« Le pied léger l’esprit rebelle Nous traversons la Passerelle »…[point]2

Un concert offert à Daniel Zanzara – Avec Cath.Watine (photos Vincent Capraro)

Mais quelle mouche a piqué Zanzara ? Ouvrir un disquaire café, un lieu de culture alternatif, qui défend les artistes de la scène indépendante, autour de la chanson française? Il faut être fou ? Oui sûrement un peu, mais pas folle la guêpe parce que rien de grand ne se fait sans folie et courage. Depuis plus d’un an Daniel Zanzara fait vivre avec passion ce lieu de rencontre, dédié aux artistes, au public. Showcases, conférences, ateliers d’écritures, lectures musicales, dédicaces… Quelle magnifique initiative ! Voilà comment créer du lien social, offrir de la culture en circuit court plutôt qu’en paquets de 12, en tête de gondole. Daniel sait bien qu’être artiste n’est pas « un plan B » que l’on tenterait comme de l’import export, du marketing ou de l’élevage de Gnous. L’artiste l’est intrinsèquement !  C’est un passeur d’émotions, d’idées… Il bouscule, émeut, provoque, éveille. Nous rend tous un peu meilleurs. L’artiste joue un rôle social à part entière, sa survie est aussi la notre.

La passerelle.2, c’est ce lieu de résistance qui manquait aux artistes indépendants pour travailler et s’exprimer. Rien d’étonnant que bon nombre d’entre eux, habitués du lieu, se soit réuni le temps d’une soirée de février à l’Ogib de Montreuil pour offrir à Daniel Zanzara un concert de soutien pour que vive La Passerelle.2

Patrice Mercier ouvrait la soirée avec un  Je l’aime à mourir de Francis Cabrel revu et corrigé, devenu Je l’aide à mourir… le ton était donné. Toujours entre rires, délires et émotions, les artistes se sont succédé à un rythme effréné : Lembe Lokk (reprise bouleversante d’Hallelujah, de Leonard Cohen), Gatica (lauréate du prix Moustaki 2018) Le retour de la reine, Nour qui porte si bien son nom tellement elle illumine et charme l’auditoire de sa grâce. Pour cette soirée de fête des duos, des trios improvisés (ou pas) montent sur scène avec Catherine Watine, Sébastien Kunz, Soliz, Rosie Marie, François Staal, Fréd Pérriot, Remi Auclair.

Tous les artistes tiennent à célébrer l’initiative de Zanzara dans un esprit de franche camaraderie et de générosité avec le public.

La fine Fleur Offwood évoquera sur une ambiance bossa Les gens sympas « comme quelques pas de danse, ont le palpitant qui bat du don de l’abondance ».

Alice Botté, que l’on connaît bien comme guitariste de Jacques Higelin ou Hubert-Félix Thiéfaine (entre autres) est venu offrir quelques minutes de son projet Feu Brulé, une expérience sonore à laquelle il ne nous avait pas habitué. Une création éloignée du rock, qui mêle mix et guitare qu’il chatouille même avec un archet de violon ! Au gré de son inspiration du moment, il improvise et nous emporte dans un univers trash punk déjanté à souhait.

Une autre guitariste, Alice Animal, marquera la soirée. Cette artiste  impressionnante sur scène ne l’est pas moins sur  son album Théogonie, enregistré aux studios Real World, fondés par Peter Gabriel (rien que ça !). Non seulement c’est une guitariste virtuose mais c’est une équilibriste de grand talent qui réussit la performance d’utiliser son rack de pédales d’effet avec des talons aiguilles à peine plus bas que l’Everest.

En fin de soirée on s’envolera en pleine folie incantatoire hallucinante avec le collectif « Champagne pour Higelin » (La Bestiole, Boudoir, Sarah Amsellem, Lune Papa, Marc Duquenoy, Armelle Yons, Kengo Saito, Olivier Eyt, Cat Loris, Jérémie Kieffer, Bartleby). Cette brochette d’artistes revisite avec jubilation l’univers du grand Jacquot. On retiendra je suis amoureux d’une cigarette, façon punk, poil dans la main, une ballade au parc Montsouris (parce qu’on ne vit pas sa vie on la rêve) et avant l’incontournable et énigmatique Champagne, c’est au son du Rubab (luth Afghan) du japonais Kengo Saito que l’on cassera des cailloux à Cayenne.

C’est le très émouvant Jérémie Kieffer et son Manifeste, peut être en forme d’hymne, qui terminera cette soirée que l’on aurait bien prolongée encore un peu s’il n’y avait pas ce satané dernier métro…

Pour que ce lieu vive encore longtemps Daniel Zanzara a besoin de notre soutien et à ouvert un financement participatif. Venez, participez, vous permettrez à des artistes de continuer à s’exprimer et à rendre à tous la vie plus belle.

Toutes les photos de cette Soirée de soutien à La Passerelle.2, c’est ici.

 La Passerelle.2, 52 rue Popincourt, dans le 11e arrondissement. Le site de La Passerelle.2, c’est là. Le collectif « Champagne pour Higelin » se produira le 9 Mars à l’Ogib de Montreuil.