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Johnny Hallyday, sous le roc les pierres roulent encore

cd hallydayMême si on ne chronique pas l’album d’un dieu (lire ici l’article de Michel Kemper), on  peut quand même l’écouter…et l’apprécier (ou pas, chacun ses goûts).

Nul besoin de promotion universelle pour lancer ce dernier album du Patron, enregistré en août 2017 quelques mois avant son décès. Pas de titre seriné un mois à l’avance, pas d’avant-première, pas d’affiches, pas d’émission en première-heure (prime-time). L’album a déjà 800 000 pré-commandes et s’est vendu à 300 000 exemplaires dès le premier jour.

Johnny y renoue avec une tonalité rockn’roll pure années 50-60 grâce aux arrangements de Yodelice, qui signe ou co-signe avec Yarol Poupaud l’ensemble des compositions musicales à l’exception d’un titre. Mais on y retrouve aussi une synthèse des thèmes de son parcours : la solitude du prisonnier, l’Amérique, l’amour, le sens de la vie. Même si les enregistrements peuvent corriger certains défauts, la voix de Johnny paraît n’y montrer aucune faiblesse…

Et ça démarre fort, tant qu’on pense se régaler avec l’énergie de ce disque ultime. J’en parlerai au diable (Pierre Jouishomme) reprend ses interrogations sur sa vie en un dernier pied-de-nez au sort, « Il saura m’écouter / L’innocent, le coupable / L’homme que j’ai été ». La chanson éponyme de l’album (Katie Landreas), rock pur jus où l’on imagine un couple s’envolant dans des figures acrobatiques, chante le pays de l’amuuuur. A côté Made in rockn’roll« C’est pas le temps qui va user ma carcasse » – de JD McPherson paroles et musique, pourtant spécialiste US du rock 50’s, paraît un peu en retrait, moins vécu.

Avec ce balancement de cordes qui excite notre mnésie musicale, sur fond d’orgues tragiques, et ses solos de guitare électrique, Pardonne-moi donne toute la mesure de l’intensité de l’interprétation de Johnny. C’est même ce qui le caractérise, nous donner l’impression d’écouter une leçon de vie. Même si les paroles sont, somme toute, banales : « Si je tombe, dis-moi qu’aurais-je pu faire de mieux ? », cette chanson est un redoutable déclencheur d’émotions.

Mais après l’Interlude, qui signe l’ambition spirituelle de l’album, et la symbolique 4m2, de Pierre-Yves Lebert (auteur pour Daran ou Obispo), le rock se fait plus country et moins énergique. Le texte de  Miossec (Back in LA) est décevant,  Jérôme Attal (L’Amérique de William) a quelques ambitions littéraires. Ce ne sont pas ces titres qui, personnellement me restent en tête. Heureusement l’album s’achève avec Je ne suis qu’un homme (Hervé Le Sourd – Yohann Malory) avec ce discret gimmick à la John Murphy (28 days later theme) « J’aurais voulu rester / Mais je ne suis qu’un homme »… et pas un dieu.


 Johnny Hallyday, Mon pays c’est l’amour, Warner 2018. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Johnny Hallyday, c’est là.

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Une réponse à Johnny Hallyday, sous le roc les pierres roulent encore

  1. Serge Llado 22 octobre 2018 à 12 h 12 min

    Allergique à l’énorme opération commerciale faite autour de cet album (qui n’est pas sans rappeler la stratégie de Barclay lors du dernier opus de Brel), j’apprécie néanmoins cet article détaillé de Catherine Laugier. Et je l’en remercie

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