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Du vent dans les bronches et des chansons en tête

Du vent dans les bronches (photo d'archives DR)

Du vent dans les bronches (photo d’archives DR)

9 juin 2018, L’autre lieu Epallle-théâtre à La Ricamarie,

 

C’est toujours agréable de rencontrer un tel duo, rétif aux étiquettes, pas familier du tout des codes-barres. Eux alternent le grave et le futile ; sinon la déconnade au moins la décontraction, pour retrouver l’instant d’après un grand sérieux. Ça doit leur ressembler, comme ça ressemble à la vie : là, c’est simplement concentré en un set de plus d’une heure. A certes chanter – c’est tout de même leur activité d’intermittents –, à parler aussi, à papoter. De l’essentiel et de ce qui ne l’est pas. De plaisanter. Il y a des fois où ça peut nous faire songer à ce que furent Font & Val en scène – en moins caustique tout de même – , surtout quand, à leur insu, à celui des organisateurs aussi, leur chien vient les rejoindre en scène comme naguère Jef, le cabot de Font. Ou de Val, autre cabotin.

En co-plateau, ils étaient lors de la première partie de cette soirée avec un quintet féminin (là, réduit à un quatuor), Les voix sauvages, venu de Montluçon, avec qui ils travaillent assidument. Sans être le même, le répertoire est dans le même ton.

En première partie, les Voix sauvages, accompagnées par nos deux compères du Vent dans les bronches (photo L'autre Lieu)

En première partie, les Voix sauvages, accompagnées par nos deux compères du Vent dans les bronches (photo L’autre Lieu)

Eux, ce sont Chakib Cadi Tazi au chant, à la guitare et à l’accordéon. Et Jean-Christophe Planès au chant, un peu moins souvent, et aux cuivres : hautbois, hautbois baryton et sax ténor. Des Auvergnats. Qui, dès l’entame du spectacle, sur un air plus que centenaire de Mac Nab, nous chantent que leur fille milite chez Wauquiez : « Une enfant de droite, c’est indigne ! ». C’est déjà foutu pour la subvention de la Région. Relatif équilibre toutefois : « J’ai d’ailleurs un fils au PS / Ça fait trois ans qu’il est castré ».

Et déjà effet de balancier, par ce rappel, en forme de Cours de grammaire, forcément drôle, de Jean Yanne. Un coup je ris, un coup je pleure, y’a pas, comme ils le chantent par ailleurs, « on commence à la voir sourire /la chanson qui ne sait pas quoi dire / on commence, ah c’est beau dire / à s’épanouir ».

C’est une chanson franche, sans entourloupe, si ce n’est, au creux de ses vers, de précieux calembours, jetés à la manière de grains de gros sel sur un plat de pâtes. Ils vous feront ici un tour de France sentimentalo-grivois (un peu beaucoup dans une verve proche de celle de Gérard Morel, si vous voyez) puis, là, une Mauvaise réputation (de Brassens il s’entend) en arabo-marocain approximatif : « Fi douar bla prétention khenzouli ma réputation / Kifma tharekt Iyeh oulala, je passe pour un oueld l9hba / Wa ma 3amerni ma berzet personne / Tabe3 tri9i dyal petit bonhomme… » Nous chantent une fable moderne et libérale faite d’un loup, d’un banquier et d’un mouton. Puis, sans crier gare, pastichent la Gréco, avec un Radicalisez-moi (« …oui mais pas tout de suite, pas trop vite / sachez me dénigrer / sachez me désigner… ») bien à contre-courant du politiquement correct, qui se clôt par un « et vous, barricadez-vous ! » sans appel ni rappel. Ici une chanson qui fait bombance, là une qui ne mange pas tous les jours à sa fin : « Quand les gadjé dégagent les Roms c’est comme / Quand les fachos prennent le tempo… » Nos amis alternent tout : les notes et les mots, l’accordéon et la guitare, la joie et la colère, le routinier et l’événement. Mais pas l’amitié ni le respect,toujours présents, évidents ciments de ce duo.

Dans le parcours artistique de Chakib et de Jean-Christophe, La Ricamarie et Saint-Etienne tiennent bonne place. Nulle surprise donc à les voir reprendre Les amoureux de Gil Chovet, formidable artiste du cru : « Les amoureux marchent main dans la main / Pour les doubler, tintin ! ». Ni chanter La chanson de La Ricamarie, un texte de… Louis Aragon, qui a bonne mine comme on dit ici : « Ce matin, vous avez repris / Un puits, vous mineurs de la Loire / Ce soir, l’ombre sera moins noire / Pour ceux de La Ricamarie ».

Du vent dans les bronches, c’est du bon sens dans la vie, c’est le vivre ensemble. C’est un temps et un espace de chansons nature, sans triche ni chichis. C’est, je crois, assez épatant.

Le site de Du vent dans les bronches, c’est ici.
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