CMS

Avignon Off 2018. Enzo Enzo et Laurent Viel en famille

Enzo Enzo et Laurent Viel (photo DR)

Enzo Enzo et Laurent Viel (photo DR)

André Gide l’avait crié : « Familles, je vous hais ! » Il ajoutait : « Foyers clos, portes refermées, possessions jalouses du bonheur. » Il s’opposait ainsi à l’image rassurante pour le Vatican d’une sainte famille Machin, modèle de vertu hypocrite et indéfectible roue de secours du travail et de la patrie !

« On ne choisit pas sa famille ! » dit le poncif souverain et populaire dont Christian Clavier s’alimente. Décidément, la famille a du mal à sortir des rails et à ouvrir les portes !

C’est pourtant le défi proposé par Chacun sa Famille, un spectacle libératoire de chansons interprétées par la voix et par le geste et surtout par les talents conjugués d’Enzo Enzo et Laurent Viel. La première n’est pas juste quelqu’un de bien, elle est, comme son partenaire Laurent, beaucoup plus. Ils jouent juste et chantent bien et parviennent à nous déstabiliser, soufflant le chaud et le froid sur un sujet tiédi. Le public rit, s’étonne, s’offusque, se reconnaît, s’émeut et n’en sort pas indemne. Les certitudes, les tabous, les hypocrisies volent en éclats. Plus de lieux communs, plus de liens connus, plus de bonnes paroles cachant de mauvais sentiments. Les textes de Pascal Mathieu sont d’un autre niveau et d’une puissance ravageuse et jubilatoire. Celui que la presse n’ose pas appeler le « Rimbaud bisontin » a fait ses preuves en matière d’écriture, tout comme Romain Didier a fait les siennes en composition musicale, chacun pour soi parfois ensemble et ici encore associés pour le meilleur. Sur scène il faut aussi compter avec Thierry Garcia, remarquable guitariste chacun ici le sait, mais aussi comparse, au jeu de scène subtil et qui pourrait être le troisième nom de l’affiche.

Réunir des gens rares et précieux dans la chanson, comme le sont ces cinq-là, famille choisie, c’est un gage de réussite et c’est un pari gagné. Il ne suffit pas de déranger le public, de troubler ses acquis, d’ébranler ses défenses, encore faut-il le faire avec élégance. La grâce et la beauté font passer bien des choses grinçantes et la rose fait oublier ses épines. Pas de brutale provocation, rien de péremptoire dans cette aventure. Par la déconstruction de cette famille académique, la haine se confond dans l’humour et l’amour retrouve sa vigueur sans entraves. Les ruines des dogmes pesants libèrent les rêves et ouvrent les possibilités. Sur scène, c’est une sorte de ballet à trois, jeu de distance et de rapprochement qui met le doigt sur de cruelles vérités pour mieux révéler la tendresse dépouillée.

C’était à Avignon, dans l’une de ces salles du Off, au confort approximatif mais où les courbatures s’effacent derrière le plaisir. Ce sera certainement dans d’autres salles encore à Paris ou dans les régions, c’est ce que l’on peut souhaiter à tous ceux qui n’ont pas eu la joie d’en profiter sous le soleil du Vaucluse.

Chacun sa famille, c’était au Cabestan à Avignon le Off du 6 au 29 juillet. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’Enzo Enzo, c’est ici ; de Laurent Viel, c’est là ; de Pascal Mathieu, c’est là. Contact Diffusion : Cathy Lohé, tél : 06 28 40 30 25 – email : cathylohe@yahoo.fr

Image de prévisualisation YouTube

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives