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Festival Chanson du Pays d’Aix 2018, Olivier Béranger, esquisser quelques vers à soi(e)

Bernard Giguet & Olivier B&ranger Chez Rachel 2018 Festival Aix Photos Beablues

Bernard Giguet & Olivier Béranger Chez Rachel 2018 Festival Aix (photos Beablues)

Chez Rachel, restaurant rue du Coton rouge, Aix-en-Provence 3 octobre 2018 : « Inter-noctambulles »,

 

« Et même si vous me manquez déjà / Il y aura d’autres rendez-vous / D’autres horloges à arrêter ». Olivier, ce 5 octobre 2015, nous avait quittés sur cette promesse. C’était dans cet ancien cabaret chanson, La Fontaine d’Argent à Aix (actuel café-théâtre d’humour), déjà dans le cadre du Festival de la Chanson Française du Pays d’Aix. Un an durant, il donna aux heureux facebookiens un rendez vous poétique nocturne, dormant peu et trouvant son inspiration la nuit. Un sentiment, une sensation, une réponse à l’actualité, un frémissement sensuel traduits en poésie.

D’autres rendez-vous, on en a eu 366, et c’est peu de dire qu’ils étaient attendus. A ces Internoctambulles nous étions accros, et leur fin en 2016 nous laissa à nouveau en manque, avec toujours l’horizon d’un album auquel on ne croyait plus… sauf que ce fut ce bijou de douze poèmes mis en musique en collaboration avec son guitariste et compositeur Bernard Giguet.

BERANGER NB FCFCA2018 Beatrice BeaC’est vous dire avec quel plaisir nous les avons retrouvés au Coton rouge Chez Rachel, dans ce restaurant atypique, hôte de chant et de poésie, qui vous reçoit comme chez vous, petit jardin, pavillon rustique, voûtes et cheminée, comme pour un concert en appartement on pousse les tables, on aligne les chaises et on écoute les artistes avec ferveur avant de déguster un délicieux buffet maison.
Près du foyer se sont installés Bernard Giguet et ses guitares, sa tête d’ampli (sans doute un modélisateur Kemper), son enceinte et sa console et, loin de l’ampli, Olivier qui nous conte cette épopée auditive et poétique… « J’habite une saison qui s’appelle partage / J’habite en poésie ». Tous deux nous prouvent que la poésie peut s’habiller de rock, en laissant en avant la voix d’Olivier, enveloppante et dont la légère vibration favorise autant la compréhension que l’émotion.

La poésie d’Olivier, c’est comme un tableau de Hopper : des villes vides où surgissent parfois des humains dont le regard est ailleurs, des paysages presque désertiques, des personnages peints comme des nature mortes qui s’animent soudain devant vous si votre imagination les réinvente, des maisons peintes comme des portraits…Et sans jeu de mots la magie opère…
Les objets, tels cette chaise « Vide, vivante, habitée », suscitent souvenirs, émotions et sensations, et la parole se fait chant et musique « Mon corps est une flûte dont joue si bien le vent qui me transperce ». Ou ce Comptoir « Merchurochrome de zinc pour cœurs abandonnés » qui brille « sous le chiffon humide de Suzy la patronne ». Olivier peint avec des mots circonstanciés, à petits coups de plumes subtils, des images aussi nettes qu’Hopper avec son pinceau, slalomant sur les pentes de son monde imaginaire. Soudain, collision avec de fins détails réalistes. Etrangeté du quotidien. Dans l’hôtel sur le port « Contre la porte d’entrée, les consignes en cas d’incendie / Les amours tarifés succèdent aux histoires naissantes ».
 
Et puis il y a la musique, qui va de la  mélodie latino au coin du feu de L’automne, hymne aux promesses de nouvelles découvertes, plus ténues, l’attente, l’oubli, le désir de ces hivernales esquisses sous les tissus complices…au pop rock de la superbe David Bowie ressuscité comme une voix d’outre-tombe dans le micro : « Major Tom…We can be heroes ». « Liberté textuelle… ». Ou aussi Une nouvelle guitare, pour le coup de foudre (onéreux) de Bernard pour un superbe instrument acoustique Martin : « Je l’ai prise dans mes bras / Elle s’est laissé faire ». 
BERANGER Hopper Office_at_Night 1940Le cœur du concert est ce long morceau de vingt minutes qui ne passera jamais sur les ondes, dans la lignée des morceaux des années 70, film sonore d’un dialogue intérieur imaginé depuis la toile « Office at night » (1940) du dit Hopper, en duo de guitares, électrique pour Bernard qui exceptionnellement joue aussi les chœurs, acoustique pour Olivier. On est aspirés au sein du tableau au fur et à mesure que l’ambiance musicale monte en intensité. 
Petit coup de projecteur sur l’ami Mokaïesh et sa Loi du marché avec un poème social à lui dédié, « Le cynisme est une arme de destruction passive » sur d’âpres miaulements de guitare électrique. A Patricia Pélissié, pour la soutenir en des temps difficiles de restrictions budgétaires (nous en reparlerons), une chanson nouvelle évoquant le Pays d’Aix autour de La Magnanerie. Et aux poètes d’antan et de maintenant, de Jean de La Fontaine à Bukowski, des voyages spacio-temporels et humains.

Restera cette traversée électro-rock chuchotée outre-tombe, Hors-série : « Plus qu’un souffle mobile / Heureux d’être incompris / Heureux de n’être utile / Qu’à ce qui me survit ». Poignant.

 

Le profil facebook d’Olivier Béranger, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.

J’habite en poésie
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Jean de la Fontaine
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Une nouvelle guitare, en concert au Coton rouge
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