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Les Ogres et le Bal Brotto Lopez : c’est fou, c’est folk !

En scène (photo d'archives)

En scène (photo d’archives)

Les Ogres de Barback et Le Bal Brotto Lopez, 19 mai 2018, La Forge au Chambon-Feugerolles,

 

Il est fréquent qu’on associe à un artiste, un groupe, une première partie qui lui ressemble, presque un copié-collé, pour ce qu’on estime être une cohérence de programmation. Là, c’est pur mimétisme. Bastien Vidal, le chanteur d’Alkabaya, groupe stéphanois à la chanson « festive et poétique », a la même voix, la même diction, la même façon de frapper les mots, les scander, les marteler, que le Fredo des Ogres. La qualité d’Alkabaya n’est pas en cause, mais on jugera cette estimable formation à l’aune des Ogres, plus voraces qu’elle. Au désavantage des Stéphanois. Il serait simple de mettre sur scène deux formations non antagonistes mais différentes, pour l’intérêt de tous et surtout de celle en première partie. Pour ne point les confondre, pour toutes deux les apprécier comme il se doit sans avoir à les comparer.

Les Ogres de Barback, donc. Qui cette fois-ci font cause commune, chant commun, avec une autre et illustre formation : le Bal Brotto Lopez. Du trad. Les voir, les applaudir ensemble ne manque pas de panache, de majesté même. L’art des Ogres à cette élasticité singulière qui fait qu’il s’accorde avec qui consent le partage, avec qui ils caméléonnent. Sans rien perdre de leur identité : autant les Ogres seront rock avec les Hurlements d’Léo, autant ils seront folk avec les Brotto Lopez. Ceux qui, dans les années soixante-dix, ont usé la semelle de leurs baskets en de frénétiques mazurkas et de peu sobres bourrées y retrouvent leurs vingt ans. Tiens, je vous parle comme dans un bal folk et c’est presque le cas. Lopez, Brotto et les Burguière (Alice, Mathilde, Sam et Fred) mettent le feu au plancher, ou aimeraient. La salle est pleine comme un œuf et le plancher de bal noir de monde. Quand les Occitans nous enseignent les pas de la ronde du Quercy, c’est danse immobile, statique tant c’est dense. Et le cercle circassien reste en l’état une idée de l’esprit… Dommage. Car, ici, pas loin de Saint-Etienne, si on est venu pour les Ogres, héros de proximité, complices depuis fort longtemps déjà. Le Bal Brotto Lopez, on le découvre. Et par lui on recouvre des gestes, des pas surtout, réflexes de danses qu’on ne savait plus et qui pourtant sont en nous, ne demandant qu’une ou deux notes, une impulsion. La flûte est légère, champêtre, que relaie la boha (cornemuse des landes de Gascogne). Parfois le Quercy, avec malice, prend des airs de Galice, le son est poivre et celte.

Effet collatéral, ce répertoire partagé corrige de fait la diction de Fred : moins de texte et moins de débit rendent compréhensibles les paroles ce qui, avouons-le, n’est pas désagréable à qui ne les pas appris par coeur avant de venir.

« Moi, le Français m’exaspère / Mais la France me plaît / Et si j’aime sa terre / Son fromage et ses prés / Mille fois je la préfère / Remplie de sans-papiers » Le partage n’abdique rien, surtout pas à l’air du temps : « Qu’un étranger passe la frontière / Qu’il vienne partager mon pain / Si ça peut faire moins de misère / Je le veux bien / Ceux qui trouveront ça démagogique / Cette façon de penser / Vous avez compris la musique : vous m’emmerdez » (1). Délit de solidarité affirmé, revendiqué : fasse que cette petite musique réveille l’oreille du sinistre ministre… Il en va de l’élémentaire solidarité comme de l’état alarmant de notre vieille planète : « Mes amis, c’est vraiment le bazar / Il faut sauver la planète / Rien n’arrivera par hasard / Voulez-vous que tout s’arrête ? / Il faut que l’on se partage / Tant de nature à soigner / Il faudrait que l’on ménage / La Terre et ses subtilités ».

Trésor partagé, cadeau pour le public, une partie en langue d’Oc, l’autre en langue d’Oïl, l’universel C’est peut être, d’Allain Leprest : « C’est peut-être Colette / La gamine penchée / Qui recompte en cachette / Le fruit de ses péchés / Jamais on le saura / Elle aura avant l’heure / Un torchon dans les bras / Pour se torcher le cœur ».

Plus rien de ce qui vient des Ogres de Barback ne saurait encore nous étonner. N’empêche qu’on l’est à chaque fois, qu’aucune tournée ne ressemble à la précédente, encore moins à la suivante. L’énergie est folle, belle, sur scène comme dans la salle. Folle et réjouissante, sans âge. Les rappels longtemps se succèdent, généreux et subtils, dans le son et dans le sens. On ne quitte pas les Ogres, on se donne simplement rendez-vous à la prochaine.

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(1) Organisé par l’association Free-Mômes, ce concert était en soutien à la Cimade.

 

Le site d’Alkabaya, c’est ici.

Le site des Ogres de Barback, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là. Le site du Bal Brotto Lopez, c’est ici. Image de prévisualisation YouTube

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