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Barjac 2018. Un festival en ordre de marche

Durant le concert de HK (photo Anne-Marie Panigada)

Durant le concert de HK (photo Anne-Marie Panigada)

Scènes, gradins et chapiteau démontés, festivaliers repartis : la 24e édition du festival de Barjac est déjà un souvenir. Mais, diantre, quel souvenir !

En trois ans, la mue opérée par Jean-Claude Barens est pleinement accomplie. Ce n’est pas que c’est un tout autre festival mais c’est celui, en ordre de marche, qui est prêt à affronter l’avenir et offre à partager la chanson avec plus jeune que soi, ce qui est la condition première de sa pérennité.

Toute une semaine, la chanson s’est montrée à Barjac telle qu’elle est : dans tous ses états ou presque. Pas un concert ne ressemble à l’autre. Il est loin le temps d’un festival monochrome où seule ou presque une certaine esthétique de la chanson avait droit de cité.

Ne croyez pas pour autant que tous les spectacles fassent ici l’unanimité : entre festivaliers on discute, on commente, mais sans heurts : les guerres de religion d’antan ont fait place au respect, à la tolérance. Oh, vous entendrez bien encore des « Quoi, Marie-Paule Belle ! Et ce sera Annie Cordy l’année prochaine pendant qu’on y est ! », insolite survivance d’un passé révolu. N’empêche que, même si Belle a jadis frayé avec l’ennemi, commis des tubes et tutoyé Guy Lux, il faudrait être sot pour ne pas reconnaître en elle la grande artiste qui a toute sa place dans nos exigences chanson : le public de Barjac lui a fait un juste et mérité triomphe.

Sarclo est venu chanter Dylan, Eric Guilleton a rendu hommage à son ami et maître Pierre Barouh, Pauline Dupuy s’est faite Contrebrassens. Et Sourigues et Mouchès ont ouvert leur atelier de réparation de la chanson. Parlons d’eux, justement : ils ont osé toucher devant nous, « réparer » comme ils disent, L’aigle noir de Barbara. Un autre soir, c’est Géraldine Torrès qui, autre grand crime – surtout ici – a touché à Ma France de Ferrat pour la « réactualiser ». La chanson n’est plus intouchable à Barjac et c’est l’un des premiers enseignements de cette riche édition.

Erwan Pinard en bouffeur de micro, Léopoldine HH en maillot de bain et en bretzel, Pierrick Vivarès mué en chanteur pop… Plus classiques dans la forme, Marion Cousineau, Govrache, Frasiak et Pascal Mary se sont adjugés tous les suffrages ou presque. Les Escrocs ont été mis en examen avant l’heure. HK et HK (Alexis puis Kaddour Hadadi) se sont révélés, indispensables qu’ils sont, à ceux qui ne les connaissaient pas encore…

La programmation a fait place à un portrait plus fidèle de la chanson d’aujourd’hui. Pas forcément celle vendue aux médias (ça se saurait et, de toute façon, Barjac n’aurait pas les moyens de se les payer !) mais le fruit de mutations, d’influences diverses, du reflet de la vie. Bien sûr, tant de changements et particulièrement cette 3e édition de l’ère Barens auront raison de certains festivaliers qui ne pourront accepter qu’on « profane » ainsi ce festival qu’ils aimeraient conserver comme sanctuaire. C’est le prix à payer.

Pour que Barjac puisse affronter l’avenir, il fallait à ce festival un remède d’éléphant. Le diagnostic n’est pas d’aujourd’hui mais jusqu’alors les réponses n’étaient que symboliques, cosmétiques. Là, c’est franc, c’est net, c’est acté. Et on commence à voir les résultats, ne serait-ce qu’un (timide mais réel) rajeunissement du public. Tous ces jeunes dans l’enceinte du château pour y applaudir HK seront peut-être le public de Barjac de demain, pour continuer à y faire vivre cette chanson « de caractère » comme on dit ici, qu’on aime et qu’il nous faut défendre.

Cette semaine, Barjac s’est reconnecté avec le réel.

 

Dans les jours qui viennent, nous reviendrons sur d’autres concerts de cette étonnante et belle édition de Barjac m’en chante 2018.

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