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La première classe de Viktor Lazlo

26197448_10213396695939255_1047371756_nViktor Lazlo. Le nom n’évoque probablement pas grand-chose aux jeunes générations. Il faut dire que Sonia Dronnier (de son vrai nom) a connu ses succès discographiques au milieu des années 1980, ce qui ne nous rajeunit guère… Depuis, la chanteuse a multiplié les activités (actrice, romancière…), sans quitter son domaine de prédilection, ayant juste déserté le terrain de la variété pour celui du jazz vocal avec ses spectacles consacrés à Billie Holiday, Sarah Vaughan ou Ella Fitzgerald.

Poussée par celui qui l’accompagne sur scène depuis des années, Michel Bisceglia, la (toujours aussi) belle Viktor est pourtant retournée en studio pour un 11ème album, le premier composé de chansons originales depuis dix ans. Produit, réalisé et essentiellement composé par son comparse, voici donc Woman. Onze nouvelles chansons + en bonus, ses deux plus grands succès réarrangés (Canoë rose et Breathless) et la chanson du film flamand Le Fidèle comme touche finale. Comme toujours, les titres se partagent entre la langue française et anglaise, et dans les deux cas, les paroles sont de la plume de la chanteuse.

Et ça donne quoi, tout cela ? L’affaire ne s’annonce pas trop bien, avouons-le. La chanson en français qui ouvre le bal, intitulée La dernière cigarette, est une bluette sentimentale et nostalgique assez dégoulinante. De la variété vieillotte, bien produite mais sans grand intérêt. Heureusement, cette entrée en matière loupée restera sans suite, tous les autres morceaux ayant une autre tenue, tant dans les rythmes et les arrangements que dans les thèmes évoqués (les attentats parisiens avec Debout, Etre là ou Lola & Jim, sa ville d’adoption avec Bruxelles, les laissés-pour-compte de la société avec Au mont de piété…).

Certes, tout cela est nickel, sans un poil qui dépasse et sans aspérités. L’émotion est contenue et calibrée. Mais reconnaissons que l’excellence de la production est bien agréable à l’oreille, à la manière d’un disque de Sade ou d’Enya. Et surtout, la voix de Viktor Lazlo n’a peut-être jamais été aussi belle. En parfaite maîtrise de son art, elle nous régale d’un chant clair, mélodieux, varié et sans ostentation. Dommage alors, me direz-vous, qu’un tel talent ne soit pas mis au service de chansons moins corsetées. Avouons pourtant qu’il serait bien bête de rejeter ce bonheur simple d’écouter de belles mélodies portées par une telle interprète. Après tout, il existe aussi une vie sans Francesca Solleville, non ?

Woman est donc un disque classieux qui s’écoute sans efforts. La production impeccable, un peu datée à viser l’intemporalité, ne le fera évidemment pas glisser dans les play-lists destinées aux jeunes. On imagine plus l’écouter dans un salon cosy peuplé de gens élégants que dans l’arrière-salle d’un bistrot du quartier de la gare ou dans un lieu néo-baba consacré à la chanson à texte.

Et ma foi, pourquoi pas ?

 

Viktor Lazlo, Woman, 2017. Le site de Viktor Lazlo, c’est ici. Image de prévisualisation YouTube

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