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À la bonne franquette, soirée chez Juliette

Juliette (photo d'archives Vincent Capraro)

Juliette (photo d’archives Vincent Capraro)

9 mars 2018, Le Firmament à Firminy,

 

Si ce n’est sa voix dorée à l’or fin, on ne sait jamais tout à fait à quoi s’attendre avec Juliette. Si tant est qu’on soit en retard de son dernier album (voici la critique de NosEnchanteurs), le terrain, même familier, nous est inconnu : ce n’est pas elle qui nous fera un chapelet de ses succès. Tirés du passé, il n’y aura qu’Aller sans retour et Le festin de Juliette, mais n’anticipons pas. « Dans mon piano droit / Je sais qu’il y a encore / Une chanson qui dort / Alors réveillons la ». Là, elle nous fait piano solo. Avec cependant des musiciens, astiqués comme des cuivres, qui osent même, avec l’accord et la bénédiction de la patronne, s’absenter, qui pour aller chercher de quoi grailler, qui pour téléphoner. Car c’est à la bonne franquette, soirée chez Juliette. Nous, nous sommes le papier peint du salon, papier animé (de bonnes intentions), témoin privilégié. Un papier même pas jauni, fait de toutes les fragrances de l’âge, des plus jeunes aux plus vieux.

« Je sens que ça part d’une bonne intention, mais qu’est-ce que vous foutez chez moi ? J’aurais su, j’aurais rangé ». Des canettes de bière au bar, par terre un maillot de foot de François Ruffin, le ménage pas fait… Et donc les invités qui arrivent, les bras chargés de cadeaux. Il en manque un : « On n’a qu’a commencer, ça le f’ra v’nir ! »

Faut-il encore vous présenter Juliette ? « Parmi mes signes distinctifs / Ronde du cul, frisée du tif / Il en est un qu’on n’peut rater / J’ai des lunettes sur le nez / Chez les chanteuses c’est assez rare / Et pour porter cet étendard / En vérité je vous le dis / Y’a qu’moi et Nana Mouskouri ». Chanteuse, oui, mais qui dit ne pas aimer la chanson. Elle met tant de foi à l’affirmer, à le chanter, tant de talent aussi, que, bons princes, nous acquiesçons sans nullement y croire, d’autant que la traitresse nous chante aussi que « sous la plage de Sète / Laissez-moi gardez mes lunettes ». Ben tiens, y’a pas de fumée sans chanson !

Ce singulier « chant’appart » devant mille personnes est à nouveau grand bonheur, à l’image de l’album tout beau tout neuf qui sert de support. Que Juliette se souvienne d’Une adresse à Paris, qu’elle s’inquiète de la Météo marine (« Et j’attends la houle et le grain / En allant pécher le grain »), qu’elle cherche Midi à [sa] porte, son chant, ses mots sont mélodies qui flattent nos oreilles. Et cet autre, déchirante et pour longtemps actuelle, sur l’exil, Aller sans retour : « Pour quel paradis / Ou pour quel enfer ? » Si la chanson, c’est ça, on peut l’aimer, sais-tu, Juliette ?

Tout ne fait pas pour autant dans l’exquis raffinement. Y’a au moins une chanson qui, sans sentir la sueur, renifle fort des aisselles et de l’effort consenti : C’est ça, l’rugby !, rencontres fratricides et gaillardes entre Montauban et Perpignan. Telle est Juliette, qui n’doit pas plus aimer la chansonnette. Et de faire plus fort encore, soupesant les cours de la bourse et l’état de sa fortune : « Les bijoux de famille, ma fille / Ça met des lueurs dans les pupilles / Jolis joujoux / Ah les beaux bijoux / Qu’on déshabille et qu’on mordille ». C’est aussi ça, la chanson, et c’est tout bon.

Tour de chant et fin de réception. Mais l’histoire tourne en rond et, mise en abime, la première scène se répète. Juliette va-t-elle tout bisser ? Elle nous quitte habilement, en Juliette Binocle au César, à remercier tout le monde. Et nous aussi. Mille personnes sont debout, aux applaudissements chaleureux. Juliette est une grande chanteuse qui, par bonheur, n’aime pas la chanson.

 

Le site de Juliette, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs à déjà dit d’elle, c’est là.

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