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Gabriel Saglio et les Vieilles pies, on les aime sous les palétuviers verts

SAGLIO Le chant des rameurs 02 2018Son visage doux et pâle s’est caché sous le masque africain de sa pochette, et sa voix attachante, un peu voilée, pleine de larmes mais souriante aux étoiles, a rejoint l’âpre et doux Chant des rameurs, du poète sénégalais Birago Diop, qu’il a mis en musique, après ceux de Rimbaud ou d’Eluard par le passé.
Les autres chansons de l’album sont de lui, paroles et le plus souvent musique, et nous conduisent sans peine en terre africaine, avec l’appui des voix ou/et des refrains en Créole réunionnais (Christine Salem pour La vie souffle), en Malinké (le guinéen Sékouba Bambino sur Le Canal du midi) ou en Bambara (les maliennes Mamani Keita, Fanta Sayon Sissoko ou Tanti Kouyate), des chœurs et des percussions mandingues.

Le message mélancolique dénonce l’exploitation, le sort des êtres humains condamnés à se vendre (« Sur le canal du midi, elle était posée là (…) Pas à pas dans l’arène, du rêve ou du cauchemar / Elle attend ce quelqu’un, elle attend ceux qu’elle craint »).
À se cacher, à s’exiler, Un bout de terre entre les doigts : « Son sourire amer, nous dit qu’il est triste / Alors il ferme les yeux et se met à rêver / Et il écoute sa femme chanter… » – ce haut chant réconfortant de Mamani Keïta.

Mais l’espoir est toujours au détour du chemin : « On se remet de tout / On se connaît toujours bien / La vie souffle sur des braises / Lorsqu’on est aimé par les siens ». A la voix rassurante de Gabriel répond celle, grave, sombre de Christine Salem, aux accents de l’accordéon qui tourne sur des percussions entêtantes. L’amour n’est jamais loin du désamour, mais même en paternité non voulue, La vie souffle...
Cette nuit là : « L’eau gronde sous nos pieds, elle connaît l’immuable / Le courant est trop fort et les flots dansent pour nous »
envoie un message d’amour tendu, mystérieux, inquiet et dansant à la fois, qui résume bien l’ambiance de l’album.

Le groupe en 2018

Le groupe en 2018

La poésie souffle sur cet opus où le message est simple mais jamais simpliste. L’émotion, l’empathie, le bonheur de Vivre ensemble y surgissent à chaque instant, en des mots justes et universels.
La musique Klezmer de l’Est du vieux continent de l’album de 2013 y fait place à celle de l’Ouest africain, avec les musiciens africains invités accompagnent l’équipe des Vieilles pies.

Les percussions se sont enrichies de bongos, roulèr, sati (toutes percussions traditionnelles du maloya réunionnais), et du tamani (le grand tambour parleur du Sénégal), tandis que le cavaquinho (petite guitare brésilienne à quatre cordes) a rejoint les guitares de Yoan Hernandez et de Vincent Barrau, compositeur de la musique d’Un drôle de Père Noël (triste conte sur le travail clandestin).
Le violoncelle de Mathieu Saglio (les trois frères de Gabriel sont musiciens ou artiste), le violon, la batterie d’Alban Cointe, les cuivres – la douce clarinette de Gabriel , le saxo et les percussions du camerounais Toups Bebey, complètent la richesse de cette musique métissée, avec un entrain irrésistible.
Le clavier et l’accordéon de Florian Tatard, le compositeur de La vie souffle, sont très présents aussi. Et les chœurs africains transforment l’Utopie, « Tapie dans un sourire, un soleil ou un chant », un ancien titre de 2010, en reggae de l’espoir.

Après l’incandescence de ces dix titres, dont un court enregistrement d’ambiances urbaines, Tiki amorce le retour au calme sur quelques notes de guitare : « Elle avance doucement / La nuit t’attend, te bercera d’espoir / elle est celle qu’on peint »


Gabriel Saglio & Les vieilles Pies
, Le chant des rameurs, auto-produit, L’autre Distribution, 2018.L’album, coup de cœur de l’Académie Charles-Cros 2018, est classé deuxième derrière celui de  Juliette en mars 2018 par le réseau Quota. Le site de Gabriel Saglio, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là. Prochain concert le 19 mai au Festi’Léman à Evian puis dans toute la France.

Image de prévisualisation YouTube

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Une réponse à Gabriel Saglio et les Vieilles pies, on les aime sous les palétuviers verts

  1. Rejanie 13 avril 2018 à 11 h 38 min

    Merci, je viens de faire une belle découverte, je ne connaissais pas du tout.
    Je vais m’empresser de relayer.

    ça faisait longtemps que je n’étais plus venu par ici, toujours aussi chouette

    Répondre

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