo, Rue du temps, Grand-mère, la Ventura et tant et tant d’autres…

Gauvain Sers (photo Vincent Capraro)

Alors que la foule se déchaîne entre pluie et rayon de soleils langoureux, le temps de partager avec ma voisine de concert une délicieuse valse folle et inattendue, et nous filons à nouveau à l’autre bout de la Fête, histoire de pouvoir partager avec vous, chers Enlecteurs, le set attendu de Gauvain Sers sur la Petite Scène. Quel joli parcours que le sien, que nous suivons depuis les tout débuts dans les tout petits lieux que nous affectionnons. L’histoire commence à être connue : rencontre avec Renaud, tournée des Zéniths, disque d’or et Olympia au printemps prochain… Un véritable conte, de fait. Après s’être chauffé la voix sur une chouette reprise de Thiéfaine, Dans la ruelle des morts, il déboule accompagné à la seconde guitare par son fidèle Martial et dévide la quasi-totalité de son premier album fraichement paru. Chez Françoise rend un bel hommage au Connétable qui l’a vu débuter (A quand un titre Chez Noëlle.. ?). Et n’en déplaise à certains, c’est fort joliment troussé. Ah, « il faut baisser la tête pour aller aux toilettes », combien de fois ais-je pu me foutre la gueule dans cette putain de porte biseautée ? Les habitués comprendront, et j’ai le droit à un peu de trivialité, je suis énervé du coup ! Du Connétable, l’enchaînement n’est géographiquement pas bien loin avec Entre République et Nation, souvenir si fort d’un jour de janvier, jour de lumière au milieu des ténèbres. Et comment ne pas penser que ce même jour inspira à un certain chanteur énervant, que nous avons tant aimé, le tristement célèbre J’ai embrassé un flic.. ? Nous en reparlerons, je crois bien… Tout comme Melismell auparavant, Gauvain y va de son petit couplet anti-FN, avouant qu’il a toujours rêvé de chanter ce titre, Hénin-Beaumont , à la Fête de l’Huma, devant un public de ch’tis de surcroit, la scène sur laquelle il se produit étant cernée par les fédérations du Nord de la France. S’ensuit un slam, Je suis un clodo sur toute la ligne, peut-être un peu en dessous du reste, tout comme est superfétatoire sa reprise, approximative, de Mon vieux, de Guichard. A ce propos, vous savez ce que devient Daniel Guichard ? Non ? Moi non plus. Nous serons ensuite gratifiés d’un titre en exclusivité, titre sur un réfugié vendeur de roses dans les restaurant, titre il faut l’avouer quelque peu auto-pompé (quelle souplesse !) sur Dans mes poches. Et grand merci à ma spécialiste en reprises cachées, qui se reconnaitra… Quoi que l’on puisse en dire, il importe de noter que sur ce concert, la comparaison, aussi flatteuse que dangereuse avec Renaud, s’estompe peu à peu pour laisser place aux mots d’un artiste s’adressant sans artifices à son public. Et les visages ravis dans la foule à ce moment là ne mentaient vraiment pas… En clôture de ce beau concert, sous un soleil enfin revenu, nous aurons droit au très médiatisé Pourvu et son message gorgé d’espoir : Pourvu qu’elle digère bien les huîtres. Nous, oui !                        

Iggy Pop (photo Vincent Capraro)

Suivant le sillage de trois cigognes géantes anthropomorphes devenues au fil des ans les mascottes officieuses de l’Huma (vous aussi, vous les avez vues ?!), nous retrouvons à nouveau la prairie noire de monde devant la Grande Scène, si tant est que l’on puisse encore parler de prairie après deux jours de concerts, juste à temps pour retrouver Trust et Bernie, son charismatique leader, bob  sur la tête et chemisette à fleurs. Histoire de vous frustrer un peu, et de ne pas (trop) dépasser le quota qui m’est imparti, vous n’en saurez pas d’avantage, pas plus que je ne vous raconterai l’extraordinaire prestation de l’Iguane, Iggy Pop en personne, fidèle à lui-même et plus déchainé que jamais malgré les années.   Ce concert là ne se racontera pas, il fallait y être.. !

Et demain est un autre jour…

Le premier volet 2017 des pérégrinations humaines, humanistes, humanitétistes de Patrick Engel, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux : Les Ogres de Barback ; Les Hurlements d’Léo ; Mélissmell ; Gauvain Sers. Nous n’avons encore rien osé dire sur Daniel Guichard.