CMS

Barjac 2018. Erwan Pinard… Un vent de folie sur Barjac

Erwan Pinard à Barjac (photos Anne-Marie Panigada)

Erwan Pinard à Barjac (photos Anne-Marie Panigada)

Vent de folie, douche écossaise, propos orageux ou coup de foudre, le concert d’Erwan Pinard, bien avant que la météo ne s’en mêle et secoue le chapiteau du Pradet, aura bousculé le public de Barjac. Erwan Pinard cogne, éructe, assène ses mots comme des uppercuts, laissant le public groggy, sidéré, ulcéré ou bouleversé. Solitaire, guitare au poing, entre blessures et colères, se livrant tout entier, au corps à corps avec le public tel un boxeur sur un ring, inondé de sueur, s’ébrouant comme un animal sauvage, il va le chercher, le provoquer, Mais qu’on ne s’y trompe pas, le seul qu’il affronte, c’est lui-même, homme transi, homme déchiré, homme blessé, homme éperdu d’aimer.

Une quête d’amour insensée dans laquelle il nous plonge dès l’entrée du spectacle, une quête vaine menée au cœur des supermarchés, lieux de l’inutile marchandise ou tout est aseptisé, manufacturé, déshumanisé, où nul amour ne se vend, nul amour ne s’achète, une quête ponctuée de ces mots « Est-ce l’enfance qui s’en va quand les marchands s’en viennent ? ».

Pinard 30c EP 0075Erwan Pinard ne nous parle que d’amour, celui qui n’est jamais aussi brûlant que quand le manque se fait sentir, que la séparation vient mettre le cœur à vif.

Et de cette déchirure, il nous en livre toutes les déclinaisons, toutes les convulsions. Il nous dit la souffrance d’un impossible retour (« Je reviendrai quand tu ne m’attendras plus. Quand tu ne m’atteindras plus, je reviendrai »), un come back qui ne peut s’envisager que débarrasse de tout sentiment (« mais ce sera sans peur. Ce sera sans les poubelles de l’intellect, sans les greniers de l’affect, ce sera sans trace, ce sera sans mémoire, ce sera sans attache ou ce sera trop tard »). Mais tout cela est vain pour celui qui « finalement n’aime que rétrospectivement ».

Erwan Pinard se met à nu, s’exhibe sans artifice, son écriture même est au scalpel, il dissèque l’amour, fait le portrait chimique d’un cerveau amoureux, en tente la synthèse. Et malgré tous ses efforts pour « empailler son cœur », il ne peut édulcorer la peine qui est en lui, tout est dit, jeté en pâture au public, les plaies ouvertes, les cicatrices, les larmes. Bien sûr qu’il dérange, cet animal blessé avec ce cri sans cesse renouvelé, cette détresse, cette solitude, cette rage mais bon sang quelle belle offrande ! Quel don de soi !

Et le monde autour de soi ! Que devient-il quand tout chavire ainsi ? Il est présent évidemment dans toute sa violence, sa vacuité, son inhumanité à travers les nouvelles absurdes tombées sur un télescripteur fou (« Tranquille »), les errements d’une colère ou le temps d’un compte à rebours. Mais qu’on ne s’y trompe pas, le seul combat est intime. A quoi bon, en effet, « les alarmes, les aux armes citoyens… », quand tout n’est plus qu’indifférence ?

 « Qu’as-tu été capable de faire par amour ? ». Voila la seule question qu’Erwan Pinard clame tout au long du spectacle : « Qu’as-tu été capable de faire par amour ? / De l’ombre et des vagues / D’innombrables tags sur son cœur rincé / Qu’as-tu été capable de faire par amour autre que te défiler ? / Les conjectures mathématiques se résolvent / Les conjectures du cœur se dissolvent / Dans le temps, dans les larmes ». 

Et derrière les provocations, les vociférations, les prétendues gesticulations, se faisait jour la fragilité, la tendresse, l’émotion. Une émotion brute qui a su émouvoir ceux qui ont pu la recevoir.

 

Le site d’Erwan Pinard, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a dit de lui, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives