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Ibrahim Maalouf rend hommage respectueux à Dalida

Ibrahim Maalouf (copie d'écran TV5 monde)

Ibrahim Maalouf (copie d’écran TV5 monde)

Je dois dire ici le doute qui m’assaille chaque fois qu’il est question de parler d’un artiste (ici d’une somme d’artistes rendant hommage – les z’anglophones diront « tribute » –  à une des leurs), de la valeur à accorder à cet artiste. Car, en chanson comme en tout autre domaine de l’activité humaine, il n’y a plus aucune valeur. Hier nous avons enterré un surhomme, un dieu, un « héros de la France » comme il a dit Macron qui a dû confondre avec le discours du fameux « entre ici, Jean Moulin ». Est-ce à l’aune de ce chanteur-étalon, au demeurant estimable monsieur et excellent interprète, que nous devons juger ses pairs et possibles impairs ?

Nous n’avons pas chroniqué ici (pourquoi perdre et du temps et de la place ?) le dernier (en fait le premier, au moins un autre est à venir, voire plus) « tribute » à Johnny, enregistré, gravé et commercialisé de son vivant. Globalement nul à chier (et ça, ce n’est pas rendre hommage à l’ami Hallyday) comme l’essentiel des tributes qui nous sont habituellement proposés (Goldman, Balavoine, Renaud… je vous en passe et des bien pires). Le seul hommage récent qui a grâce à nos yeux (bien plus que ça, d’ailleurs) est celui que la bande des Ogres de Barback vient de rendre à Pierre Perret, fait d’un grand respect et de recréations.

Là, il est question de Dalida, qu’Ibrahim Maalouf ressuscite avec, ma foi, beaucoup de talent. On aime ou on n’aime pas Dalida, question de valeurs encore, mais là n’est pas la question. Je crois que ce disque-là, que son contenu a de la valeur. Alain Souchon, Arno, Ben l’Oncle Soul, Golshiftech Farabant, Izia, -M-, Monica Bellucci, Melody Gardot, Mika, Rokia Traoré et Thomas Dutronc : voici un panel large et surprenant avec pour chef d’orchestre et de projet un musicien, un vrai, un créateur avec une réelle prétention artistique, pas un quelconque chef de produit comme il y en a trop.

Connu et apprécié pour ses nombreuses collaborations (Grand Corps malade, Amadou et Mariam, Vincent Delerm, Sting, Matthieu Chédid, Salif Keita, Lhasa de Sela, etc), Ibrahim Maalouf est aussi un compositeur de premier plan (voir sa brillante discographie sur son site : c’est édifiant).

21462752_10155062499596242_5413713365091698240_n« En réunissant autour de moi des artistes que j’aime et que je respecte, tous capables d’incarner l’une des nombreuses facettes de la voix et de la personnalité de Dalida, j’ai eu envie de me rapprocher le plus possible de Iolanda Cristina Gigliotti. Cette femme multiculturelle, à la fois orientale et européenne, à la fois latine, passionnée et timide, secrète, capable de faire danser et groover, comme de faire pleurer et rêver » écrit Maalouf sur sa page facebook. Ça commence par un Bambino qu’on a du mal, sur le coup, à bien identifier. C’est par Souchon et c’est forcément différent. Souchon y souchonne et Maalouf trompette. Avec Ben l’Oncle Soul, Come prima est assez méconnaissable aussi : tous les atours de la variétoche des années soixante laissent place à une version hautement musicale et crooneuse qui prolongerait facilement de longues nuits d’amour et de fatigue. Délicieux duo de Maalouf et Melody Gardot sur un langoureux J’attendrai, singulier autre duo partagé en -M- et Monica Bellucci sur Paroles Paroles qui ne nous fait pas regretter celui jadis formé par Dalida/Delon, instrumental qui se passe de paroles pour Il venait d’avoir dix-huit ans, Izia sans problème sur Laissez-moi danser (depuis qu’elle a appris à chanter en français, la fille d’Higelin nous enchante vraiment…), et que dire de Mika sur Salma ya Salama ? : en fait, toutes les plages, toutes les propositions, ne sont que pure satisfaction. Tant qu’on peut (oh, je sais, c’est un crime rien que d’y penser) se demander si le problème avec Dalida n’était pas Dalida, justement, non ses chansons. Par Dalida, je veux dire la façon d’envisager la chanson commerciale et une carrière et, soyons juste, des orchestrations qui vieillissent mal. Arrivé comme un ovni, ce disque peut nous aider à nous remettre quelques idées en place.

 

Dalida by Ibrahim Maalouf, Barclay/Universal 2017. Le site d’Ibrahim Maalouf, c’est ici. J’attendrai, avec Melody Gardot Image de prévisualisation YouTube

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