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Sylvie Vartan : captation d’héritage

Sylvie Vartan (capture d'écran)

Sylvie Vartan (capture d’écran)

« World Tour », 22 novembre 2018, salle Aristide-Briand à Saint-Chamond,

 

D’abord le fond de scène pour écran, et des images à profusion. De l’époque où le vieux monde (« Brel, Brassens, Piaf » dixit) s’effondra pour laisser place à une révolution. Le serment du Jeu de Paume est devenu celui du Golf Drouot. Les nouveaux héros, Johnny et Sylvie, Cloclo et Hardy, n’ont pas même vingt ans. S’affichent sur l’écran les images de ce rock juvénile, des unes de Salut les copains, les 45 tours de Sylvie, le fronton de la salle du 28 boulevard des Capucines avec son nom en grand (cet Olympia précisément où, le savez-vous, Colette Magny lui vola la vedette), Johnny, Johnny et encore Johnny, Denise Glaser même, mais ni Guy Lux ni les Carpentier. Ce soir, la « plus belle pour aller danser » se regarde dans le rétro.

Huit musiciens, deux choristes. Et elle, en veste pailletée, « tout comme au bon vieux temps du rock n’roll », au temps « où la musique nous rendait heureux et nous donnait envie de danser ». « Tous mes copains quand je les vois passer / Tous mes copains sont à moi / Tous mes copains je les ai embrassés / Tous mes copains m’aiment bien… »

Ci-devant donc, Sylvie Vartan, 74 ans, chanteuse au goût bulgare. Sa précédente tournée, il y a cinq ans, était, juré-craché, sa dernière. La revoici donc, dans cette mise en abyme.

L’écran se peuple encore d’autres images, avant de longtemps revenir sur Johnny. Des étoiles, la mer… Une médiocre iconographie qui nous rappelle le pire de nos fils facebook.

On se dit que Sylvie a dû apprendre de l’art du spectacle en Californie, où elle réside. Mais le show est tiède, malgré les instruments qui font ce qu’ils peuvent (diantre, où sont mes bouchons d’oreilles ?) pour masquer l’indigence. L’adhésion du public est mesurée, parcimonieuse. Rétrospective de sa carrière ? On se dit que vont pleuvoir les tubes. Même pas. Toute une carrière qui se résume à peu de titres : La plus belle pour aller danser, Comme un garçon, Bye bye Leroy Brown, Irrésistiblement, La Maritza, L’amour c’est comme une cigarette. Et « Qu’est-ce qui fait pleurer les blondes / Qu’est-ce qui fait tourner les blondes / Et refleurir les lilas ? … »

Ça ne décolle pas dans la salle. Tout juste La Maritza est précédée de quelques timides applaudissements. La chanteuse rame. Sa voix est forcée, abimée, sans nuances, assez désagréable. Delphine et Isabelle, les choristes, arrondissent les angles, font les finitions.

Et voici que, d’un coup, tout fonctionne enfin. Faut dire que Sylvie sort son joker, son roi de cœur, son Johnny. Sans allumer le feu elle se contente de souffler sur les braises. La musique appuie encore lourdement cette dramaturgie que renforce en fond de scène la projection d’un déluge de vidéos et de photos : Johnny, Sylvie, Johnny et Sylvie, David mais aussi Nathalie et Laura. Et personne d’autre : Closer avait raison, doit y avoir un froid où je ne m’y connais pas. Pot pourri : Retiens la nuit, Elle est terrible, Gabrielle, Noir c’est noir, Je veux te graver dans ma vie… Et au final Que je t’aime, « au-delà de nos différences », pour bien attester que c’est elle, Sylvie, qui l’aime, pas la prétendue titulaire. Devant nous il y captation d’héritage, affectif, artistique. Mais là encore, mal chanté, pas vraiment habité. Des spectateurs se lèvent et se massent devant la scène, mais ce n’est pas pour Sylvie : c’est à l’évidence pour Johnny. Sylvie poursuit sa vie par procuration.

 

NB. Saluons ici la saison culturelle de Saint-Chamond. Bien que le billet pour ce concert, à l’entrée, était déjà de 41 euros, c’était moins que deux fois moins que tous les autres concerts de la world tournée de Sylvie Vartan !

 

Le site de Sylvie Vartan, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

« Qu’est-ce qui fait pleurer les blondes ? » : Image de prévisualisation YouTube

« La Maritza » : Image de prévisualisation YouTube

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