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Stavelot 2018. Les Fouteurs de joie : patronyme non usurpé !

Les Fouteurs de joie à Stavelot (photos Benjamin Georges)

Les Fouteurs de joie à Stavelot (photo Benjamin Georges)

Stavelot, « Une chanson peut en cacher une autre », 27 octobre 2018,

 

Sur le plateau, les instruments attendent sagement les musiciens. Sauf qu’ils sont suspendus aux cintres du théâtre, en apesanteur, beaux comme des fruits qui ne demandent qu’à être cueillis. Le décor est posé : le spectateur comprend de suite que le tour de chant qui s’annonce va être soigné, original et poétique.

Le groupe qui va brûler les planches de Stavelot, en bouquet final du feu d’artifices musical qui nous aura enchantés quatre soirées durant, se nomme Les Fouteurs de joie. Près de 20 ans déjà (et leur première venue en Belgique depuis18 ans !) que ce quintet – Christophe Dorémus, Nicolas Ducron, Alexandre Léauthaud, Laurent Madiot et Tom Poisson – occupe avec succès les scènes de France et de Navarre. Leur nouveau spectacle s’intitule Des étoiles et des idiots. « Les étoiles, on vous le promet, elles seront là bientôt », nous précisent-ils. « Quant aux idiots… ».

Est-ce de la chanson ou du théâtre ? Un savant cocktail des deux, dirons-nous. Du music-hall à l’ancienne revisité à l’aune de l’impertinence et de la loufoquerie. Des chansons drôles, mais pas que. Des chansons poétiques, mais avec du rire. Des chansons avec un fond social et politique, mais sans discours. On rit beaucoup. Des rires francs, quand nous sont contés les malheurs de François Fillon (Il est en taule, le gars), une rupture tranchée net (Adieu Berthe), le karaoké dans un resto chinois (et ça vaut le coup : l’apéritif au litchi est offert !) ou le fol espoir du fan de Johnny (Engage-moi). Des rires surréalistes, à l’occasion d’une reprise déjantée de Da Da Da (version originale, en allemand dans le texte). Des rires grinçants, quand des patrons à l’allure de Fantômas lancent leur supplique (Donnez-nous du chômeur / Car ils nous faut des gens qui comprennent bien / Qu’on ne peut pas les payer plus que trois fois rien) ou lorsque le groupe aborde, sourire aux lèvres, le sort des poulets industriels et  l’agriculture intensive (C’est drôle). Des rires tendres aussi, qui saluent une romance dans le décor d’une baraque à frites, ou une histoire d’amour s’écoulant sur quatre saisons. Et de la pure émotion, à l’occasion d’un instrumental à l’accordéon (Les petits manèges) ou du morceau final évoquant les S.D.F. (Sous les étoiles).

CLOÉ DU TRÈFLE, LA PORTE-BONHEUR Quelle belle programmation décidément ! En première partie des Fouteurs de joie, c’est Cloé du Trèfle qui nous aura  charmés, une fois de plus. Autre style, autre univers, autre projet, mais prestation tout aussi brillante. La bruxelloise donne dans l’électro intimiste. Le titre de son 5ème album définit le ton : Entre l’infime et l’infini. Des chansons tout en atmosphère, douceur et délicatesse, qu’elle interprète en s’accompagnant au piano-synthé ou à la guitare, secondée par sa violoncelliste Céline Chappuis. Alors oui, Cloé et son filet de voix n’est pas la chanteuse la plus aguerrie du monde, oui ses chansons manquent souvent d’aspérités et d’accroches, oui ses musiques un peu planantes peuvent sembler monotones. Mais basta, lâchez prise et laissez-vous glisser dans cette bulle de sérénité. Dieu, qu’on y est bien ! (photo Benjamin Georges)

CLOÉ DU TRÈFLE, LA PORTE-BONHEUR
Quelle belle programmation décidément ! En première partie des Fouteurs de joie, c’est Cloé du Trèfle qui nous aura charmés, une fois de plus. Autre style, autre univers, autre projet, mais prestation tout aussi brillante. La bruxelloise donne dans l’électro intimiste. Le titre de son 5ème album définit le ton : Entre l’infime et l’infini. Des chansons tout en atmosphère, douceur et délicatesse, qu’elle interprète en s’accompagnant au piano-synthé ou à la guitare, secondée par sa violoncelliste Céline Chappuis. Alors oui, Cloé et son filet de voix n’est pas la chanteuse la plus aguerrie du monde, oui ses chansons manquent souvent d’aspérités et d’accroches, oui ses musiques un peu planantes peuvent sembler monotones. Mais basta, lâchez prise et laissez-vous glisser dans cette bulle de sérénité. Dieu, qu’on y est bien !
(photo Benjamin Georges)

Mais Les Fouteurs de joie, c’est aussi du théâtre, chaque chanson faisant l’objet d’une mise en scène en décuplant les effets. La variété est également de mise en ce domaine : chorégraphies dignes d’une comédie musicale, déguisements, masques, polyphonie, running gag, interactions entre les intervenants… Tout est bien pensé, bien mené, bien abouti. Le dispositif scénique – le spectacle est acoustique, le son étant uniquement capté par des micros posés sur la scène – laisse les musiciens libres de leurs mouvements, sans fils pour les brider. Chaque membre du groupe joue de plusieurs instruments (guitare, grosse caisse, banjo, accordéon, saxophone, tuba sont de la partie), chante, danse ou fait les chœurs, tout en tenant son rôle de comédie (le râleur, le benêt…). Multiples talents au service d’un spectacle d’une cohésion exemplaire.

Saluons en outre la performance des artistes, qui ont su rester concentrés et offrir au public un show sans défaut, malgré un désagréable aléa : le concert a en effet été interrompu durant une quarantaine de minutes pour cause d’alarme incendie (comme Tom Poisson le souligna : ce n’est pas en Suisse qu’on verrait un truc comme ça !).

Les Fouteurs de joie ne sont pas des menteurs. Ils ne trompent pas sur la marchandise : leur dénomination est conforme à la réalité. Et les étoiles promises pour la fin de la soirée étaient effectivement au rendez-vous, dans tous les yeux de l’assistance, assorties au soleil qui squattait les sourires.

 

Le site des Fouteurs de joie, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.

Le site de Cloé du Trèfle, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

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2 Réponses à Stavelot 2018. Les Fouteurs de joie : patronyme non usurpé !

  1. odile Fasy 2 novembre 2018 à 8 h 41 min

    Bien dit Pol!
    Oui les fouteurs de joie c’est tout çà …
    On ne s’ennuie pas avec eux, musiciens, comédiens, et de très bon interprètes.
    Il me reste un très bon souvenir de leurs passage au »Train théâtre » de Portes les Valence .

    Répondre
  2. Marie GUYOT 3 novembre 2018 à 0 h 02 min

    Il faut vraiment les voir sur scène! Un spectacle très accompli!

    Répondre

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