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Mouron d’amour à Vaison

Mouron à Vaison-la Romaine (photos Michel Trihoreau)

Mouron à Vaison-la Romaine (photos Michel Trihoreau)

Le répertoire de Jacques Brel est aussi tentant pour les gens qui chantent que celui de Brassens ou de Ferré. On ne compte plus aujourd’hui le nombre de « Machin chante Brel ». La grande difficulté c’est qu’à la différence de ses deux contemporains, Brel mettait un maximum d’imagination, d’énergie et d’amplitude dans sa façon d’être sur scène. S’il n’est pas trop difficile d’habiller Brassens ou Ferré, que peut-on en revanche ajouter au jeu de Brel ?

Je ne parlerai pas des modestes, qui sans fioriture font partager à leur public leur amour du Grand Jacques et contribuent au devoir de mémoire, honorablement. Et il y en a de très bons.

Mais je vous parle des autres.

D’abord, ceux qui font commerce de la nostalgie d’une image de télé. Ils arrivent avec leur petit costume avec leur petite cravate et leurs gros postillons. Ils ont tellement regardé de vidéos qu’ils finissent par lui ressembler avec leur bras en balancier, qui dit oui qui dit…  Et le public exulte, car ils ont de la voix, la même ou presque. Ce n’est plus de l’art, c’est de l’identification, voire du cannibalisme ! Il faut vous dire, Madame, que chez ces gens-là, on n’interprète pas, on singe. Mais il y a aussi de bons singes.

Et puis il y a les grands. Ils sont deux, peut-être trois et je vous en accorde encore un que je ne connais pas encore… Parmi eux, il y a Mouron.

DSC06422Au festival Brassens à Vaison-la-Romaine, on aime bien Brel qui était le voisin et l’ami de Georges. On aime bien la qualité aussi, le public est bien disposé, mais pas forcément acquis. Mouron ? Vous connaissez ? Oui, elle était dans le Big Bazar de Fugain. Ah ! Mais elle a aussi fait ses chansons… Elle cherchait une entrée de secours, y’avait une histoire d’échange-standard je crois… Oui et depuis elle a tourné pas mal à l’étranger aussi…

Le soir, ils sont tous là.

Elle déboule sur la scène pour lancer sa Quête. Oui, SA quête ! Parce que dès les premières mesures on a compris que c’était la sienne. Elle en veut, elle mord dedans, pas comme Jacques avec ses dents de cheval, non : avec amour et conviction. Elle n’a pas bouffé Brel, elle a ingéré ses chansons, elle les porte au fond d’elle-même dans le cœur et dans la tête. La voix est puissante ou caressante selon les cas, avec une indéfinissable tendresse. Le geste est dicté par l’émotion qu’elle contrôle et partage avec le public. On la sent authentique, vibrant avec les mots qui sont devenus les siens, à sa manière, avec sa personnalité.

Mouron n’est pas Brel. Elle est Mouron et c’est cela qu’on aime.

Elle n’ajoute rien l’original, elle ne le copie pas, elle nous le fait oublier dans l’ombre, derrière les chansons. Ses Flamandes ne ressemblent pas à celles de Jacques, même si ce sont le mêmes. Quand on n’a que l’Amour a l’air d’une chanson nouvelle. Lorsque lui est pathétique, elle est flamboyante, lorsqu’il lance le poing, elle ouvre les bras, parce qu’elle est femme et qu’elle prouve qu’une femme peut chanter Au suivant ! sans éveiller la moindre réserve. C’est cela le grand talent.

Et les deux ou trois autres grands ?

Ce soir, j’ai oublié, peut-être une autre fois. Il est tard, Madame…

 

Le site de Mouron, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

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