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Maud Lübeck, l’amour intranquiLLe

Maud Lübeck (photo © Marie Magnin)

Maud Lübeck (photo © Marie Magnin)

On l’avoue, normalement les accents intimistes sur des arrangements pop ne sont pas trop not’ tasse de thé. Sauf que là, oui. Sauf que là, sans crier gare, Maud Lübeck nous embarque dans son univers doucement mélancolique dès les premières notes. En 2016, elle nous avait déjà charmés avec  Toi non plus, chroniques intenses d’une séparation. Le temps a passé, nous restons dans une belle continuité avec Divine (chroniques d’une rencontre) où elle écrit, compose et arrange avec élégance les neuf titres de ce nouvel opus.

De cette voix qui sait être douce sans être mièvre, de ce joli rythme qui balance et ponctue ses mots comme autant de confidences au creux de l’oreille, l’histoire amoureuse se déroule de chanson en chanson. La sidération d’une rencontre avec une Divine quand «  Je ne peux plus bouger / Bouger d’un cil / Bouger serait un crime » ; l’image est là sous nos yeux, on imagine l’amoureuse à la fois paralysée par le coup de foudre inattendu, et tendue vers ce « Divin hasard  » quand « Je ne veux, je ne veux / Me sortir de ses yeux »… Le rythme devient plus enlevé quand l’Amoureuse se déclare : « Je ne sais pas ce que tu / Ce que tu as de plus / Ce qui fait que toi tu / Que toi tu m’as émue ». Sans ostentation aucune, et c’est ce en quoi elle touche, Maud Lübeck se met à nu, chante sur le fil, joue avec les mots, les assemble, jongle avec les vers, comme le ferait une Jane Birkin à laquelle elle fait parfois penser. Un titre sur lequel on parierait volontiers, tant le rythme reste en tête, obsédant comme celui de Ne me dis pas, jeux d’M qu’on aime, qu’on ne peut s’empêcher de fredonner (Résisterez-vous ? C’est à écouter ci-dessous, en clip vidéo !).

Numérisation_20181127 (2)On parle d’elle en digne héritière de Françoise Hardy ; cela est bien mérité à l’écoute de ce dernier album, mais arrêtons les références, la voix de Maud Lübeck existe suffisamment par elle-même, entre (fausse) douceur et mélancolie de l’amour (impossible ?), entre peurs dévoilées avec mille pudeurs et déclaration quand L’autre part. Surprend Cardiophonie, instrumental au cœur de l’album, comme une suspension entre tant d’émotions, comme une invitation à s’écouter battre, comme un écho plus loin peut-être à Cœur qui lance un appel ultime « Prends soin de moi ou je meurs ».

Alors oui, Maud Lübeck explore les affres de l’amour, de la rencontre à l’absence « A toi qui ne veux pas / Que nous soyons amies / Qui de nous deux s’en fout / Qui de nous deux oublie », et quand on a dit ça, on n’a encore rien dit de la légèreté de ces mots, de la belle écriture des textes, de la subtilité du piano et des mélodies, de la beauté fragile de cette voix qui séduisit déjà Dominique A. lors de la sortie de son premier album La Fabrique en 2012. S’y devine le chagrin encore présent, la fêlure de la rupture, l’élan qui se retient, le tourment d’enfin se lancer dans l’aventure du Dernier amour quand l’aveu se dessine : « Je ne veux plus d’hiver / Sans ton regard / Plus de maison / Sans ton bazar ». Si on voulait y chercher une sérénité, ce serait peut-être dans ces quelques « e » qui se promènent entre deux lignes pour conjuguer les amours au féminin…

Nous allions lui souhaiter très égoïstement encore bien des tourments pour d’aussi belles chansons, mais voilà que même sa « bio » le dit : « Tant mieux si elle se consume » ! Alors nous nous contenterons de la paraphraser en lui disant tout simplement que, là où elle nous emmène, nous allons, et bien volontiers.

 

Maud Lübeck, Divine, Remark records/ Label Finalistes distribué par Kuroneko. Sortie janvier 2019. Le site de Maud Lübeck, c’est ici (boutique sur le site) ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Prochains concerts les 30 novembre et 14 décembre 2018 au Forum Léo Ferré à Ivry-sur-scène (94).

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Une réponse à Maud Lübeck, l’amour intranquiLLe

  1. MARTINEZ 19 mars 2019 à 10 h 52 min

    J’ adore Maud Lübeck; elle m’ enchante littéralement !

    Répondre

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